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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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1 mars 2022

Remarques sur "l'écoute de la Parole de Dieu" et sur "les femmes et la théologie"

Voici deux très courtes interventions de Jean-Marie Martin lorsqu'il était professeur de théologie à l'Institut catholique de Paris, en réponse à une question posée par une étudiante : « Mon Père, je ne vois pas où vous voulez en venir ». Il semblerait que cette étudiante était désorientée par la place que J-M Martin donnait à l'Écriture en insistant sur la nécessité d'une écoute où on attende d'entendre…

 

Écouter la Parole de Dieu ?

 

Paroles Proclamation, Berna LopezDans notre enseignement, nous prenons au sérieux un mot que vous employez souvent à propos de l'Écriture Sainte, puisqu'après la lecture de l'évangile du jour, vous dites : « Acclamons la parole de Dieu » … Parole de Dieu ?

 

Pour notre part, le mot "parole de Dieu" est une chose tellement inouïe, tellement incroyable, que si nous pensons qu'effectivement Dieu parle, nous n'avons pas d'autre intention que d'écouter, qu'essayer d'entendre. Et cela est beaucoup plus difficile qu'il n'y paraît. Vous prétendez souvent avoir compris, entendu, écouté quelqu'un, surtout les gens qui vous sont indifférents. Mais nous imaginons que lorsque vous aimez quelqu'un, vous avez une autre attitude, une sorte d'attention, de recherche, de volonté d'entendre, qui ne vous permet pas de dire hâtivement : « Ah bon ! c'est cela son message ».

 

Prendre au sérieux l'expression "parole de Dieu".

Il suit de là que nécessairement, nous "voulons" le moins de choses possibles, parce que plus nous voulons et moins nous entendons. Nous ne voulons rien d'autre qu'entendre et nous ne sommes même pas sûrs de vouloir entendre en croyant savoir d'avance ce que c'est qu'entendre.

Entendre suppose un état de disponibilité absolument radical qui ne s'acquiert pas aisément, qui est onéreux, qui peut être pour certains douloureux – nous le reconnaissons –, qui implique une certaine "patience", ce que Paul appelle hypomonê, une patience au sens ancien du terme et qui nous paraît à nous la condition préalable à toute théologie, et dont on ne peut pas faire l'économie, qu'il ne faut pas se hâter de transgresser

Nous pouvons dire qu'un certain nombre de nos questions, et nous espérons aussi de vos questions, se trouveront, peut-être d'une façon imprévisible, honorées au terme. Mais ce que nous cherchons par mode de chemin, ce n'est pas d'abord de suivre le chemin de nos questions, c'est d'attendre que la parole de Dieu pose la question.

Tout cela pour vous inviter à la patience.

 

Les femmes et la théologie

 

Mosaïque, abside de Ste Sophie, Kiev, vers 1040Une seconde remarque est tout simplement occasionnée par un hasard, une émission entendue aujourd'hui même sur l'Église et les femmes, émission du reste fort médiocre. Nous voudrions en prendre occasion cependant, parce que dans notre auditoire les femmes sont largement majoritaires – et cette situation ne nous est personnellement pas indifférente –, pour vous dire quelques mots sur les femmes et la théologie.

 

Les milieux théologiques et les milieux cléricaux en général font preuve, nous l'avons naguère remarqué, d'une sorte de misogynie. Or à notre sens, les femmes ont une très grande fonction à exercer dans le domaine proprement dit, non seulement de l'Église en général mais de la théologie en particulier, et une fonction irremplaçable.

Les réflexions que nous allons faire à ce sujet, rapides car ce n'est ici qu'une remarque, ne résolvent pas la question du statut féminin dans la société contemporaine et ne traitent pas des mêmes problèmes que certains mouvements. Et quand nous disons que cela ne les résout pas, cela veut dire qu'il ne faut pas confondre ces différentes choses, et qu'en tout cas il ne faut pas déduire de ce que nous allons dire des conclusions par rapport au salaire égal ou autres choses de ce genre ; il faut bien respecter les divergences de plan.

 

Ce que nous avons à dire dans ce domaine c'est qu'il n'est pas souhaitable que les femmes veuillent faire pour leur compte à nouveau une théologie cléricale et masculine. Autrement dit, ce n'est pas dans une sorte de compétition égalitaire que le problème se situe, mais dans la découverte de la dimension féminine qui est nécessaire à toute théologie.

Mais attention, là où nous plaçons notre réflexion sur l'homme et la femme, il faut bien entendre que chaque être humain comporte une part féminine et une part masculine. Et ce dont nous voulons parler, c'est de la part féminine de tout être humain.

Nous voulons même dire que la part féminine de tout être humain, qui est très fortement refoulée et obscurcie dans certains cas, soit par des hommes soit par des femmes, la part féminine qui est dans chaque être humain se trouve être de fait la part privilégiée en domaine théologique. Pourquoi ? Parce que ce qui est le fondement de la théologie, c'est l'écoute, et que l'écoute est une vertu essentiellement féminine.

Ne déduisez pas de là que nous rabaissons les femmes à être celles qui écoutent et obéissent… rappelons que nous parlons de la part féminine de tout être humain, et que l'écoute est la définition même de la foi.

Cela implique de l'intérieur que, lorsque saint Paul veut définir l'Église dans sa totalité, il la définit comme "l'épouse" du Christ. Et cela ne concerne pas simplement les femmes, cela concerne tout homme, cela concerne précisément la part féminine de toute l'humanité qui est le lieu de présence, le lieu de relation au Christ et à Dieu.

 

Ceci dit, à ce niveau, il reste que si l'on tombe dans le niveau où les hommes et les femmes se distinguent comme des individus et non plus seulement comme deux parts de la même humanité, les femmes conservent cette caractéristique, et par suite ont précisément un rôle à jouer, un rôle important dans la constitution d'une théologie. Et nous pensons que c'est une chose qui manque considérablement à la théologie masculine et cléricale de nos universités.

 

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