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La christité
La christité
  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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1 avril 2014

"CREDO et joie" session animée par J-M Martin : présentation, introduction, tables des matières, fichiers téléchargeables

 "Le Credo c'est pas la joie" ? C'est pour répondre à cette question que Jean-Marie Martin a parlé du Credo et de la joie à Nevers. Après avoir parlé de la joie en saint Jean il est allé à la recherche du coeur du Credo puis a repris les mentions concernant chacun (Père, Fils et Esprit), nous faisant profter de sa longue fréquentation des textes dogmatiques, lui qui était professeur de dogmatique à l'Institut Catholique de Paris (voir Qui est Jean-Marie Martin ?)

Voici la totalité de la transcription en fichiers pdf, docx et epub (Version d'avril 2022) :

 Liens vers les six chapitres de la session et deux messages de base (tag CREDO) :

 

 

CREDO ET JOIE

 Session animée par Jean-Marie Martin  à Nevers

 

 I Présentation de la session et de la transcription

Par Christiane Marmèche et Colette Netzer

 

À la Pentecôte 2007 Jean-Marie Martin a animé une session qui avait pour titre Le Credo et la joie. L'essentiel de ce que vous allez lire vient de là. Toutefois, certaines parties comme celles qui font l'objet des chapitres 5 et 6 n'ayant pu être abordées en détail faute de temps ou d'enregistrement, nous avons trouvé à compléter ce qui manquait en empruntant des éléments à d'autres interventions de Jean-Marie Martin. On trouvera ainsi des extraits d'un week-end à Saint-Jacut sur le Credo en avril 2012 ainsi que d'une retraite à Saint-Jacut sur la joie, des extraits du groupe saint Paul et de l'année à Saint-Bernard sur la vie éternelle.

Nous rappelons que Jean-Marie Martin, théologien et philosophe, professeur honoraire à l’Institut Catholique de Paris, consacre sa retraite à l’étude et à la méditation des textes de saint Jean et de saint Paul, ainsi que des écrits des premiers siècles. Il en présente une lecture chaque année à Paris et au cours de sessions comme à Saint-Jean de Sixt, Saint-Jacut et Nevers.

Les participants de la session de l'année 2006 avaient demandé que J-M Martin traite du Credo et ils avaient exprimé cela en disant : « Le Credo c'est pas la joie ! » Ce titre exprimait la difficulté qu'ont beaucoup de chrétiens aujourd'hui à se situer par rapport au Credo.

Le thème de la joie a été abordé rapidement le premier matin de la session, et ensuite au cours des homélies lors des célébrations quotidiennes, mais nous n'avons pas les enregistrements de ces homélies. Il fait l'objet du premier chapitre puis se retrouve à la fin du chapitre 5.

Le chapitre 2 présente le Credo, ou plutôt les Credo dans leur apparition et leur développement. Les chapitres 3 à 5 examinent en profondeur les différents articles du Credo. Le chapitre 6 aborde la question du Credo pour nous aujourd'hui. L'ensemble nous achemine vers une compréhension renouvelée du Credo qui le remet à sa juste place dans nos célébrations eucharistiques.

Cette transcription comporte des notes dont l'origine est en général précisée. Dans le cas contraire, elles sont de la rédaction. Celles de Jean-Marie Martin proviennent soit de cette session, soit d'autres sessions ou retraites.

Nous avons également utilisé des abréviations pour distinguer les différents Credo : SA désigne le Symbole des apôtres et SNC le symbole de Nicée-Constantinople. Ces deux Credo sont cités au début du chapitre 2.

Nous avons rencontré comme toujours, une difficulté que nous n'avons pu résoudre de façon satisfaisante : dans quel cas faut-il mettre une majuscule à certains mots comme résurrection ou comme pneuma (il peut désigner l'Esprit Saint) ? Ce n'est pas toujours clair et il y a certainement des choix de notre part qui sont discutables. Pour le pluriel du mot Credo nous avons conservé l'ancienne orthographe (le Credo/les Credo). D'autres difficultés sont signalées en note au fur et à mesure qu'elles se présentent.

Cette transcription est aussi fidèle que possible. Néanmoins, le passage de l'oral à l'écrit entraîne d'inévitables modifications auxquelles il faut ajouter l'organisation d'interventions séparées dans le temps. Pour toutes ces raisons, il faut nous excuser des erreurs que nous avons pu commettre et dont J-M Martin n'est évidemment pas responsable.

Merci à Christiane-Michèle et à Pierre Jolly qui nous ont fourni les enregistrements.

Et un grand merci à Jean-Marie Martin grâce à qui le Credo peut reprendre sa place dans l'aujourd'hui de notre foi.

                                                                                         Christiane Marmèche et  Colette Netzer

 


                                                      II Introduction de Jean-Marie MARTIN

 

J'ai à choisir un mot pour vous saluer, vous souhaiter bonjour, vous souhaiter (donc d'une certaine façon ouvrir) un bel espace-temps pour notre présence commune. Le jour, ça a à voir avec le temps, ça a aussi à voir avec l'espace, la qualité d'espace, la lumière. « Bonjour » c'est une façon de vous saluer, et j'aurais pu dire « Shalom » vous souhaiter la paix, pas la paix des armes mais la paix des cœurs. Mais je vais vous saluer en grec : « Khaïré » c'est la façon dont l'ange Gabriel salue la vierge Marie. J'ai choisi ce mot parce qu'il signifie : « Réjouis-toi ».

Dire « Le Credo ou la joie ? » c'est une façon de ne pas être dans le déni [rires nombreux]. Seulement le mea culpa est quelque chose qui se fait non pas dans le dépit mais dans la joie. C'est la caractéristique de la reconnaissance du manque dans l'Évangile que d'être ni déni ni dépit.

À la question : « Le Credo ou la joie ? » Je vais répondre : « Le Credo et la joie ». Ça pourrait paraître un peu artificiel. On pourrait craindre que je ne rassemble ici de façon artificielle, pour contenter un peu tout le monde, les thèmes qui ont été diversement souhaités auparavant. En réalité c'est une question très importante à propos d'une parole – et le Credo est une parole – que de s'interroger pour l'entendre selon trois aspects. Je l'ai répété souvent, je ne l'invente pas par opportunité, pour l'occasion.

Pour entendre une parole il faut : entendre sa teneur, c'est-à-dire ce qu'elle dit ; entendre ses tenants, ses articulations ; et enfin entendre sa tonalité. Or la joie est essentiellement une tonalité de parole. Autrement dit ça ne fait pas concurrence avec la question de la teneur et du tenant. Donc : est-ce que l'Évangile (ou la profession de foi issue de l'Évangile) a une tonalité particulière, et est-ce que cette tonalité est la joie ? Voilà une question qui est essentielle.

Il n'est pas rare que des opportunités, des occasions, des choses qui ne sont pas de l'ordre de choses programmatiques, aient de l'importance. Nous avons toujours un programme de retraite, un programme de session, et en même temps nous célébrons la liturgie, et la liturgie, elle, n'est pas forcément selon le décours de ce que nous avons prévu comme programme. Autrement dit les homélies ne sont pas nécessairement dans la ligne des leçons qui se font dans les rencontres d'étude. Or nous avons toujours remarqué, de fait, qu'il y avait grand profit à tenir compte de l'opportunité liturgique pour l'étude elle-même, pour ce qui est prévu d'un point de vue programmatique. J'indiquerai que l'opportunité liturgique dans laquelle nous nous trouvons (la Pentecôte) nous invite à célébrer le Pneuma (l'Esprit) que Jean appelle "pneuma de la vérité" – la vérité du Credo sans doute – et dont Paul dit que le fruit est la joie : elle est comptée dans les fruits de l'Esprit (Ga 5, 22).

Je veux marquer par là que ce n'est pas simplement par envie de faire plaisir, par humeur, par rapprochement artificiel, que ces deux termes Credo et joie tiendront ensemble au cours de notre petite session. C'est d'autant plus opportun que, si je voulais maintenant employer une expression avec la tonalité vulgaire qui lui convient, je dirais (en référence aux difficultés que présente pour vous le Credo) : « Le Credo, c'est pas la joie » !

Je dis ceci pour que nous comprenions bien que là, ce ne sont pas des humeurs qui dirigent l'intelligence. Je serai très rigoureux et dans notre vie et dans notre lecture des textes pour ces choses. Nous ne parlons pas à tort et à travers, nous ne fantasmons pas, nous cherchons à entendre l'Évangile dans sa juste tonalité parce que la même expression change complètement de sens suivant la tonalité dans laquelle elle est dite et entendue.

Il y a un évangile apocryphe du début du IIe siècle, qui n'a pas d'autorité du point de vue canonique, mais qui est l'indice des méditations qui sont faites par les premiers chrétiens à partir de l'Évangile. Il commence ainsi : « L'Évangile de la vérité est joie pour ceux qui le trouvent ». C'est la première phrase, donc c'est un véritable sujet que ces deux thématiques apparentes mais qui constituent en réalité une bonne et véritable unité.

Pour que ça ne reste pas trop superficiel, je vais répartir inégalement du point de vue du temps les points abordés dans notre programme. Ce matin je vais parler de la joie et elle sera récurrente si possible au cours des homélies qui font un peu partie de notre parcours[1]. Le reste du temps, ce sera essentiellement le Credo qui retiendra notre étude. Et je suis assez content d'avoir de quoi parler ce matin avant d'entreprendre le Credo, parce qu'il est préférable de faire précéder son étude par un travail de groupe donnant lieu à une réflexion personnelle, travail qui aura lieu cet après-midi, comme c'est l'habitude.

Questions pour les groupes :

Icône du concile de Nicée, le Credo– Le Credo était la demande majeure du groupe de l'an dernier, pourquoi ? Qu'est-ce qui fait difficulté ? En quoi l'expression : « le Credo, c'est pas la joie » résume-t-elle la globalité de la demande ?

– C'est un Credo. Qu'est-ce qui fait la forme Credo ? Y a-t-il une différence entre un évangile et un Credo ? Et pourquoi ? Le Credo est-il une juxtaposition de propositions qui sont indissociables les unes des autres ? Est-ce qu'il y a une articulation ? Est-ce qu'il y a une cohérence ? Quelles sont les propositions que nous entendons comme irrecevables ou comme difficiles à entendre ? C'est tout à fait permis de le dire, d'ailleurs les apôtres le disent à Jésus : « Cette parole est dure (sklêros) » (Jn 6, 60).

Vous n'avez pas besoin d'un plan plus précis. Il s'agit d'énoncer les questions que posent le Credo, soit telle ou telle formulation du Credo en particulier, soit l'ensemble, soit l'articulation de l'ensemble, soit sa fonction (à quoi ça sert ?).

Vous commencerez par le Credo le plus simple, à savoir le Credo de la liturgie qui est appelé le Symbole des apôtres (« Je crois en Dieu…»). Nous aurons des incursions à faire dans l'autre Credo de la liturgie, celui de Nicée (« Je crois en un seul Dieu…»).

Mais ce matin je parle de la joie.

III Table des matières

 

Présentation de la transcription et de la session par C. Marmèche et C. Netzer.
Introduction de Jean-Marie Martin.
Chapitre 1. Le thème de la joie chez Jean.    
      1Jn 1, 1-4. Croire c'est recevoir. La joie en est le fruit.
     Jn 16, 20-22.
Chapitre 2 Les Credo et leur cœur.  
      Les deux Credo de la liturgie : Symbole des apôtres ; Credo de Nicée-Constantinople.
   I – Première approche de ce qu'est un Credo
       1) Fonctions du Credo, éléments importants.
              Fonction dogmatique. 
              Le cœur du Credo
             « Je crois » ; « Nous croyons ». 
             Credo tripartite
      2) Exemple de Credo des premiers siècles.
            a)  Trois Credo.
            b)  Profession de foi baptismale citée par Hippolyte de Rome.
      3)  1 Cor 15, 1-4 : le cœur originel du Credo.
             Parenthèse : Rm 10, 6-10 / Suite de 1 Cor 15
             Le Christ : regard vers le Père et regard vers les hommes (Jn 17).
             Les propositions du Credo
             Faut-il faire son propre Credo ?
            Dieu créateur ?
            Conclusion provisoire.
   II –  Approfondissement de thèmes.
       1) Retour sur Rm 10.
             Ce qui apparaît dans la résurrection dépasse le temps et l'espace.
       2) Le centre du Credo.
              « Mort pour nos péchés ».
              Entendre c'est entendre dans une mémoire.
Chapitre 3.   La structure trinitaire ; le Père 
   I – La structure trinitaire du Credo.
       1) La fonction liturgique du Credo par rapport au baptême.
       2) La Trinité en théologie.
       3) La Trinité chez Paul : l'énumération ternaire de Ep 4, 5-6.
II – Père, tout-puissant, créateur.
      1°) L'évolution historique du Symbole des apôtres.
      2°) Trois termes : Père, tout-puissant, créateur.
      3°) Dieu Père.
            Repenser la notion de Dieu à partir de la paternité.
            Les deux structures dans la Trinité, générationnelle et conjugale.
           La Trinité : ouverture du temps et ouverture de l'espace.
     4°) Dieu tout-puissant.
     5°) Dieu créateur.
          L'introduction de Dieu comme créateur dans le Credo.
          La création : perspective biblique et perspective théologique.
         Rm 1, 18-19. La création (ktisis) du cosmos.
         Col 1, 15-19 : Créateur du ciel et de la terre.
         Le ciel c'est le plus intime.
    Deux points avant de conclure.
         Le Credo de Nicée-Constantinople.                                                         
        Tout repenser à partir du verbe donner.
Chapitre 4 : La christologie.  
     Récapitulation des choses déjà vues.
   I – Christologie des titres.                                               
   II – Christologie des gestes.
        1°) Le développement introduit par le concile de Nicée.
        2°) Les références aux gestes évangéliques.
Chapitre 5 : L'Esprit Saint.  
        L'Esprit sacré, le Souffle sacré, l'Esprit Saint.
        L'Esprit Sacré et l'Ekklêsia.
        « Je crois en l'Esprit Saint »
   I – Ce que dit le Symbole de Nicée-Constantinople.
   II – Ce que dit le Symbole des apôtres.
        1) La sainte Église catholique.
       2) La communion des saints.
       3) La rémission des péchés.
       4) La résurrection de la chair.
III – Prolongements.
      1) Retour sur deux points.
             Résurrection et mise en cause du temps.                                                        
             Être pardonné c'est pouvoir dire "Père".
      2) Le don de l'Esprit Saint, paix et joie : Jn 20, 19-23.
             Les grandes lignes du texte.
            Jésus vient.
            Première salutation, les marques de la passion.
           Nouvelle salutation, paix, envoi, insufflation, pardon.
Chapitre 6 : Et nous aujourd'hui ?
    I – Un Credo pour nous aujourd'hui ?
            Exprimer à neuf ce que nous entendons de l'Évangile.
           Réciter le Credo aujourd'hui.
           Il y a deux choses à faire.
           L'Évangile lui-même accepte le malentendu.
   II –Entendre à neuf l'Évangile ?                                                                                         
          Penser l'Évangile à partir de ce qui n'a pas encore été entendu.
         Que faire de l'héritage des multiples lectures de l'Évangile ?
         Ce que disent les premiers chrétiens de la divinité du Christ.
         Comment lire l'Évangile avec d'autres ?
   III – La christité.
         Chrisma : étincelle de christité présente en tout homme.
         Nouveau regard sur la situation de l'Évangile dans le monde.
         Le Christ a quelque chose à voir avec tous les temps.
         Discerner ?
         Compter ?
         Récupérer ?
         L'Église n'a pas de consistance en elle-même.
         L'Évangile va devenir étranger.
         Comment tenter d'entendre ce qui n'a pas été encore entendu ?
         La figure du "service de garde" est-elle liée au droit romain ?

 



[1] Nous n'avons pas l'enregistrement des homélies.

 

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