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La christité
La christité
  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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13 avril 2019

Jn 12, 44-50 : "Je ne suis pas venu juger le monde mais le sauver"

Dans ce texte, de nombreux thèmes sont abordés, (le rapport Père-Fils, le jugement..). En particulier c'est un texte-clé à propos du jugement.

Jean-Marie Martin spécialiste de saint Jean, a animé en 2010 une session à l'espace Bernadette de Nevers sur le thème "Juger et sauver" où il a lu d'abord plusieurs textes apparemment contradictoires de saint Jean sur le jugement. En prenant le présent texte il a annoncé que là se trouvait une solution…

Pour savoir qui il est : Qui est Jean-Marie Martin ?  (sa carrière à l'ICP, ses lieux de recherche, ses articles)

Les commentaires qu'il a fait des autres textes pendant la session ne figurent pas ici, mais vous pouvez lire des commentaires faits lors d'autres sessions :

 Pour lire, télécharger, imprimer, c'est ici en fichier pdf : Jn_12__44_50_jugement_et_salut

 

Jn 12, 44-50

"Je ne suis pas venu juger le monde mais le sauver"

 

 

Le thème de notre rencontre est "Juger et sauver".

– Au chapitre 3 de l'évangile de Jean nous avons étudié le passage où il est question du rapport entre jugement et salut : « 17Car Dieu n'a pas envoyé son Fils vers le monde  pour qu'il juge le monde, mais pour que par lui le monde soit sauf » (Jn 3).

– Au chapitre 5 nous avons lu un passage où le Christ juge, il y a donc apparemment contradiction : « 22Car le Père ne juge personne, il a remis tout jugement au Fils […] 24Amen, amen je vous dis : qui entend ma parole et croit en celui qui m'a envoyé a la vie éternelle, il ne vient pas en jugement mais il a été transféré de la mort à la vie » (Jn 5).

Nous avons tenté de résoudre par nous-mêmes cette contradiction.

Maintenant nous regardons la solution qui est donnée dans le texte de Jean lui-même au chapitre 12.

Voici d'abord deux traductions.

Christ enseignant, basilique Ste Constance, Rome, 350« 44Cependant, Jésus proclama : «Qui croit en moi, ce n'est pas en moi qu'il croit, mais en celui qui m'a envoyé 45et celui qui me voit, voit aussi celui qui m'a envoyé. 46Moi, la lumière, je suis venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. 47Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, ce n'est pas moi qui le juge: car je ne suis pas venu juger le monde, je suis venu sauver le monde. 48Qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles a son juge: la parole que j'ai dite le jugera au dernier jour. 49Je n'ai pas parlé de moi-même, mais le Père qui m'a envoyé m'a prescrit ce que j'ai à dire et à déclarer. 50Et je sais que son commandement est vie éternelle: ce que je dis, je le dis comme le Père me l'a dit». (TOB)

 « 44Jésus dit en criant : « Qui croit en moi ne croit pas en moi, mais à qui m'a donné mission. 45Et qui me voit voit qui m'a donné mission. 46Moi, lumière, je suis venu dans le monde, pour que tous ceux qui croient en moi ne demeurent pas dans les ténèbres. 47Et si quelqu'un a entendu mes mots et ne les garde pas, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde mais sauver le monde. 48Qui me repousse et ne reçoit pas mes mots a son juge : cette parole que j'ai dite le jugera au dernier jour. 49Car moi, je ne parle pas de moi-même, mais le Père qui m'a donné mission, lui, m'a donné commandement : que dire et comment parler. 50Et je sais que son commandement est vie éternelle. Les choses donc que je dis, selon que le Père m'a prescrit, ainsi je dis. » » (sœur Jeanne-d'Arc)

 

1) Verset 44.

« 44Jésus dit en criant (ékraxen) : “Qui croit en moi ne croit pas en moi, mais en celui qui m'a envoyé.” »

 

a)  Jésus "appelle" (il nomme et il crie).

Le verbe krazô qui signifie "appeler" et "crier" correspond au verbe hébreu qu'on a dans le début de la Genèse : « et Dieu appela (vayyiqra) la lumière " jour" et la ténèbre "nuit". » D'ailleurs dans la traduction de Chouraqui qui est proche de l'hébreu, on a : « Elohîms crie à la lumière : “Jour.” À la ténèbre il avait crié : “Nuit.” »

1. "Appeler" est une des fonctions fondamentales de la voix. En premier lieu, appeler c'est

  • En premier lieu donner le nom en sachant que, chez les Anciens, le nom est l'essence de la chose. Ce n'est pas une étiquette surajoutée mais c'est la semence de la chose. En effet chaque chose déploie son nom, son identité.
  • En second lieu, le nom c'est aussi ce par quoi on est capable d'être appelé.

Donc le nom me met à la fois dans mon plus propre et institue mon proche.

2. Le mot "crier" est un mot intéressant. On le retrouve à plusieurs reprises dans l'évangile de Jean. Il y a des déclarations solennelles de Jésus par exemple en Jn 7 : « 37Dans le dernier jour qui est le grand jour de la fête, Jésus se tint debout et cria disant : "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne près de moi, et boive,” » Donc le cri est un appel.

 

b) La relation Père/Fils.

► « Qui croit en moi ne croit pas en moi, mais en celui qui m'a envoyé. » Est-ce que le "mais" indique une contradiction ?

J-M M : Ce n'est pas une contradiction. Il faut entendre : « croire en moi, en vérité, c'est seulement croire lorsqu'on me voit comme envoyé du Père. »

Si on veut traduire le texte dans notre langage, il ne faut justement ne pas s'en tenir au calque. Le calque est très important pour travailler, mais la traduction elle-même ne se borne pas à traduire un mot par un autre.

► Pour moi, j'entends qu'ici Jésus se dissocie de son Père.

J-M M : Au contraire, il s'assimile au Père, ça signifie « Croire en moi c'est me voir comme envoyé du Père » et donc comme "un avec le Père". C'est ça le sens de cette expression. …

Me voir, c'est voir celui qui m'a envoyé.

 

●   Jésus comme "le visible de l'invisible"

La TriniteCela nous rappelle le dialogue de Jésus et de Philippe. « 8Philippe lui dit : " Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit". 9Alors Jésus lui dit : "Tout ce temps je suis avec vous et tu ne m'as pas connu, Philippe ? Celui qui m'a vu a vu le Père. » (Jn 14). Autrement dit, Jésus est le visible du Père, la manifestation du Père, comme le fruit est la manifestation de ce qui est secret.

Ceci c'est le souci de Jean tout au long de son évangile : « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même, mais c'est le Père demeurant en moi qui fait ses œuvres. » (Jn 14, 10) ; « Le Père et moi nous sommes "un" » (Jn 10, 30) : le verbe "être" est toujours là pour manifester la véritable dimension du Christ.

Le Christ n'est identifié en vérité que lorsqu'il est identifié comme le visible du Père. Saint Paul utilisera l'expression "le visible de l'invisible" (éikôn tou aoratou), c'est-à-dire la manifestation iconique de l'invisible. Il faut bien penser par là le mot éikôn (image) qui ne signifie pas – comme souvent chez nous dans une perspective platonicienne – une réplique dégradée du modèle. L'image est au contraire la venue à visibilité de ce qui se garde secrètement dans son invisibilité.

Là il faut considérer la "retenue" de ce qui ne peut se manifester : du fait de la manifestation. En effet, ce qui se manifeste n'est pas simplement "tout ce qui n'était pas manifesté", donc il y a une sorte de retenue qui est constitutive de la manifestation. Ce n'est pas : avant c'était couvert et maintenant c'est complètement découvert. Il y a un rapport entre le dévoilement et la garde. Le mot "garder" est un mot important.

 

●   Jésus comme l'envoyé du Père.

Dans notre texte, il y a donc l'invitation à "croire en moi" en un sens authentique, c'est-à-dire en tant que je suis "envoyé", c'est-à-dire que "je suis la présence du Père". L'envoyé est la présence de celui qui l'envoie.

Il ne faut pas imaginer que le Père reste assis là-haut et que le Fils vient se promener ! Le Père et le Fils ne sont jamais séparés l'un de l'autre, pas plus que l'Esprit.

Cela se trouve même dans la théologie la plus classique. C'est ce qu'on appelle la "circumincession", un mot qui peut s'entendre en deux sens :

  • si on prend le sens d'être assis c'est "être assis ensemble"
  • si on prend le sens de marcher comme dans le mot "procession", c'est "circuler l'un dans l'autre", donc en n'étant jamais séparés.

Ce qui est difficile c'est que le sens intime de l'envoi, lorsqu'il est pensé conceptuellement ne garde pas l'imaginaire de l'envoi au sens biblique. On pourrait dire : c'est un progrès. C'est un progrès, oui, sauf si, dans l'imagerie, on ne pense pas la proximité ou l'éloignement à partir de nos kilomètres, mais par exemple selon le mot de Heidegger : « Quand je pense au pont de Kehl – Heidegger est à Fribourg – je suis plus près du pont de Kehl que celui qui passe dessus sans y penser.[1] » Il s'agit donc d'une proximité qui n'est pas à penser sur le mode de la distance.

Dans une symbolique authentique, on évite à la fois l'imagerie de l'éloignement et le simple concept de l'identité.

► Est-ce qu'on pourrait dire que, lorsque des amis s'aiment, ils ne sont jamais séparés ?

J-M M : C'est ça.

La notion de distance est très importante parce que c'est une des premières façons de dire le deux. La di-stance, c'est se tenir de part et d'autre, la dif-férence c'est se porter de part et d'autre. Mais précisément, l'un et l'autre ici (Père et Fils), sont l'un de l'autre. En effet il y a autre et autre : il y a mon autre propre et puis il y a tous les autres.

Les Anciens distinguent cela dans la langue même, par exemple en latin :

  • L'autre de deux se dit alter en latin et hétéros en grec ; ni l'un ni l'autre c'est né-euter, neutre ;
  • l'autre tout à fait autre, c'est allos en grec et alius en latin

"Être deux" est spécialement médité par les langues anciennes. C'est très important parce que le deux est essentiel pour méditer l'unité. L'unité la plus haute n'est pas la solité opaque d'un galet complètement fermé sur lui-même ; l'unité d'un amant et d'une amante est une unité plus grande, plus éminente que l'unité arithmétique du galet. La véritable unité n'est pas le un arithmétique.

Dans la Trinité ils sont trois mais c'est "deux et deux"

  • Père / Fils
  • et Christos / Pneuma

 avec un élément commun puisque Fils et Christos c'est le même.

Christos / Pneuma c'est époux / épouse car le mot pneuma (esprit, souffle…) est ici considéré comme féminin. En effet il traduit mot hébreu rouah qui est féminin. Le mot chrieïn signifie 'oindre' : le Christ est celui qui est oint, imprégné, enduit ; ici il est enduit de Pneuma.

Et cette relation Christos /  Pneuma qui est intra-trinitaire préfigure la relation Christos / Ekklêsia. Pour cela, allez voir chez saint Paul le chapitre 5 de l'épître aux Éphésiens[2], et chez saint Jean aller voir la rencontre avec la Samaritaine[3]

Les deux grandes articulations premières (père-fils et époux-épouse) sont puisées aux relations familiales. Les premières relations grammaticales sont puisées aux relations familiales, c'est quelque chose de fondamental pour les ethnologues, etc.

Peut-être cette différence entre les deux types d'altérité vous paraît-elle étrange. Je vais vous donner un exemple. La différence entre le noir et le blanc est une différence que nous disons de contrariété, et il y a pourtant une proximité entre les deux ; alors que la différence entre le rose et le frétillant est une différence d'un autre ordre car le rose et le frétillant n'ont rien à voir ensemble, c'est "autre et autre" en un autre sens. Il y a une altérité dans laquelle existe un rapport entre les deux, éventuellement dans la contrariété, et une altérité où il n'y a pas de rapport.

Ce sont des choses à réfléchir : l'un et l'autre ; le dedans et le dehors ; le haut et le bas ; la droite et la gauche ; etc. C'est ça qui régit tout, c'est le b-a-ba de la symbolique.

 

c) Proposition de traduction.

► Est-ce qu'on pourrait traduire la deuxième partie du verset par des infinitifs : « croire en moi ce n'est pas croire en moi mais c'est croire en celui qui m'a envoyé » ?

J-M M : C'est tout à fait pertinent, car ça efface notre attribution distributive : « celui qui… et celui qui… ». C'est quelque chose que je propose moi-même à certains endroits : au lieu de dire « Celui qui ne naît pas d'eau et esprit n'entrera pas dans le royaume » on peut dire « ne pas naître de cette eau-là qui est l'esprit de résurrection, c'est ne pas pénétrer dans l'espace de Dieu. »[4]

 

2) Verset 45.  

       « Celui qui me voit, voit celui qui m'a envoyé. »

 

●   Voir et croire.

La phrase qui est ici « celui qui me voit, voit celui qui m'a envoyé » peut nous faire penser à une autre référence au début du chapitre 14 : « Philippe lui dit : " Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit". 9Alors Jésus lui dit : "Tout ce temps je suis avec vous et tu ne m'as pas connu, Philippe ? Celui qui m'a vu a vu le Père. Comment dis-tu : " Montre-nous le Père" ?" 10Ne crois-tu pas queje suis dans le Père et le Père est en moi. Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même, mais c'est le Père demeurant en moi qui fait ses œuvres. 11Croyez-moi que moi  je suis dans le Père et que le Père est en moi. » (Jn 14)

On a « 44Qui croit en moi… croit… en celui qui m'a envoyé  » et « 45Celui qui me voit voit celui qui m'a envoyé. » Croire et voir sont donc ici deux mots qui disent la même chose.

 

●   Le verbe "voir" chez saint Jean.

J'ouvre une parenthèse à propos du verbe "voir" qui se trouve ici. Vous savez qu'en grec il y a plusieurs mots pour dire "voir".

Chez saint Jean c'est le verbe horan qui est souvent privilégié pour dire "le voir de la foi", c'est ce verbe qu'on a dans la réponse de Jésus à Philippe que je viens de vous citer (Jn 14, 9). 

Or notre verset 45 peut paraître étrange parce que le verbe grec qui est traduit par "voir" est le verbe théôreïn : « Celui qui me voit (théôrôn) voit (théōreï) celui qui m'a envoyé. ».

Ce verbe théôrein je le traduis souvent par "constater", dans certains passages où il est opposé au verbe horan qui désigne le grand voir : «Micron et vous ne me constatez plus (oukéti théôréite), micron à rebours, vous commencez à me voir (opsesthé) » (Jn 16, 16). J'en profite pour vous signaler que beaucoup de traducteurs ne font pas attention à la différence des deux verbes dans ce verset 16 alors qu'elle est constitutive puisqu'il s'agit de faire la différence entre voir Jésus avant sa résurrection et le voir d'un voir qui est égal à la foi. Cependant, pour notre passage de Jn 12, il ne faut pas déprécier le verbe théôreïn ; en effet il n'est pas en opposition à un autre verbe grec qui signifierait "voir", il est donc bien à égalité avec le verbe "croire".

Les verbes aussi prennent leur sens particulier suivant le lieu et le mode de rapport qu'ils ont éventuellement avec un autre verbe. Je dis tout ça pour ceux qui sont un peu avancés. C'est une petite remarque technique mais elle a son intérêt.

 

3) Verset 46. Lumière et ténèbre.

« 46Je suis venu dans le monde comme lumière pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans la ténèbre. »

 

●   Venir dans le monde comme lumière

Il s'agit ici du "venir dans le monde comme lumière", et c'est ce qui a été traité par le Prologue qui distinguait trois aspects d'une unique venue de "la lumière" qui est en fait ce "Verbe qui est auprès de Dieu" : « 9Était la lumière, la vraie, qui illumine tout homme en venant vers le monde. »

  • quand il vient, le Christ est lumière du monde c'est-à-dire lumière venant s'affronter à la ténèbre, à savoir à la mort, En effet, chez saint Jean le mot "monde" est qualifié en négatif (sauf dans quelques exceptions), Il s'agit du monde dans lequel nous vivons nativement qui est régi par la mort et le meurtre, c'est-à-dire que nous sommes asservis à un avoir-à-mourir et à une complicité avec la mort. Au verset 5 du Prologue il est dit « 5La lumière brille dans la ténèbre, mais la ténèbre ne l'a pas détenue. » c'est-à-dire que la résurrection est déjà annoncée dans ce verset.
  • « 11Il est venu vers les siens et les siens ne l'ont pas accueilli» c'est-à-dire que la lumière vient s'affronter à la méprise,
  • et enfin « à tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné l'accomplissement de devenir enfants de Dieu.» Lorsque les siens le reçoivent, ils sont reconnu comme enfants de Dieu.

 

●   L'opposition lumière / ténèbre.

«Je suis venu… pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans la ténèbre. » Le verbe "demeurer" est extrêmement important chez Jean, il est à la fois dans la symbolique de l'espace puisque la demeure dit l'habitation, et aussi dans la symbolique du temps puisque demeurer dit la persistance, la fidélité. Chez Jean ce verbe dit systématiquement les deux choses comme on peut le montrer si on regarde les endroits où il est employé.

Dans ce verset 46 joue l'opposition lumière/ténèbre. C'est l'opposition fondamentale du "monde qui vient" en opposition à "ce monde-ci". Cette distinction se trouve dans le judaïsme contemporain de l'Évangile[5], il est assumé par l'Évangile.

Il s'agit de la distinction en hébreu entre olam hazeh (ce monde-ci, cet olam) et olam habah (le monde qui vient). Le monde qui vient c'est ce que les Synoptiques ont appelé le royaume : "royaume des cieux" pour Matthieu, "royaume de Dieu" pour Luc, c'est-à-dire que c'est l'espace de Dieu, l'espace de lumière.

Chez saint Jean il nous est dit que l'espace de lumière est déjà là, à l'œuvre, et que le royaume de ténèbre est en train de partir : « La ténèbre est en train de passer et la lumière véridique déjà luit »(1Jn 2, 8). Mais ne posez pas ça de façon historique comme si jusqu'à l'an 20 de notre ère c''était le royaume des ténèbres et qu'ensuite… Ce n'est pas à répartir sur la dimension historique du temps, c'est le chiffre de tout instant. Tout instant est le moment de cette décision, de ce discernement : laisser la lumière venir ou être encore quelque peu dans la ténèbre. C'est le chiffre de tout acte de foi.

 

4) Versets 47-48.

« 47Et si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde mais sauver le monde.

Le mot kosmos (monde) a presque toujours un sens négatif chez Jean, cependant, comme ici, il peut désigner les siens qui sont "dans" le monde (mais qui ne sont pas "du" monde).

Le verset 48 développe le verset 47. – 

48Qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles (rhéma) a son juge : le logos (le dit) que j'ai parlé (laleïn) commence à le juger au dernier jour. »

 

Au verset 47 on a les deux verbes "entendre" et "garder". Le verbe "garder" est ici le verbe phulasseïn et non théreïn qui correspond au shamar hébraïque qui est un "laisser faire" : « garder (thérein) la parole » c'est laisser que la parole vive en moi, qu'elle m'investisse. Le verbe phulasseïn (garder) est employé aussi par saint Jean dans l'épisode du bon berger parce qu'il désigne le plus souvent la garde du troupeau.

 

Brebis dans la main du bon bergera)   Questions sur le jugement.

► Je croyais que le message christique ne jugeait pas, or ici il est question de jugement !

J-M M : Justement, il est dit que c'est la parole que dit Jésus qui juge, or quelle est la parole que Jésus dit, sinon le message christique qui est un message de salut ? Donc la difficulté reste.

► Est-ce que c'est la parole qui juge, ou bien est-ce le fait de l'entendre ou de ne pas l'entendre ?

J-M M : Voilà toute la question.

En quoi la parole que dit Jésus juge-t-elle ? En ce sens qu'elle révèle ma foi ou ma non-foi. Donc elle distingue radicalement, elle discerne. Cette parole est une sorte de critère. C'est en ce sens qu'il faut entendre « je ne juge pas mais ma parole juge » : de n'être pas entendue elle me laisse dans l'espace de jugement.

Il faut bien comprendre que nous sommes nativement dans un espace de jugement et que le Christ n'est pas là pour apporter le jugement mais pour apporter le sauf, pour nous sauver et non pas pour nous juger. Seulement, de fait, il y a du jugement. Ce jugement – c'est-à-dire ce discernement – se produit entre ceux qui entendent la parole et qui, du fait qu'ils entendent, ne sont pas jugés, et ceux qui sont jugés du fait qu'ils n'entendent pas.

 

●   Le discernement ultime atteint chacun, ce n'est pas un tri entre des individus.

Mais quand je dis « ceux… et ceux… », c'est une façon provisoire de parler, il faut bien traduire. Le véritable discernement ultime n'est pas dans la main des hommes, ce n'est pas eux qui le font. Ce discernement ultime n'est pas essentiellement quelque chose qui met des hommes d'un côté et des hommes de l'autre. Le discernement ultime est une coupure, une distinction qui atteint chacun.

Là encore, ce qui nous gêne c'est notre idée de sujet compact, qui, pour nous, est ou tout bon ou tout mauvais, qui est autonome, qui est autosuffisant. C'est cela qui nous empêche d'entendre que le jugement dernier c'est ce qui sépare la part de ténèbre qui est en nous et la part de lumière (la part de christité) qui est aussi en nous. C'est un point qu'il faut méditer. Il est difficile à attester parce que l'attestation ne passe pas par la parole même de l'Écriture, elle passe par la prise de conscience de la différence d'écoute dans notre mode crispé sur "je" et le mode de traiter des rapports humains dans des langues anciennes.

Il y a beaucoup d'autres raisons de mettre cela en évidence. Lorsque c'est bien perçu, ça rend à la fois audible et infiniment riche un certain nombre de paroles qui, à première écoute, restent quasiment irrecevables à nos oreilles.

 

●   La différence "Entendre / ne pas entendre" traduite en termes de relations

Au verset 48 on a un critère : entendre la parole ou ne pas l'entendre. Si j'entends cette parole, elle ne me juge pas ; et si je ne l'ai pas entendue, je suis déjà jugé du fait de ne pas l'entendre.

Donc entendre c'est n'être pas dans l'espace de jugement. Pourquoi ? Parce qu'entendre c'est ne pas saisir, ne pas prendre. La saisie (ou la prise) crée une mauvaise dualité, alors que l'écoute nomme la non-fermeture sur soi. La relation d'écoute, qui est une relation de non-capture, est une relation qui ne met pas à mort.

Et cette relation nomme ce qui introduit l'homme dans le sauf (dans le salut). Pourquoi ? C'est que si je juge, je me juge ; si je tue, je me tue. Dès l'instant que je rejette, je me rejette, j'établis une coupure.

Quelque chose du même genre a été dit par les Synoptiques : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ». C'est dit sur un mode sapientiel mais c'est fondamentalement la même chose. Cela dénonce la non-écoute. Et c'est cette parole de Jésus qui est méditée par saint Jean.

 

A l'écoute de la parole●   Précisions sur "l'entendre de la foi".

Pour bien situer ces relations qui sont de première importance chez Jean, il faut savoir que :

  • il n'y a pas d'autre péché que de ne pas entendre (ne pas croire) ;
  • il n'y a pas d'autre œuvre à œuvrer que de croire (entendre) ;
  • il n'y a pas d'autre jugement que de n'avoir pas entendu.

C'est constant à tous égards chez saint Jean.

Tout ceci demande une petite explication parce que nous pensons l'entendre de la foi comme simplement avoir une opinion. La foi n'est pas la capacité de souscrire une opinion ou un catalogue de vérités.

 

●   "La christité" comme "présence active du Christ" séminalement en tout homme

Il faut voir que la foi n'est pas la "conscience de foi" car je peux croire avoir la foi et ne pas l'avoir. De plus, la foi n'égale pas le concept sociologique de croyant. On peut compter les gens qui vont à la messe et qui disent croire en Jésus-Christ, mais on ne compte pas la christité répandue dans le monde.

Cette notion de "christité" voudrait remplacer à la fois "la chrétienté" qui est une figure révolue – elle a été un certain temps la figure de la chose du Christ dans l'Occident – et "le christianisme" qui est la figure qui a pris le relais, le christianisme étant une religion parmi d'autres dont on peut compter les adhérents.

La christité est la réalité qui n'est jamais égalée à la capacité de compter, c'est la présence active du Christ qui est séminalement en tout homme – « Le Père lui a remis la totalité dans les mains » – la christité est séminalement en tout homme et elle est appelée à se déployer, et, je l'espère, elle se déploie en tout homme à l'heure il lui est donné de se déployer. On ne peut pas dire de certitude absolue : « le Christ est ici ou il est là », « celui-ci est un croyant, celui-ci ne l'est pas » ; « je suis croyant »… Le Fils lui-même est venu parmi les hommes que l'on compte puisqu'il est venu lors d'un recensement. Mais le Christ ressuscité n'est plus sous un recensement. La christité est la résurrection répandue mais pas sous la possibilité de recensement. Le Christ de la résurrection est l'unité, il est le Monogenês, le Fils unique qui a en lui la totalité des enfants de Dieu.

 

●   Il nous faut découvrir que la relation est constitutive de notre identité.

Pour entendre de bonne façon ce discernement ultime dont parle l'Évangile dont on a vu qu'il est référé au discernement sur "entendre ou non la Parole", est-ce qu'il ne faut pas laisser tomber notre façon de nous considérer comme sujet autonome ? Est-ce que ce n'est pas le sens de ce que vous avez souligné : si je tue l'autre, je me tue ; si je rejette l'autre, je me rejette moi-même, des assertions qui, sinon, ne sont pas compréhensibles ?

J-M M : De fait l'Évangile est une sorte de critique radicale de la façon dont nous nous pensons comme des individus autonomes, autosuffisants,… Pour entendre l'Évangile, il faut cesser d'avoir un concept de sujet totalement "un" alors qu'il y a homme dans l'homme. L'homme spirituel est en exil dans l'homme mondain. L'homme est constitué par une bi-polarité essentielle.

C'est d'ailleurs cette double polarité constitutive qui ouvre la possibilité d'une écoute qui ne soit pas captatrice, préhensive, mais qui pose l'homme toujours déjà en circulation. C'est pour cela que le mode d'être privilégié par l'Évangile est dénommé "entendre". Or, pour l'Évangile, l'entendre dont il parle n'est pas quelque chose qui arrive à quelqu'un de déjà constitué, mais entendre (au sens plénier), c'est ce qui nous constitue. Et la més-entente c'est précisément la situation dans laquelle nativement nous sommes, c'est cela qui est lu par nos textes.

La grande difficulté c'est que si nous ne sommes pas attentifs au langage de l'Évangile et à sa différence d'avec nous, quand nous le lisons, nous le ramenons trop facilement au domaine éthique qui ne touche pas à la constitution de l'homme. Spontanément on lit l'évangile avec le présupposé qu'on sait ce que c'est qu'un homme, et donc qu'il va simplement nous dire comment il faut qu'on soit bien. Or justement, avant toute chose, il s'agit de ne pas savoir ce qu'il en est de l'homme, et d'attendre de cette parole qu'elle nous le dise. Cette parole met donc en question la prétendue suffisance que nous avons sur nous-mêmes en prétendant savoir ce qu'il en est.

Comme vous l'avez rappelé, sous la dénomination d'entendre, c'est exactement la même chose que ce qui se joue à propos du meurtre. On trouve cela dans la première lettre de Jean. « Tout homme qui hait son frère est homicide, et vous savez qu'aucun homicide n'a, en lui, la vie éternelle demeurant. » (1 Jn 3, 15) – Le meurtrier ne vit pas, il est mort. En effet ma vie est radicalement relationnelle. Or si la relation est constitutive de mon identité – plus je suis relationnel et plus je suis moi-même – si je tue l'autre, comme je suis essentiellement relation à lui, je meurs. Le raisonnement est implacable.

Ceci est très important pour dégager une anthropologie selon laquelle la vie véritable est simultanément de vivre à soi et de vivre à autrui.

 

●   La parole comme espace. L'espace christique.

Est-ce que cela ne remet pas aussi en cause notre notion de parole ?

J-M M : Effectivement la parole n'est parole que lorsqu'elle est entendue, reçue. C'est l'unité première qui tient ensemble en les disjoignant pour les joindre "le recevant" et "le parlant". La parole est donc un mot qui dit espace.

C'est très important pour ce qu'il en est des paroles du Christ : elles ne sont que lorsqu'elles sont entendues. C'est pourquoi "les recevants" du Christ ont une importance capitale : le Baptiste qui témoigne, les apôtres qui recueillent, les premières communautés chrétiennes, tout cela est à prendre en compte pour parler du Christ : il s'agit de la création de l'espace initial de paroles échangées[6].

Au début du Prologue il s'agit de l'espace du dialogue originel : la parole tournée vers, le parler parlant à. « Au commencement était le Verbe (le parler) et le Verbe était tourné vers Dieu, c'est-à-dire que le parler parlait à Dieu. »

 

b) Le dernier jour.

« La parole que j'ai dite jugera au dernier jour.» (v. 48) Ce dernier jour c'est le jour dans lequel nous sommes, le jour de la croissance des semences. Mais nous ne sommes pas à la dernière heure du dernier jour, c'est-à-dire que le dernier jour qui est le septième est un moment encore mêlé.

Cela est un peu lié au passage qui se fait entre le septième jour (le shabbat) et le huitième jour. Vous savez en effet qu'il y a un déplacement du jour du Seigneur dans la christité par rapport à ce qu'il en était dans la judéité. Et le jour octave – c'est-à-dire le huitième – est le retour accompli de ce qui était dans le principe.

C'est mentionné pour la première fois de façon significative par Jean au chapitre 20, où les apparitions du ressuscité sont mises en rapport avec des moments du premier jour. La course de Jean et de Pierre au tombeau, le récit de l'apparition à Marie-Madeleine, ce sont deux épisodes du matin du premier jour de la semaine (donc le lendemain du shabbat) ; le soir de ce premier jour qui est un accomplissement eschatologique par rapport au matin, on a l'apparition de Jésus au milieu des apôtres réunis (il manque Thomas). Ensuite le jour octave, le huitième, il y a l'apparition à Thomas qui est le jumeau, c'est dit dans le texte : ce huitième jour est donc accomplissement plénier par rapport au premier.

Le septième jour est un jour où déjà la lumière luit mais la ténèbre est encore en train de passer. Le huitième jour est le jour du dimanche, on trouve cela très tôt chez saint Justin qui écrit au début du IIe siècle, avant 150. Dans la Première Apologie[7] Justin raconte ce que font les chrétiens lorsqu'ils se rassemblent : « 3Le jour qu'on appelle le jour du soleil – c'est le dimanche – tous, de la ville et de la campagne se rassemblent en un même lieu. […] 7Nous nous assemblons tous le jour du soleil parce que c'est le premier jour – c'est le jour un et il faut les autres pour le déploiement – où Dieu, tirant la matière des ténèbres, créa le monde et que ce même jour, Jésus-Christ, notre sauveur, ressuscita des morts. » Dans ce passage il décrit ce qui se passe[8]. Cela c'est donc le jour du dimanche et non plus le jour du shabbat. Les premiers chrétiens pensent le dimanche comme l'accomplissement du premier jour, c'est-à-dire le huitième jour comme l'accomplissement du premier.

Pour bien mettre en place ce qui est dernier, donc l'idée d'eschatologie, on peut lire le fameux mot de Jean qui se trouve dans sa première lettre, c'est dans un autre langage : « 1Voyez quelle agapê le Père nous a donnée, que nous soyons appelés enfants de Dieu – ce n'est pas une nomination extérieure, cela signifie que nous sommes appelés à être enfants de Dieu – et nous le sommes […] 2 Bien-aimés, maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et n'a pas encore été manifesté ce que nous serons..– donc déjà nous sommes enfants de Dieu mais pas encore sur mode manifesté : dire qu'on est dans le septième jour ne veut pas dire que tout est accompli – Nous savons que lorsqu’il se manifestera, nous serons semblables à lui et nous le verrons comme il est. » (1Jn 3). » Donc pour l'instant nous ne le voyons pas comme il est. Nous avons en vue le Christ par le biais de la parole, mais nous ne le voyons pas en plénitude. "Nous le verrons comme il est", c'est ce que la théologie a appelé la visio facialis, la vision face-à-face, qui est aussi appelée visio béatifica, façon théologique de dire l'eschatologie.

Chez saint Jean le semblable connaît le semblable, donc il faut être semblable à Dieu pour le connaître. « Nous serons semblables à lui et du même coup nous le connaîtrons tel qu'il est. » Nous sommes connus de Dieu, mais nativement nous ne le connaissons pas. Nous entendons la parole et ainsi nous le voyons mais dans la foi. Comme le dit saint Thomas « La foi est semence de vision (semen visionis) », parole magnifique qui, en plus, garde la symbolique biblique de la semence et du fruit.

Nous sommes dans le dernier jour mais nous ne sommes pas à la dernière heure de ce dernier jour si on peut parler ainsi. Tout est déjà là mais pas pleinement accompli. C'est pourquoi la différence entre la semence et le fruit est très importante. Ce n'est pas la différence du non-être et de l'être. Être en semence c'est être déjà, mais n'être pas encore sur le mode pleinement accompli et dévoilé (révélé).

 

5) Versets 49-50

« 49Car moi, je ne parle pas de moi-même, mais le Père qui m'a envoyé, lui, m'a donné disposition : que dire (eipô, du verbe legô) et de quoi parler (lalêsô). 50Et je sais que sa "disposition" est vie éternelle. Donc ce dont je parle (lalô), comme le Père m'a prescrit, ainsi je parle (lalô). »

Il y a plusieurs verbes grecs différents qui ont trait à la parole, mais je ne vois pas de véritable différence.

Dans ces versets j'ai traduit le mot entolê par "disposition" alors que son sens courant est "commandement"[9]. Nous savons en effet que chez saint Paul et chez saint Jean la parole de Dieu n'est pas dans son essence une parole de commandement. Et même, pour Paul, c'est d'être entendu comme parole de commandement qui là désœuvre, et alors elle n'est plus une parole active, une parole donnante. La parole de Dieu à Adam : « Tu ne mangeras pas », nous la voyons comme un commandement or ce n'en est pas un. Seulement ces relues par le serpent comme si c'était un ordre, et en plus un ordre commandé par la volonté de se garder quelque chose dans une volonté jalouse. C'est d'être prise pour loi qui rend cette parole inerte, inactive, désœuvrée (katergazétaï). Le serpent est le falsificateur ap'arkhês (dès l'origine).

Pour en revenir à la traduction de entolê ici qui concerne le Christ, j'aurais pu prendre "mandat" ou "mandement" pour éviter "commandement". Je dis souvent "disposition", mais je n'assure pas que c'est le meilleur mot, surtout qu'il y a un autre mot grec qui correspond à "disposition". Il faudrait donc un jour trouver un meilleur mot pour traduire entolê. Tout ce que je sais c'est que ça ne doit pas se traduire dans notre notion de législation.

 

« Je ne parle pas de moi-même, mais le Père qui m'a envoyé… » Nous rencontrons l'affirmation constamment répétée : « Mes œuvres ne sont pas mes œuvres, ce sont les œuvres du Père ; mes paroles ne sont pas mes paroles, ce sont les paroles du Père. » Il y aurait ici à méditer sur ce que nous appelons l'authenticité. En effet le Christ est d'autant plus authentique qu'il ne dit rien de lui-même ! C'est paradoxal par rapport à notre usage du mot "authentique".

 


[1] « Si nous tous en ce moment nous pensons d'ici même au vieux pont de Heidelberg, le mouvement de notre pensée jusqu'à ce lieu n'est pas une expérience qui serait simplement intérieure aux personnes ici présentes. Bien au contraire, lorsque nous pensons au pont en question, il appartient à l'être de cette pensée qu'en elle-même elle se tienne dans tout l'éloignement qui nous sépare de ce lieu. D'ici nous sommes auprès du pont là-bas, et non pas, par exemple, auprès du contenu d'une représentation logée dans notre conscience. Nous pouvons même, sans bouger d'ici, être beaucoup plus proches de ce pont et de ce à quoi il « ménage » un espace qu'une personne qui l'utilise journellement comme un moyen quelconque de passer la rivière. » (Heidegger. Essais et conférences, 1951, "Bâtir habiter penser",page 187)

[6] J-M Martin introduit souvent la notion d'espace. Voir en particulier. Approches de l'espace christique : L'espace en musique, peinture et poésie

[7] Justin, Première Apologie 67, 3 ; p.142 sq. Ed. Hammer-Lejay

[9] Un dossier rassemble plusieurs interventions de J-M Martin là-dessus : Comment entendre le mot "commandement" dans le NT ? Exemples chez saint Jean

 

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