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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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3 mars 2023

Par J. PIERRON. Lv 16 et fête des Expiations ; mentions du sang du Christ et du propitiatoire chez st Paul

 

Arche d'Alliance,,,La fête des Expiations (Yom Kippour) tenait une place centrale dans la liturgie juive du Second Temple, elle se référait à Lv 16, texte composite. Le propitiatoire était le couvercle de l'arche d'alliance placé dans le Saint des saints, c'était sur lui que le grand-prêtre faisait la première aspersion de sang. Aujourd’hui, même en l’absence du Temple, la fête du Yom Kippour est centrale dans la piété juive[1].

Or à plusieurs reprises, Paul fait allusion au sang du Christ : « en lui nous avons la rédemption par son sang » (Ep 1, 7) ou encore « par lui il a réconcilié la totalité vers lui, faisant la paix par le sang de sa croix, soit avec les choses de la terre, soit avec celles du ciel» (Col 1, 20), et en Rm 3, 25 il utilise aussi le terme hilastêrion, terme qui désigne le propitiatoire, à savoir le lieu où était célébré le rite de la fête des Expiations (Yom Kippour) : « Lui que Dieu a déterminé d'avance comme propitiatoire par la foi dans son sang en vue demanifester sa justice, en laissant de côté les péchés d'autrefois[2] ». Chez saint Jean lui-même on trouve le terme hilasmos qui signifie propitiation : « Il est propitiation pour nos péchés, non seulement des nôtres, mais de tout le monde. » (1 Jn 2, 2).

Le message mis ici provient de plusieurs enseignements de Joseph Pierron (cf. Qui est Joseph Pierron ?) qui était un ami de Jean-Marie Martin à qui est dédié le présent blog. Joseph a enseigné l'Écriture sainte, il était spécialiste de la période allant du IIe avt JC au IIe siècle après. Il a longtemps enseigné la lecture de saint Paul et saint Jean à l'église Saint Meri de Paris

Des extraits de qu'il a dit à propos de Lv 16 et de la fête des Expiations à l'occasion de la lecture des textes mentionnés ci-dessus[3] (Ep 1, 7…) ont été rassemblés pur former un seul topo. Bien évidemment il n'a pas relu la chose, et donc des erreurs peuvent avoir lieu dont il n'est pas responsable.

 

Lv 16 et fête des Expiations,

mentions du sang et du propitiatoire chez Paul

Par Joseph Pierron

 

À plusieurs reprises, Paul fait allusion au sang du Christ : « en lui nous avons la rédemption par son sang » (Ep 1, 7) ou encore « par lui il a réconcilié la totalité vers lui, faisant la paix par le sang de sa croix, soit avec les choses de la terre, soit avec celles du ciel.» (Col 1, 20). Quand Paul fait allusion au sang là, je pense que sa référence c'est le jour du Grand Pardon (Yom Kippour) qui est le Jour des expiations, le jour où Dieu pardonne toutes les fautes d'Israël.

 

À l'époque du Christ, on caricature souvent les juifs en disant que pour être sauvés, ils devaient remplir la Loi, et que par la Loi, ils obtenaient le pardon. Mais en fait, jamais, dans la majorité des cas en Israël, cette thèse n'a été soutenue. Elle ne l'a été que chez les rabbins après la ruine du Temple en 70 après JC ; tant qu'il y a eu le Temple, il y a eu le sacrifice rituel, et pour les juifs, le pardon vient de la grâce gratuite de Dieu. Or le jour où Dieu pardonne, et pardonne toutes les fautes d'Israël, c'est le jour des Expiations.

À l'époque de Jésus, il y a un courant du judaïsme qui s'oriente vers l'accomplissement strict de la Loi ; c'est ce courant qui prend le pouvoir en 135 de notre ère. Mais il faut voir que ce courant réduit ce qu'il en était du judaïsme. Du fait qu'il n'y a plus de Temple, les juifs laissent forcément tomber une partie de l'héritage qui correspond à ce qui se passait au Temple, le culte du temple. Ils se retrouvent dans des réunions synagogales où il n'y a plus de rituel proprement dit, et ils se demandent ce qu'ils feraient maintenant s'ils avaient en main propre le Temple de Jérusalem : rétabliraient-ils le culte ou pas ? C'est pour eux un problème.

 

On pense que la liturgie chrétienne a dû suivre la liturgie juive, en particulier que ce texte de Paul, Col 1, 15-20 aurait été composé en référence à la fête dite du "Jour des Expiations". Nos auteurs, Paul le premier, sont juifs ; ils se prétendront toujours juifs, et ce sont les juifs qui les mettront à la porte des synagogues. Chaque fois qu'ils arrivent dans une ville, ils vont en premier dans la synagogue car il faut que l'Évangile soit annoncé d'abord aux juifs et ensuite aux grecs. Donc ils vivent dans un milieu de pratiquants juifs. Or dans toute religion les calendriers sont très importants. C'est d'autant plus vrai pour les juifs que leur calendrier est basé sur le mémorial. Or la fête de Yom Kippour[4] (le Jour des Expiations) a lieu une fois par an, et c'est le jour de l'année où tous les péchés d'Israël sont remis, effacés.

 

● Lévitique 16

Le texte qui parle le plus de cette fête, c'est Lévitique 16.Le malheur, c'est que ce texte de Lv 16 est composite, il mêle deux traditions. Il a été rédigé probablement après le retour d'exil. En effet, quand Néhémie qui est un prêtre, revient avec les exilés, ils font la proclamation de la Loi, et dans la Loi qui est lue par Néhémie, il n'y a pas la fête du Grand pardon ; c'est donc que cette fête n'a été établie qu'après la mort de Néhémie, donc vraisemblablement à l'époque d'Esdras vers 350. Seulement, celui qui a rédigé à l'époque d'Esdras ne savait pas où rajouter la fête du Grand Pardon dans le Lévitique. Or il y avait une autre fête qui était plus ou moins analogue, c'était la fête du bouc émissaire qui était une fête beaucoup plus ancienne, une fête à l'époque nomade. Il a lié les deux si bien que, quand on voit Lv 16, on a deux récits !

  • AJOÛTS. 1/ Le rite du bouc émissaire est dans les versets 8-10 et 20-22 et 26
    2/ Plan possible du Lévitique qui marque la centralité du Yom Kippour qui concerne le rite du renouvellement de l'Alliance.
    Lv 1-7 : Sacrifices
        Lv 8-10 : Prêtres
            Lv 11-15 : Prescriptions
                 Lv 16 : rites du bouc émissaire et du renouvellement de l'Alliance
            Lv 11-15 : Prescriptions
        Lv 8-10 : Prêtres
    Lv 1-7 : Fêtes et sacrifices

– Une première tradition date d'avant l'Exil, c'est celle du rite du bouc émissaire qui est lié à une fête agraire des nomades. C'est un rite apotropaïque, un rite de défense ; quand les Hébreux changeaient de pâturage et qu'ils allaient traverser le désert, il fallait que les mauvais esprits soient retenus, qu'ils ne se mettent pas à la poursuite de la caravane. Alors on prenait deux boucs : l'un, on l'offrait à Yahvé pour le péché, pour avoir sa bienveillance, et l'autre on le chargeait des péchés du peuple et on l'envoyait dans le désert, comme cela les diables lui couraient après et ne suivaient pas la caravane qui se déplaçait. Ce sont de vieux rites apotropaïques qui datent certainement du XIe siècle avant JC. Remarquez qu'il ne s'agit pas d'un sacrifice, le bouc n'est pas tué, il est simplement chassé au désert où il emmène les puissances mauvaises. C'est un rite apotropaïque, c'est-à-dire un rite qui détourne le mal. Cette fête du bouc émissaire était assez proche de l'animisme, assez proche du paganisme, donc elle a été remplacée par le Jour des Expiations.

– Dans Lv 16, il y a en effet une deuxième tradition qui est le rite du renouvellement de l'Alliance. Au Jour des Expiations (Yom Kippour), on tue un bouc, on recueille son sang, et contrairement à l'habitude on ne verse pas son sang au pied de l'autel des holocaustes ni sur les cornes de l'autel. En effet du fait que le sang ne pouvait pas être bu puisqu'on ne pouvait attenter à la vie d'autrui, en général le sang était versé au pied de l'autel[5]. Mais le jour du Grand Pardon c'est différent, le sang est recueilli dans une coupelle, et le Grand prêtre entre dans le Saint des saints[6] où se trouve l'arche d'alliance – c'est la seule fois de l'année –, il asperge le couvercle qu'est le propitiatoire, entre les deux chérubins qui se trouvent au-dessus  (Dieu est présent par son absence dans ce vide entre les chérubins), puis le Grand prêtre ressort et asperge de sang toute la foule des croyants : il a renouvelé l'Alliance. Le pardon est fait par l'aspersion.

Quand le trône vide de Dieu avait été aspergé dans le Saint des saints, quand le peuple avait été aspergé de sang, alors, disaient les auteurs, la gloire de Dieu revenait dans son Temple comme elle le ferait au dernier jour. C'est pourquoi, c'était une fête centrale dans le judaïsme.

C'est pourquoi il est possible que, quand Paul dit "par le sang", ce soit le sang du Christ qui remplace le sang du grand Pardon.

Dans la Bible, il y a un autre sang protecteur, c'est celui qui est mis sur les poteaux pour détourner l'ange exterminateur lors de la sortie d'Égypte (Ex 12, 22-23). C'est un signe, c'est une marque.

L'idée de répandre le sang est commune à cette époque-là. Elle est l'équivalent de la nuée, l'idée de protection, de ce qui protège. On se souvient de l'Esprit qui était étendu sur les eaux au moment de la création. Quand Jésus dit « c'est mon sang répandu pour vous » (1 Cor 11, 25) … il ne s'agit pas du sang versé en terre mais du sang répandu, c'est ce qui va couvrir, protéger.

 

● L'origine supposée de la fête du Yom Kippour

Au niveau du calendrier, l'année commence généralement à la lune de septembre-octobre. Le premier jour c'est Rosh Hachana, la tête de l'année, et le 10e jour c'est le Jour des Expiations, le Yom Kippour. Dans cette fête annuelle, tous les péchés d'Israël étaient pardonnés.

On en a la mention, par exemple, dans le Livre des Jubilés[7], un apocryphe juif rédigé vers 100 avant JC. Et pour les juifs, la source de la fête c'est la mort supposée de Joseph[8]. Israël (Jacob, le père de Joseph) s'est mis à pleurer pour le fait que Joseph ait été tué. Voici ce texte :

  •  « 12.Les fils de Jacob égorgèrent un chevreau et imprégnèrent de son sang le vêtement de Joseph et l'envoyèrent, le 10e jour du septième mois, à Jacob, leur père… 18C'est pourquoi il fut établi pour les fils d'Israël qu'ils s'affligent le 10 du septième mois– il met "septième mois" parce que les Jubilés suivent le calendrier essénien et non pas le calendrier officiel ; donc le premier mois de l'autre calendrier est ici le septième mois – jour où la nouvelle qui fit pleurer Joseph lui fut annoncée afin qu'ils demandent pardon pour lui avec un chevreau le 10 du septième mois, une fois l'an à cause de leurs péchés. » (Livre des Jubilés 34, 12-19, Cf. Gn 37, 18-35)

Le Jour du grand Pardon est une fête que Paul a pratiquée, une fête dont il connaît bien le sens.

Les vieux rabbins disaient : « Les hommes sont jugés au Nouvel An, mais le décret n'est scellé qu'au 10e jour. » Donc pour eux, le jour de cette fête-là est un jour de mémorial, un jour où Dieu se souvient, et c'est le jour qui est le jour du pardon.

 

● Ce qu'on trouve chez saint Paul.

Cette cérémonie du Yim Kippour, cérémonie du renouvellement de l'Alliance, a été reprise en quelque sorte par le premier christianisme.

Quand Paul relit ce qui advient en Jésus Christ, il ne peut pas ne pas avoir dans la tête le souvenir de ce Jour des Expiations car c'est là que se fait la réconciliation…. Par exemple, quand nous avons lu Rm 3, 21 sq, nous avons vu que c'est cette fête qui est derrière : “Dieu l'a fait hilastêrion” c'est-à-dire expiatoire – allusion au kapporet – cela veut dire que “Dieu l'a fait le lieu de la révélation”, et donc que le lieu où Dieu se révèle, le seul lieu où je peux lire ce qu'il en est de Dieu, c'est la croix du Christ où le sang est répandu ; et si le sang est répandu, c'est parce que l'Esprit est répandu. En effet l'Esprit se répand comme l'eau (cf. Jn 7, 37-39), il se répand comme le sang (cf. 1 Jn 5), il se répand comme le souffle.  

À ce sujet, je vous cite une parole de rabbi Akiba – ce rabbi qui a pris parti pour Bar Kokhba lors de la deuxième révolte en 135 : « Salut à vous, Israélites. Devant qui vous vous purifiez et qui vous purifie ? Votre Père dans les cieux comme il est dit... » Et il cite Ez 36, 25 (Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés…).

Pour les juifs le jour des Expiations était le jour de la réconciliation, non seulement réconciliation à l'intérieur d'Israël mais aussi d'Israël avec ce qui opère le renouvellement de l'année ou le renouvellement du monde, et renouvellement du rapport avec les peuples. C'est l'une des premières fêtes devenues universalistes, si bien que dans les textes juifs que l'on a pour cette fête, on passe continuellement de "vous" à "tout".

 

● La question du vocabulaire concernant le sens de la venue du Christ.

Je ne vais pas le faire maintenant, mais il faudrait bien quand même qu'un jour nous nous attelions sérieusement à la question du vocabulaire extrêmement riche qui a été utilisé pour essayer de cerner ce qu'il en était du sens de la venue du Christ en Israël et pour les hommes. On emploie souvent d'une façon à peu près indifférenciée des mots comme expiation, rédemption, dette, rançon, libération, réconciliation, faire la paix. Or tous ces mots-là disent la même réalité, mais ils ne la visent pas sous le même aspect. Inutile de dire que ces mots ont été entendus non pas dans ce qu'ils représentaient de neuf, mais au sens commun qu'ils prenaient dans la littérature grecque et romaine si bien qu'on a abouti à des théologies sur le péché et sur la grâce qui sont absolument des hérésies. Il faudra bien qu'un jour on y fasse droit !

Le mot qui est utilisé en Col 1, 20, c'est le mot de "réconciliation" et on le retrouve en Ep 2, 16 sous la même forme, apo-katallaxaï, "être réconcilié à partir de". Donc ce qui est visé par ce mot, ce n'est pas simplement l'état de réconciliation – le mot "réconcilié" qu'on trouve en Rm 5,10 ou en 1 Cor 7,11 –, il s'agit ici de l'allusion à un événement, parce qu'il y a le point de départ qui est indiqué : "réconcilié apo". Il y a un moment où une rupture s'est faite, elle s'est faite dans l'histoire, elle s'est faite "par lui". Paul va donc sciemment mettre l'événement de la mort du Christ à la place du Jour des Expiations ; au lieu de mettre le rituel, il met une personne qui est "celui qui rend Dieu propice" – voilà encore un autre mot, la "propitiation", ilaskestai, on a cela en Rm 3, 25 et en 1Jn sous la forme de ilasmos, le Christ qui est propitiation ou bien le Christ qui est ilastérion, le propitiatoire c'est-à-dire le lieu où s'est faite la réconciliation.



[1] Le jour du Yom Kippour met fin à la période des dix jours de pénitence, qui a débuté avec Roch Hachana pendant lesquels les juifs ont prié et demandé pardon à ceux à qui ils ont nuit. La fête commence une heure avant le coucher du soleil et se termine une heure après le coucher. Il consiste en jeûne et prières, scandées par cinq offices à la synagogue. Le jeûne dure au total 25 heures, et il est obligatoire pour les hommes dès 13 ans et pour les femmes dès 12 ans. Cependant, il n'est pas autorisé pour les personnes susceptibles d'en souffrir. La fin du jeûne est signifiée dans les synagogues par la sonnerie du shofar, En 2023 le Yom Kippour aura lieu du dimanche 24 septembre au soir jusqu'au lundi 25 septembre.

[2] La traduction de ce verset est très difficile.

[4] Pour désigner cette fête des expiations (Lv 23, 27 et 25, 9) l’Ancien Testament utilise le mot Kipourim, dérivé d’un verbe «couvrir», qui à sa forme intensive veut dire "expier". Ce verbe a donné son nom au propitiatoire (Kapporet), le couvercle de l’Arche de l’alliance 

[5] Lévitique 9:9 : « Les fils d'Aaron lui présentèrent le sang; il trempa son doigt dans le sang, en mit sur les cornes de l'autel, et répandit le sang au pied de l'autel. »

[6] Le Yom Kippour est la seule occasion de l’année rituelle où le grand prêtre pénètre dans le Saint des Saints. Il devait se laver, se revêtir de vêtements spéciaux, faire brûler de l'encens pour que la fumée lui couvre les yeux et l'empêche de voir Dieu directement et apporter avec lui le sang d'un animal sacrifié pour l'expiation des péchés (Exode 28, Lévitique 16).

[7] Le Livre des Jubilés découpe en « jubilés » (périodes de 49 ans) la série des événements relatés depuis la Genèse jusqu’au chapitre 12 de l’Exode. Chaque jubilé est à son tour divisé en sept séries de sept ans. Il est connu sous diverses appellations : Livre des Jubilés, Petite Genèse (parce qu’il répète ou paraphrase une grande partie de la Genèse et des passages de l’Exode), Apocalypse de Moïse et Testament de Moïse. Il aurait été écrit, dans sa forme définitive, vers l'an 100 av. J.-C. Plusieurs fragments de sa version hébraïque primitive figurent dans la "bibliothèque" découverte à Qumran en 1947.

[8] En fait Joseph n'est pas mort, il a été vendu par ses frères à une caravane. « Ils prirent alors la tunique de Joseph ; et, ayant tué un bouc, ils plongèrent la tunique dans le sang. 32Ils envoyèrent à leur père la tunique de plusieurs couleurs, en lui faisant dire : Voici ce que nous avons trouvé ! Reconnais si c’est la tunique de ton fils, ou non. » (Gn 37, 31-32)

 

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