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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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12 novembre 2015

Jn 12, 1- 19 : Odeur et mémoire. Perles glanées pendant le week-end animé par J-M Martin

Le thème Odeur et mémoire est abordé à travers deux textes qui se suivent au début du chapitre 12 : L’onction de Jésus par Marie de Béthanie où la notion d’odeur est pertinente (v. 1-11) ; L’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem (épisode des Rameaux) où on trouve l’expression johannique « ils se souvinrent » à propos des disciples (v. 12-19).

Le présent texte concerne le week-end qui a eu lieu à Versailles en 1996 sur le thème Odeur et mémoire, week-end animé par Jean-Marie Martin (cf Qui est Jean-Marie Martin ?). Un participant a pris des notes à la volée, en a extrait des perles, puis les a tapées en insérant des textes bibliques (traduction de la Bible de Jérusalem), ainsi qu'un passage de L'Évangile de la vérité (traduction du site naghammadi.org). Son travail figure dans le fichier qualifié d'initial. Il a conçu la mise en page pour faire un cahier. Pour cette version blog une structure a été ajoutée (I, II, III… 1°, 2°..) ainsi que des notes de renvoi (ou de bas de page) avec des commentaires ou des liens vers d'autres messages, et, pour le passage de l'Évangile de vérité, une autre traduction du texte.

Pour lire, télécharger ou imprimer :

 

 

Jn 12, 1- 19 : Odeur et mémoire

Week-end animé par Jean-Marie Martin

Versailles 1996

Perles glanées pendant le week-end[1]

Table des matières

Introduction
Jean 12, 1-19
I – Présentation du passage
II – Le vocabulaire de Jean
III – Le passage du sixième jour : l'épisode du parfum
IV – Questions/réponses
V – Le passage du septième jour : l'entrée à Jérusalem
Conclusions : la Parole

En introduction

 

La foi

Pour nous, la foi s’oppose à la raison, c’est la faute d'Aristote, qui sépare raison et sentiment, intelligible et sensible ;

Pour Jean, la foi est connaissance.

Dans l’Évangile, le cœur de l’homme se définit : « Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. » (1 Co 1, 25).

 

Entendre

Entendre, chez nous, c’est la résonance spontanée ou en rapport à des choses apprises.

 ENTENDRE,        c'est     ne pas laisser jouer l'imaginaire                           

                           c'est     demeurer dans le texte,
                                            ce qui est constamment y revenir

                           c'est     garder vivante la relation d'écoute
                                            et non “avoir entendu”

 

Jean 12, 1-19.

Marie verse le parfum sur les pieds de Jésus, vitrail des studios de Meyer, Munich 1899

1Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, que Jésus avait ressuscité d'entre les morts. 2On lui fit là un repas. Marthe servait. Lazare était l'un des convives.
3Alors Marie, prenant une livre d'un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s'emplit de la senteur du parfum.
4Mais Judas l'Iscariote, l'un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit « 5Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu 300 deniers qu'on aurait donnés à des pauvres ? »
6Mais il dit cela non par souci des pauvres, mais parce qu'il était voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait.
7Jésus dit alors : « Laisse-la, c'est pour le jour de ma sépulture qu'elle devait garder ce parfum. 8Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. »
9La grande foule des Juifs apprit qu'il était là et ils vinrent, pas seulement pour Jésus, mais aussi pour voir Lazare, qu'il avait ressuscité d'entre les morts.
10Les grands prêtres décidèrent de tuer aussi Lazare, 11parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s'en allaient et croyaient en Jésus.
12Le lendemain, la foule nombreuse venue pour la fête apprit que Jésus venait à Jérusalem. 13Ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre et ils criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur et le roi d'Israël ! »
14Jésus, trouvant un petit âne, s'assit dessus selon qu'il est écrit : « 15Sois sans crainte, fille de Sion : voici que ton roi vient, monté sur un petit d'ânesse.»
16Cela, ses disciples ne le comprirent pas tout d'abord ; mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que cela était écrit de lui et que c'était ce qu'on lui avait fait.
17La foule qui était avec lui, quand il avait appelé Lazare hors du tombeau et l'avait ressuscité d'entre les morts, rendait témoignage.18C'est aussi pourquoi la foule vint à sa rencontre : parce qu'ils avaient entendu dire qu'il avait fait ce signe.
19Alors les Pharisiens se dirent entre eux : « Vous voyez que vous ne gagnez rien, voilà le monde parti après lui ! »

I – Présentation de Jean 12, 1-19

 

Le texte contient deux passages :

●  Le premier passage, versets 1 à 11, est sous le chiffre 6.

  C’est le passage du parfum, il parle de mort et d’ensevelissement et ceci, depuis la fin du chapitre 11 où Caïphe prophétise : « 50 Vous ne songez même pas qu'il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière. »

● Le second passage, versets 12 à 19, « le lendemain », est sous le chiffre 7.
   C’est l’épisode des Rameaux, il parle de Résurrection : le roi oint, le roi-messie.

 

Ces deux passages sont donc ensemble,              Comme la symbolique ciel/terre
                                                                            Comme le masculin/féminin

 

La suite du chapitre parle de grain et de moisson : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jn 12, 24)[2].

II –  Le vocabulaire de Jean

 

1) Jean utilise le vocabulaire du corps :

Les postures :               se tenir debout
                                    être assis
                                    lever les yeux
                                    se pencher
                                    se tourner, s’orienter vers

Les allures :                  marcher
                                    aller, venir
                                    aller et venir
                                    courir
                                    monter
                                    descendre

    Ne pas glisser trop rapidement sur le vocabulaire.

-        Il y a cinq sens dont l’énumération n’est pas biblique mais grecque. On trouve les cinq chez Jean. Dans la première lettre de Jean, il y a entendre, voir et toucher.

-        Il n’est pas toujours facile de transmettre ce qui est ressenti, par exemple dans le goût mais, chez les anciens, on reconnaît le dur/mou, le doux/amer, le sucré/salé.

 

2) Entendre

L’oreille est-elle pour entendre le bruit, le timbre, le rythme ou la parole ?

Quels rapports entre la sensorialité acoustique et « l’entendement » de la parole ?

Platon distingue sémantique et acoustique ou bien intelligible et sensible. Les deux ensemble donnent la signification.

Notre tâche est d’accéder à une écoute antérieure à cette répartition, une écoute qui ne sépare pas intelligible et sensible, c’est-à-dire avant Aristote, c’est-à-dire à Empédocle !

Pour Empédocle, le plus fondamental des sens est le toucher, les autres ne sont qu’un raffinement du toucher : le corps est couvert de paumes.

Tout est affaire de toucher : tout se reçoit, tout se pâtit.

Comprendre est affaire de toucher, comme « toucher du doigt ».

Le mot DIRE a pour racine déiknumi qui est « montrer du doigt».

Le plus originel qui n’est pas le plus fondamental, c’est entendre.

Ce qui vient en premier, c'est entendre
C'est ce par quoi on vient à un monde qui soit un monde

 

3) Entendre – voir – toucher.

 

      Entendre donne de voir
        Voir a besoin d'un lieu à partir d'où voir, c'est-à-dire d'un lieu où je suis
        La Parole donne le point à partir d'où je vois, le point de vue.
        La Parole donne une perspective. Mais cela ne suffit pas.
        La Parole ouvre un champ, c'est-à-dire un horizon, une limite,
                              au-delà de laquelle on ne voit plus.
        On atteint la cible mais on ne la touche pas.
        C'est le rapport loin/près. L'éloignement est l'essence de la proximité.

 

-        Les autres sens auraient pour tâche de moduler la proximité.

       Le toucher indique la plus grande proximité
            et a à voir avec le dehors et le dedans qui n’est pas un emboîtement

Ce qui se donne à « pâtir » dans l’ingestion relève d’un mélange d’odeur et de saveur.

-        Il y a cinq sens
        Chez Jean, il y a les 5 pains, les 5 portiques
        Les 5 livres : la lecture juive de la Thora est dénoncée[3]

 

Dans la première épître de Jean :

« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie car la Vie s'est manifestée. Nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Tout ceci, nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète. » (1 Jn 1, 1-3)[4].

      Entendu, vu, touché, ces trois verbes disent la même chose, ils disent l’expérience de la Résurrection.

.    Entendre la Parole n’est pas de l’acoustique de notre sensorialité native, c’est entendre la parole issue du Pneuma.

.    Entendre la Parole ouvre le champ de la proximité : lorsque Jésus guérit l’aveugle, il le fait accéder à la foi.

        L’énumération a un sens :        entendre donne de voir
                                                     entendre est premier

Nous accédons à être au monde par la parole
L'insu donne un sens nouveau ce que nous croyions savoir

 

4) La Vérité

-        La Vérité n’est pas l’exactitude, elle n’est pas connue à la suite d’une expérimentation en laboratoire. L’exactitude est exaction. (JMM). La nature est sommée de dire ce qu’elle est.

-        Aléthéia, en grec, est :   Sortie du retrait
                                                    Se donner à voir
                                                    Donation de la chose
                                                    Dévoilement

-        Dans l’Évangile de la Vérité :

«  La connaissance du Père avec la révélation de son Fils, il leur donna les moyens de l’atteindre : lorsqu’ils le virent et l’entendirent, il leur permit d’y goûter, de le sentir et d’étreindre le Fils bien-aimé. Lorsqu’il parut, les instruisant sur le Père inappréhendable, qu’il leur eut insufflé le contenu de la pensée, accomplissant sa volonté, et que beaucoup furent illuminés, ils se retournèrent vers lui. » (Nag Hammadi p. 30 du manuscrit)[5]

 

6) À partir d’où parle le texte ?

Le texte parle à partir de la Résurrection :

                                C’est l’éveil d’une vie qui a traversé la nuit
                           Une Parole qui a traversé le mutisme
                           Le Pneuma qui a ressuscité Jésus d’entre les morts

Accéder à cette Parole, c’est naître

« Tout cela est écrit pour que vous entendiez et que, de là, vous viviez.

« Toutes ces choses ont été écrites pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu et que, en croyant (du fait d'entendre), vous ayez vie dans son Nom. » (Jean 20, 30).

 

En conclusion

Pour les Anciens, le corps est poreux, il est traversé et nourri par l’air.
Un peu d’air attise la flamme, trop d’air la tue
De même, le corps ne doit pas recevoir trop d’air

 

      C'est une parole transmise et qui reste
        Elle donne sens à ce qui est dit en termes de sensorialité (et non de ressenti).
        La sensorialité est déployée en parole qui a une odeur, un goût.
        La sensorialité est tenue dans la Parole et non dans notre imaginaire.
        Cette sensorialité s'inscrit dans la foi et la déploie
        Cette sensorialité s'inscrit dans l'entendre

 

III – Le passage du sixième jour

Jn 12, 1 – 11 : L'épisode du parfum

 

Le texte fait mémoire d’un texte récité par Matthieu ou par sa source.

 

1) Plusieurs textes parlent de « Marie » ou de la pécheresse.

Au temps de Jésus, toutes les femmes s’appellent Marie. Voir l’Évangile de Philippe : Marie, sa mère, Marie, sa sœur et Marie, son épouse[6].

 

Marie verse le parfum sur la tête de Jésus

« Comme Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux, une femme s'approcha de lui, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum très précieux, et elle le versa sur sa tête, tandis qu'il était à table. A cette vue les disciples furent indignés : « À quoi bon ce gaspillage ? Dirent-ils, cela pouvait être vendu bien cher et donné à des pauvres. » Jésus s'en aperçut et leur dit : « Pourquoi tracassez-vous cette femme ? C'est vraiment une bonne œuvre qu'elle a accomplie pour moi. Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours.Si elle a répandu ce parfum sur mon corps, c'est pour m'ensevelir qu'elle l'a fait. En vérité je vous le dis, partout où sera proclamé cet Évangile, dans le monde entier, on redira aussi, à sa mémoire, ce qu'elle vient de faire.»» (Mt 26, 6-13).

« Un Pharisien l'invita à manger avec lui, il entra dans la maison du Pharisien et se mit à table. Et voici une femme, qui dans la ville était une pécheresse. Ayant appris qu'il était à table dans la maison du Pharisien, elle avait apporté un vase de parfum. Et se plaçant par derrière, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à lui arroser les pieds de ses larmes et elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers, les oignait de parfum. A cette vue, le Pharisien qui l'avait convié se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche et ce qu'elle est : une pécheresse ! » Mais, prenant la parole, Jésus lui dit : « Simon, j'ai quelque chose à te dire. » « Parle, maître » répond-il. «Un créancier avait deux débiteurs, l'un devait 500 deniers, l'autre 50. Comme ils n'avaient pas de quoi rembourser, il fit grâce à tous deux. Lequel des deux l'en aimera le plus ? » Simon répondit : « Celui-là, je pense, auquel il a fait grâce de plus. » Il lui dit : « Tu as bien jugé.» Et, se tournant vers la femme : « Tu vois cette femme ? Dit-il à Simon. Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as pas versé d'eau sur les pieds ; elle, au contraire, m'a arrosé les pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m'as pas donné de baiser, elle, au contraire, depuis que je suis entré, n'a cessé de me couvrir les pieds de baisers. Tu n'as pas répandu d'huile sur ma tête, elle, au contraire, a répandu du parfum sur mes pieds. A cause de cela, je te le dis, ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce qu'elle a montré beaucoup d'amour. Mais celui à qui on remet peu montre peu d'amour. » Puis il dit à la femme : « Tes péchés sont remis. » Et ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est-il celui-là qui va jusqu'à remettre les péchés ? » Mais il dit à la femme : « Ta foi t'a sauvée, va en paix.»» (Luc 7, 36-50)

Marthe et Marie avec Jésus« Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Celle-ci avait une sœur appelée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m'aider.» Mais le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses, pourtant il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée.» » (Luc 10, 38-42).

 

Ces textes sont discordants :

-        Sur le lieu : chez Lazare ? chez Simon le lépreux ?

-        Sur l’onction :            La pécheresse des synoptiques oint la tête
                                    Marie sœur de Marthe, à Béthanie, oint les pieds ?

-        Sur les thèmes abordés :              Mention de la mémoire
                                                      Mention de l’argent et des pauvres

-        Sur la posture de Marie : assise aux pieds de Jésus est caractéristique de Marie de Béthanie.

-        Marthe est debout et affairée

Il ne s’agit pas de les opposer mais ce sont des possibles de tout humain.
Chaque personnage de Jean n’est pas un individu mais une figure[7].

Les détails n’ont pas tant d’importance.

L’important est comment est écrit un Évangile ? « Cela, ses disciples ne le comprirent pas tout d'abord ; mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que cela était écrit de lui et que c'était ce qu'on lui avait fait. » (Jn 12, 16).

Entendre la présence de l'absent, c'est l'attestation de la résurrection.
Il est absent du point de vue de notre sensorialité native.
Ce n'est pas, non plus, une présence imaginaire

2) Le texte de Jean 12, 1-11

Marie essuie les pieds de Jésus, Lazare est là« 1 Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, que Jésus avait ressuscité d'entre les morts. 2On lui fit là un repas. Marthe servait. Lazare était l'un des convives. 3Alors Marie, prenant une livre d'un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s'emplit de la senteur du parfum.

4Mais Judas l'Iscariote, l'un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit « 5Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu 300 deniers qu'on aurait donnés à des pauvres ? » 6 Mais il dit cela non par souci des pauvres, mais parce qu'il était voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait. 7Jésus dit alors : « Laisse-la, c'est pour le jour de ma sépulture qu'elle devait garder ce parfum. 8Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. »

9La grande foule des Juifs apprit qu'il était là et ils vinrent, pas seulement pour Jésus, mais aussi pour voir Lazare, qu'il avait ressuscité d'entre les morts. 10Les grands prêtres décidèrent de tuer aussi Lazare, 11parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s'en allaient et croyaient en Jésus. » [8]

            Jean précise les circonstances, le lieu : chez Marie de Béthanie

-        La gestuelle tient en un verset, elle est en rapport avec la posture de Jésus au lavement de pieds

-        Ensuite, il y a le dialogue Jésus Judas :
         Le thème de l’argent
         Et de Judas qui est voleur

-        Enfin, vient l’interprétation du geste de Marie : l’ensevelissement

 

●   Verset 1.

« 1 Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, que Jésus avait ressuscité d'entre les morts

-        « Six jours avant la Pâque » la symbolique du 6 fait référence aux sept jours des chapitres 1 et 2 de l’évangile de Jean, où le septième jour est Cana[9].
      Ici, il n’y a pas mention du septième jour mais seulement une fois : « le lendemain » au verset 12, juste avant l’épisode des Rameaux.

   La mention du chiffre 6 indique l’inaccompli, comme dans la Samaritaine où il est la sixième heure, c’est-à-dire le moment du cheminement avec Jésus.
      Le 6, c’est aussi l’indication de la Passion qui se trouve dans « Donne-moi à boire.» (Jn 4, 7) alors que la septième heure est le temps de la moisson.
-        L’explication est donnée par Jésus lui-même. « Les disciples le priaient, en disant : “Rabbi, mange”. Mais il leur dit : “J'ai à manger un aliment que vous ne connaissez pas.” Les disciples se disaient entre eux : “Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ?” Jésus leur dit :Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son oeuvre à bonne fin.” » (Jean 4, 31-34)[10].

      Accomplir l’œuvre, c’est la mort du Christ.

      Le 7 accomplit la semence, c’est la qualité de Résurrection de la mort christique.

 

●   Verset 2.

« 2 On lui fit là un repas. Marthe servait. Lazare était l'un des convives. »

-        C’est un repas, une invitation, comme au chapitre 13 
-        La posture est proche de celle du repas du chapitre 13 : « Jésus se lève de table, dépose ses vêtements, et prenant un linge, il s'en ceignit. » (Jn 13, 4). Jésus pose son manteau, c’est-à-dire son identité et prend la tenue de serviteur, puis, il reprend son manteau[11].
-        L’Eucharistie est gestuée dans le service jusqu’à l’extrême qui est le pied, l’extrémité ou l’eschaton. Et d’ailleurs, les extrêmes se rejoignent : « 9pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête. »

Les douze apôtres, la symbolique du 12 correspond à la diffusion dans la totalité, au moment de l’accomplissement, comme les douze corbeilles

 

●   Verset 3.

« 3 Alors Marie, prenant une livre d'un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux et la maison fut emplie de l’odeur du parfum. »

-        La posture de Marie par rapport à Jésus est la même que celle de Jésus par rapport aux apôtres, au chapitre 13, en particulier, « il essuie ».

-        La plénitude de sens se tient dans la gestuelle et le dialogue en éclaire un aspect. Mais, comme dans le lavement de pieds, il ne suffit pas à lire pleinement le geste.

-        « La maison fut emplie de l’odeur du parfum. »
       La maison a l’ampleur du Royaume, de l’humanité appelée.
       C’est la phrase la plus johannique, celle qui dit la Résurrection

-        Emplir est le verbe du Pneuma, de même que verser, répandre, diffuser
      Le Pneuma est indiqué en langage du fluide[12]

Ce qui emplit, c'est le Pneuma ou la gloire de Dieu

 « Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire. » (Jn 1, 14)[13].

-        Le Royaume, c’est la diffusion du Pneuma de la Vérité :
            celui qui enseigne,
            celui qui transforme,
            celui qui est présence de l’absent
            Celui qui accomplit

-        C’est ce par quoi la Résurrection nous atteint :
        A la croix, il remet le souffle, c’est la mort donnée, la mort pour la vie
        Du corps percé par la lance, coulent sang et eau, c’est la diffusion de l’Esprit.

    Celui qui a vu témoigne : « Celui qui a vu rend témoignage, son témoignage est véritable. » (Jn 19, 35).

    « Il y en a ainsi trois à témoigner :l'Esprit, l'eau, le sang. » (1 Jn 5, 7-8)[14].

    Jésus accomplit cela « sachant que le Père lui a tout remis entre les mains. » (Jn 13, 3).

-        L’odeur correspond à l’ensevelissement[15]

   L’odeur de « l’oint » est le dévoilement de l’odeur de consécration qui est en Jésus, il s’oppose à l’odeur de corruption de Lazare : « Seigneur, il sent déjà, il est de quatre jours. » (Jn 11, 39)[16].

-        Chez les Anciens, l’odeur est la révélation de l’essence, du plus intime.

 

●   Versets 4-6. L’intervention de Judas

« 4 Mais Judas l'Iscariote, l'un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit « 5 Pourquoi ce parfum n'a-t-il pas été vendu 300 deniers qu'on aurait donnés à des pauvres ? » 6 Mais il dit cela non par souci des pauvres, mais parce qu'il était voleur et que, tenant la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait. »

-        C’est un discours dépréciatif, ensuite interprété.
       La parole qui dévalue, c’est Judas qui en est chargé, c’est la figure de Caïn.
       La mort de Jésus est, en effet, le mort du frère, du proche, comme Abel.
      Judas joue la fonction du proche, comme dans la fratrie ratée de Caïn et Abel[17].

Le transpassement de cette mort qui est un fratricide, c’est l’Agapê

-        L’argent :
         La critique de l’argent n‘est pas un discours sur l’économie

c’est dire que la foi n’est pas de l’ordre du mérite

-        L’argent du voleur et l’argent du mercenaire sont dénoncés en Jean 10.
        Dans les synoptiques, même l’argent sale peut servir : « Eh bien ! moi je vous dis : faites-vous des amis avec le malhonnête argent. » (Luc 16, 9).

-        La donation de la vie est hors de la problématique du droit et du devoir.

La donation de la vie n’a pas de prix, pas d’équivalent

      Or, Judas est la figure de celui qui vend la vie.

L’ultime relation de l’homme à Dieu et de l’homme à l’homme
n’est pas dans le droit et le devoir.
Il y a dette dont on ne s’acquitte pas, elle est levée

 

●   Versets 7-8. Le discours de Jésus

« 7Jésus dit alors : “Laisse-la, c'est pour le jour de ma sépulture qu'elle devait garder ce parfum. 8Les pauvres, en effet, vous les aurez toujours avec vous mais moi, vous ne m'aurez pas toujours.” »

-        Personne ne demande à Marie ce qu’elle a fait mais Judas est pressé de critiquer. C’est une discussion entre un accusateur et un défenseur.

-        Jésus est au cœur de l’homme et sait de qui s’y passe : « parce qu'il les connaissait tous et qu'il n'avait pas besoin d'un témoignage sur l'homme : car lui-même connaissait ce qu'il y avait dans l'homme. » (Jn 2, 25-26)[18].

     Jésus est toujours déjà là. C’est une présence qui devance et qui ne prend pas notre place pour épier et surveiller.

     Notre idée du regard de Dieu suscite en nous honte et fuite.

L’Évangile nous enseigne que Dieu nous appelle : « Tu es mon fils que j’aime »

-        Jésus interprète le geste de Marie en positif[19].

      En effet, nous sommes bien au sixième jour.

   Dès la fin du chapitre précédent, ils font et « ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34) : « qu'un seul homme meure pour tout le peuple et que le peuple ne soit pas détruit. » (Jn 11, 50). Et Jean interprète : « Or cela, il ne le dit pas de lui-même mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation. Et non pas pour la nation seulement mais encore afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés. » (Jn 11, 51-52).
    Pour Jean, ce n’est pas un calcul politique, c’est l’annonce du salut de l’humanité[20].

  

     Pour Jean, la parole prophétique ne peut être réduite au silence ;
      La parole « Tu es mon Fils » est modulée en deux mots      le Monogène
                                                                                          les Dispersés
     Le pluriel, qui indique la dispersion, devient un pluriel de rassemblement :
           – Tu es le Fils unifiant, c'est le pardon
                  Le témoignage du Baptiste dit la même chose : Voici l'agneau
           – Tu es mon fils, adressé à l'humanité, c'est réconciliés dans le Fils[21]      

   Jésus accomplit l'unité de l'humanité : il s'est donné d'être un en plus, puis s'efface – Il est bon pour que vous je m'en aille –, pour être la totalité unifiante de l'humanité.

 

Car la Parole n’est pas adressée à chacun séparé mais à tous réconciliés en Celui qui a la totalité de la Promesse.

Comment Jésus fait-il notre Salut ? La question est nulle. JMM

Jésus interprète le geste de Marie :

-        Ce geste correspond à l’ensevelissement, l’embaumement.
-        Ce qui était en insu dans ce geste, c’est l’absentement qui se dit « 8mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. »

 

IV – Questions/réponses

1) Jésus annonce son départ

-        « Que votre cœur ne se trouble pas. » (Jn 14, 1).
        Les chapitres 14, 15 et 16 sont l’annonce du mystère de la mort et la gestion de l’absence[22].

-        Le Christ est mort pour la VIE
        « Il est venu dans le monde » (Jn 1, 10) veut dire : “il est venu à la mort”.

-        “Je pars sur le mode de ma présence connue”, ce qui signifie « Je viens ».

Aller au Père, c’est venir comme Fils

-         « Car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous. » (Jn 16,7).
        Le Paraclet, c’est moi, dans ma dimension de Résurrection.

-        « Encore un peu, et vous ne me constaterez plus, et puis un peu encore, et vous me verrez. » (Jn 16, 13)[23].

       VOIR, le grand voir, c’est voir Jésus dans sa dimension de Résurrection.

 

2) VOIR Jésus

-        Marie Madeleine cherche et pleure. Elle cherche un cadavre, elle voit un homme et se méprend : « Ayant dit cela, elle se retourna, et elle voit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c'était Jésus.Jésus lui dit : “Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?” Le prenant pour le jardinier, elle lui dit : "Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je l'enlèverai”. Jésus lui dit : “Marie !” Se retournant, elle lui dit en hébreu : “Rabbouni.” » (Jn 20, 14-16)[24].

      Ce qui fait passer au VOIR, est un retournement à l’appel de son nom.

      Elle dit : « Maître », ce qui la constitue comme disciple.

-        La Samaritaine n’est pas identifiée, ni par son nom, ni par celui de son mari. La question de Jésus n’est pas culpabilisante mais elle a la tonalité de libération, ce qui touche le plus profond de son être.

-        Le VOIR plein, c’est entendre une Parole nouvelle.

-        L’Évangile n’est pas un témoignage de ce qui a été vu mais de ce qui a été manqué par les disciples. Le récit dénonce ce qu’ils ne comprirent pas, d’abord, puis recueille la nouveauté de la Résurrection.

-        La suite du chapitre 12 : « Seigneur, nous voulons voir Jésus.” Philippe vient le dire à André, André et Philippe viennent le dire à Jésus.Jésus leur répond : “Voici venue l'heure où doit être glorifié le Fils de l'homme.En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.” » (Jn 12, 22-24)[25].

       La réponse de Jésus, ce qu’il y a à voir, c’est Mort/Résurrection.

       C’est la mortification de notre désir de voir.

 

3) Entendre

Entendre en plénitude, c’est demeurer dans la Parole

-         « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes discipleset vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera. » (Jn 8, 31-32).

        Le libre, c’est le Fils, il demeure dans la maison, pour toujours.

-        Le travail d’approche conduit à entendre
        Le moment du malentendu, puis de l’approximatif, doit être respecté et non déprécié. Il donne lieu à un tressage de sens, à des corrections.

 

4) Le vouloir, la volonté

Le vouloir, la volonté est la semence de Dieu.

-        Le vouloir, la volonté est la semence de Dieu
       Mais nous ne le savons pas
       L’altérité n’est pas un conflit de volontés, c’est tout le contraire : plus c’est de Dieu, plus c’est de l’homme. Plus c’est de Lui, plus c’est de moi[26].

-        Dieu donne, en outre, la croissance :

Dieu donne, en outre, le vouloir et le faire

 « Aussi bien, Dieu est là qui opère en vous à la fois le vouloir et l'opération même, au profit de ses bienveillants desseins. » (Philippiens 2, 13).

 

5) Le rapport aux femmes

-        Le rapport aux femmes est la symbolique nuptiale et touche à toute l’humanité : « Jésus lui dit : “Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.” » (Jn 20, 17).

Si elle ne touche pas toute l’humanité, la Résurrection n’est pas accomplie

 

V – Le passage du septième jour

Jn 12, 12 - 19 : L'entrée à Jérusalem

 

Jésus monté sur un âne acclamé avec des rameaux, hosannah

●   Versets 12 à 15

« 12 Le lendemain, la foule nombreuse venue pour la fête apprit que Jésus venait à Jérusalem. 13 Ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre et ils criaient : “Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur et le roi d'Israël !” 14 Jésus, trouvant un petit âne, s'assit dessus selon qu'il est écrit : “15 Sois sans crainte, fille de Sion : voici que ton roi vient, monté sur un petit d'ânesse.” »

Le récit est minime, il s’agit d’une gestuelle de la foule et de deux citations de psaume. Le verset 13 commémore l’entrée du roi messie dans la ville et la glorification par le peuple : on prenait des branches au Mont des Oliviers, on sortait au-devant du roi en criant « Hosannah.»

Jean en fait une double lecture : ce qui se passe et ce qu’il lit dans l’épisode.

            C’est la célébration de la Résurrection dans l’Église
            C’est la « lecture grande » des anecdotes.

 

Venir

-        Venir est le maître mot chez Jean : je viens, c’est                   « Je viens vers le Père »
                                                                                                   « Je viens vers vous »

-        « Il est venu » articule le Prologue de Jean[27] :

        « 10 Il est venu dans le monde, » c’est à dire à la mort ;
        « 11 Il est venu… et… les siens ne l'ont pas accueilli » c’est à dire à la méprise ;
        « 12 Mais à tous ceux qui l'ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu… 14 et nous avons contemplé sa gloire » c’est le recueil de la Résurrection, donc la foi.

      Les verbes de la sensorialité disent le recueil de la foi.
       Le premier, c’est              Entendre
                                             Entendre, c’est croire
                                             Et croire, c’est naître

       "Venir à" donne de naître et de devenir enfant de Dieu

Être

-        Jésus dit aussi « JE SUIS »
     Chaque « JE SUIS » (la lumière, le pain, la porte) dit un aspect de Jésus ressuscité[28].

Être signifie présence.
“Je suis” signifie “je viens” et donc présence.

-        Dans le Je viens, se découvre le “déjà là”, c’est-à-dire ce qui était.

 

La question OÙ ?[29]

-        La question structurante de Jean n’est pas “qu’est-ce que ?” mais “OÙ ?”
         La question de l'Occident est: "qu'est-ce que c'est ?", ce qui appelle une définition
         La question de Jean est: “où ?”, c'est à dire “d'où ça vient et vers où ça va ?”

         “Où ?” dit l’essence, la provenance et donc l’identité.
        D’où viens-tu ? De qui es-tu fils ?

-        Dans l’évangile de Jean, Jésus pose trois fois la question « Qui cherchez-vous ? » : lors de l’appel des disciples, au Mont des Oliviers et à Marie-Madeleine.
          La réponse appropriée est la question du désorienté, la question “où ?”: « Où demeures-tu ? » (Jn 1, 38). « Où l’as-tu posé ? » (Jn 20, 15).
         La réponse des Judéens venus l’arrêter n’est pas la bonne réponse, et « ils reculèrent et tombèrent à terre» (Jn 18, 6) lorsque Jésus dit « C’est moi », c’est-à-dire JE SUIS.

L’accueil

-        L’accueil est gestué dans les mots : « Béni soit celui qui vient »
       C’est la même chose                 Ça vient en moi
                                                      J’accueille
       C’est un mode de recevoir

-        C’est l’opposé de la posture d’Adam, de Genèse chapitre 3, qui veut prendre.

      C’est l’entrée du péché dans le monde : « Ils n’eucharistièrent pas » (Rm 1, 21)[30].

-        Jésus, lui, ne se trompe pas : « Lui, de condition divine, n’a pas jugé prenable le rang qui l'égalait à Dieu. 7Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix ! 9Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom. » (Philippiens 2, 6-9)[31].

L’essence de la venue, c’est donation/accueil
Non-prise, laisser venir
Il n’y a pas de compétition entre ce qui vient et ce qui se reçoit

Le Nom[32]

-        Le nom désigne le plus propre d’un individu mais il ne dit pas grand chose de la personne.
       Le nom le plus propre ne peut être que donné

       Dieu n’a pas de nom, personne ne peut lui en donner
         Mais Jésus est le nom du Père
         Si Dieu donne son nom, cela signifie qu’on peut l’appeler
         Jésus se donne à voir et à entendre, il est le visible de Dieu

-        « Au nom de », c’est dans "l’identité de" et non "à la place de"
       C’est la présence accessible

Les titres de Jésus

-        Le roi est oint, comme le Christos

       Jésus a tous ces titres : Roi, Seigneur, Oint c’est à dire Christos, Messie, Fils de Dieu.
       Tous ces titres sont dévoilés à la Résurrection qui révèle Jésus dans son identité véritable

-        “Monté sur un petit d’ânesse” signifie la venue messianique
         alors que le cavalier, le cheval, signifie la puissance adverse.

Les 12 apôtres

●   Verset 16. La glorification

      La glorification, c’est la Résurrection, l’effusion du Pneuma 

« 16 Cela, ses disciples ne le comprirent pas tout d'abord. Mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que cela était écrit de lui et que c'était ce qu'on lui avait fait. »

-        Les disciples ne comprirent pas, d’abord, mais quand Jésus eut été glorifié

      Jean explique qu’il n’y avait pas encore de Pneuma : « Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria : “Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive,celui qui croit en moi !” selon le mot de l'Écriture : “De son sein couleront des fleuves d'eau vive”.Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui ; car il n'y avait pas encore d'Esprit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié. » (Jn 7, 37-39).

La glorification, c’est la Résurrection, l’effusion du Pneuma : « Le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14,26).

-        C’est à partir de là que sont écrits les évangiles.

      Le but n’est pas de raconter une anecdote mais de remémorer des choses vécues et surtout des choses ratées et d’annoncer la nouveauté de l’expérience de Résurrection.

      La Parole n’est pas la répétition de ce que Jésus a dit, puisqu’à ce moment, les disciples ne comprenaient rien.

      La Parole est celle que l’évangéliste a écrite à la lumière de la Résurrection, quand il comprend, enfin !

L’Évangile n’est pas un livre d’histoire, il est remis à l’humanité

-        A la Résurrection, deux choses se dévoilent :
                     La phrase de l’Écriture
                     La gestuation des versets 12 et 13.
     En effet, au cours de l’entrée à Jérusalem, Jésus est respectueux de la méprise et du temps de la méprise.

Entendre

-        Le lieu de la méprise est le lieu où se poursuit le dialogue.

       C’est le processus que suit la Samaritaine qui reconnaît d’abord un Judéen puis un prophète, jusqu’au Messie.

Ce qui est premier est malentendu
Entendre est gestion du malentendu

-        Le lieu de la méprise est aussi le lieu de la mémoire : « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai. Les Juifs lui dirent alors : Il a fallu 46 ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèveras ? Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela, et ils crurent à l'Écriture et à la parole qu'il avait dite.» (Jn 2, 19-22)[33].

Se souvenir n’est pas garder le passé
mais la mémoire du présent
et de ce qui vient

 

 

Conclusions

 

       La Parole nous ressuscite et nous donne d'entendre
            Elle a le trait d'une absence
            Disparaît le corps et s'ouvre      une présence dans la Parole
                                                          un « corps » dans la Parole
                                                          un corps verbal constituant la Parole

 

 

      La Parole est annonciatrice et monstratrice

      La Parole est sacramentelle
            Elle est présentifiante : Ceci est mon corps, ceci est mon sang
            La présence dans la Parole qui dit
            C'est ce qui s'approche et qui se donne

 

Ce n’est pas une présence imaginaire
Ce n’est pas une intériorité imaginaire

 

        Le témoignage est le refus que ce soit un signe vide, un rappel du passé.

      C'est l'affirmation de la Résurrection
                             comme présence présente
                             et non comme le souvenir de Jésus de jadis

 



[1] Les notes ont été ajoutées.

[3] Dans Symbolique des chiffres en Jn 6, 1-13 et autres textes. Accomplir et abolir., voir au 3) le § "Symbolique du 5 chez saint Jean".

[5] Quand il cite un passage de l'Évangile de vérité, en général J-M Martin se réfère au livre de Jacques Ménard auquel il a participé (éd Letouzet et Ané 1962), qui contient une rétroversion du copte vers le grec avec une traduction en français. Voici la traduction de ce passage : « Il leur permit de connaître la Gnose du Père – la gnose (la véritable connaissance) c'est savoir que ça ne se sait pas –et la manifestation du Fils. Car lorsqu'ils l'eurent vu et entendu, il les fit goûter à lui, le sentir et toucher le Fils, le bien-aimé – on trouve ici les verbes du début de la première lettre de saint Jean : entendre, voir, toucher le Logos de la vie. – Il leur apparut, leur révélant le Père, l'incompréhensible (l’insu). Il insuffla en eux ce qui est dans la Pensée, accomplissant sa Volonté. Plusieurs reçurent la lumière, se tournèrent vers lui. » (f. XVI p. 30, 26-36 ; J. Ménard p. 59-60)

[6] « [Il y en avait] trois [qui] marchaient toujours avec le Seigneur : Marie, sa mère, et sa sœur et Madeleine qui est appelée sa compagne. Car Marie est sa sœur, sa mère et sa compagne  » (Sentence 32, traduction de J-E. Ménard, éd Letouzet et Ané 1967). Comme l'a dit J-M Martin dans une autre session : « Dans l'évangile de Jean cela correspond à : Marie sa mère à Cana et à la croix ; Marie sa sœur qui est Marie de Béthanie car elle est la sœur de Marthe et de Lazare, Lazare « que Jésus aimait » ; et enfin Marie de Magdala qui, chez Jean, est essentiellement au tombeau et qui est son épouse. Et ce n'est pas du tout honteux de dire que Marie de Magdala est épouse du Christ. En effet on parle impunément du Christ prêtre, or le Christ n'était pas "un" prêtre. Le Christ est l'époux et non un époux, mais la symbolique du Christ se joue à travers sa relation avec Marie de Magdala. »

[7] D'autres messages parlent de "figures" (Pierre, Jean, Judas, figures féminines, Marie) dans le tag figures

[8] Certains commentaires figurent de façon détaillée dans Jn 12, 1-7 : le parfum répandu par Marie-Madeleine. Odeur et mémoire du futur.

[9] Cf. dans Symbolique des chiffres en Jn 6, 1-13 et autres textes. Accomplir et abolir. le 5), premier paragraphe : "Le signe de Cana se passe au 7ème jour à partir de 6 jarres".

[15] L’ensevelissement implique que le corps soit d'une certaine façon protégé par un embaumement tel qu'il se pratique à l'époque. Avant d'être mis dans le linceul, le corps était oint d'aromates. Le but immédiat était de prévenir la mauvaise odeur du cadavre. Dans l'évangile de Jean, Nicodème apporte "un mélange de myrrhe et d'aloès, d'environ cent livres" que Joseph d'Arimathie et lui mettent sur le corps avec les bandelettes (Jn 19,39-40).

[19] « Le fait qu'elle ait gardé, c'est l’interprétation même du Christ, il lisait ce que Marie ne savait pas. On peut tout à fait penser qu'elle n'a pas fait son geste dans ce but. (…) La parole de Jésus au sujet du geste de Marie est donation de sens, mais de sens insu. (…) Être instrument de ce qu’on ne sait pas, c’est cela qui est beau. C'est ce qui fait que c'est le Christ lui-même qui  œuvre dans l’humanité. Ainsi, quand nous lisons ensemble l’Évangile ici, nous ne savons pas ce que nous faisons. Dans les choses que je dis je ne sais pas celle qui sera une semence. » (J-M Martin dans Jn 12, 1-7 : le parfum répandu par Marie-Madeleine. Odeur et mémoire du futur). On trouvera aussi dans ce message des réflexions sur le verbe garder : c'est en le répandant qu'elle l'a gardé !

[21] La parole de Dieu au Baptême : « Tu es mon fils » ainsi que le rapport du Monogène (Fils un) et des enfants sont médités dans la session sur le Prologue de l'évangile de Jean, au II de  Prologue de Jean. Chapitre III : Le verset 14, lieu central du texte. « Deux traits d'Isaac, à savoir qu'il est le fils bien-aimé et le fils un (le monogénês) qui tient la totalité de la descendance, ont été retenus pour caractériser la signification du mot de Fils dans le Prologue. » Et Isaac est celui qui a en lui la totalité de la promesse.

[26] Voir par exemple le commentaire de « Que ta volonté soit faite » dans Le Notre Père en Mt 6, 9-13, lecture à la lumière de saint Jean et saint Paul.

[32] Sur le Nom voir par exemple les rencontres 12 à 15 sur le thème de la prière en saint Jean dans le tag LA PRIÈRE,

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