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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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28 mai 2023

Fêtes juives dans l'évangile de Jean, parcours ponctué de citations d'Annie Jaubert et autres

Dans son évangile, Jean parle de trois fêtes de Pâque mais aussi d'autres fêtes. Le précédent message[1] donnait la parole à Jean-Marie Martin (Qui est Jean-Marie Martin ?) pour qui Jean situe un épisode dans le couvert d'une fête juive parce qu'il est dans l'esprit de cette fête, c'est l'aspect qualitatif de la fête qui vient en premier. Quelques exemples figuraient ensuite avec un parcours rapide de l'évangile.

Pour compléter les remarques faites par J-M Martin, j'ai consulté des livres et des articles, et j'ai mis cela en forme, c'est une sorte de dossier ponctué par des citations, les plus importantes étant celle d'Annie Jaubert tirées de son livre Approches de l'évangile de Jean, et surtout du Cahier Évangile 17 qu'elle a écrit sur l'évangile de Jean.

Christiane Marmèche

 

 

 Fêtes juives dans l'évangile de Jean

 

I – Approche globale des fêtes juives dans l'évangile de Jean

 

Au temps de Jésus, l'année était marquée par trois fêtes de pèlerinage – Pâque, Pentecôte et Soukkot (fête des Tabernacles) –, pèlerinages que l’on devait faire à pied au Temple de Jérusalem. Jésus, lui-même, à l’âge de douze ans, est allé en pèlerinage au Temple. En Zacharie 14, 16 il est écrit qu’à la fin des temps toutes les nations monteront vers la Jérusalem céleste, avec le peuple de Dieu, pour célébrer la fête de Soukkot qui était une fête joyeuse.

Là où les synoptiques n'évoquent que la dernière Pâque de Jésus à Jérusalem, Jean évoque trois fêtes de Pâques, Jésus étant monté à Jérusalem pour la première et la troisième mais pas pour la deuxième.

En tout dans l'évangile de Jean il y a dix-sept fois le mot "fête" (trois fois "fête des juifs" ; deux fois "fête de la Pâque" ; douze fois "fête" sans qualificatif), or 17 est un chiffre de totalité[2], somme de 10 et de 7. Par ailleurs il y a dix fois le mot "Pâque" (deux fois en Jn 2 ; une fois au ch. 6 ; deux fois à la fin du ch. 11 ; cinq fois dans les chapitres 12-19), or 10 est le chiffre de cette fête comme le montre François Quiévreux dans un article cité en partie ici à propos de Jn 6 au II.

 

1) Proposition de structure de l'évangile de Jean à partir des fêtes juives et des signes.

En fonction de la mention des fêtes juives et/ou en fonction des signes opérés par Jésus, certains commentateurs divisent l'évangile de Jean en 7 parties en se basant sur le chiffre 7 (qui peut renvoyer à la semaine de la création ou à une semaine de semaines), les propositions diffèrent parfois[3].

Voici une proposition de division de l'évangile de Jean en 7 parties tenant compte des fêtes et des signes. L'ensemble forme une sorte de chiasme avec comme centre le chapitre 6 qui contient deux signes :

  1. Jn 1,19 – 2,11 : premier temps avec le signe des Noces de Cana
  2. Jn 2,13 – 4,54 : 1ère Pâque avec le signe de la guérison-résurrection[4] du fils de l'officier royal. Le récit des vendeurs chassés du Temple est peut-être en lien avec la fête de la Dédicace qu'on a au 6e (et qui concerne la purification du Temple).
  3. Jn 5 : fête de Pentecôte[5] avec le signe de la guérison du paralytique
  4. Jn 6 : 2e Pâque avec deux signes : multiplication des pains et marche sur les eaux
  5. Jn 7-9 : fête des tentes avec le signe de la guérison de l'aveugle-né
  6. Jn 10-11 : fête de la Dédicace avec le signe de la résurrection de Lazare (voir n° 2)
  7. Jn 12-19 (ou 12-21) : 3e Pâque avec le signe des signes qu'est la mort-résurrection sur la croixavec l'eau et le sang qui sortent du côté (signe annoncé en Jn 2, 18-19) qu'on peut mettre en correspondance avec l'eau et le vin des Noces de Cana[6]

De même que dans l'évangile de Jean on passe du 7e jour au 8e jour[7] qui est le retour du 1er jour, on peut aussi détecter un 8e temps avec les chapitres 20-21 où on a la fête de Pentecôte (20,19-23) et le signe de la pêche miraculeuse.

 

2) Extrait de livres et d'articles.

Annie Jaubert, Cahier évangile 17a) Annie JAUBERT, Cahiers Évangile n° 17, p. 29

Dans une recherche sur la composition de l'évangile on ne saurait passer sous silence la place qui tienne des fêtes juives. Autour de ces fêtes se cristallisent certains ensembles. Le point de vue de l'évangéliste est de montrer que toutes les fêtes du Temple trouvent leur aboutissement dans le Christ dont le corps est désormais l'unique Temple (Jn 2, 21).

La chose est claire dès la première montée de Jésus à Jérusalem, aux approches de la Pâque -Jn 2,13). Jésus expulse non seulement - comme dans les Synoptiques – les changeurs de monnaie et les vendeurs de pigeons, mais les bœufs et les brebis (v.14). Or les bœufs et les brebis étaient les victimes pascales (Dt 16,2). L'insistance de l'évangéliste, qui répète au v.15 « avec leurs brebis et leurs bœufs » veut souligner que les victimes destinées à la Pâque ont été chassées. C'est le signe que virtuellement la Pâque juive est abolie.

Une allusion à la Pâque colorera discrètement la scène de la multiplication des pains, figure de l'Eucharistie.

La troisième Pâque - celle de la mort de Jésus - sera sans cesse annoncée comme dans une sorte de crescendo à partir de Jn 11,25. Voir 12,1 ; 13,1 ; 18,28 ; 19,14. Cette tension vers la fête de Pâque n'aboutit pas à la fête juive et s'achève à la croix. Jésus meurt « le jour de la Préparation de la Pâque » (Jn 18,14), donc alors que l'on commençait égorger les victimes pascales, mais les regards ne se portent que sur lui « dont les os ne sont pas brisés » (Jn 19,36). Citation de l'écriture concerne à la fois le juste protégé de Dieu et l'agneau pascal (Ps 34,21 ; Ex 12,46 ; Nb 9,12). L'évangéliste voit en Jésus celui qui remplace toutes les victimes pascales de l'Ancien Testament. Jésus protège et délivre le peuple de l'alliance nouvelle, comme l'agneau du temps de l'Exode avait protégé de son sang les fils d'Israël et inauguré leur délivrance (Ex 12,1-14).

D'autres fêtes juives servent aussi de cadre à certains épisodes du ministère de Jésus…

 

b) Johannes BEUTLER, revue SIDIC[8] : Le cycle des fêtes juives dans l'évangile de Jean.

Dans les chapitres que nous étudions, les fêtes juives sont encore plus importantes que les discussions sur le sabbat. La guérison de l’infirme, relatée au chapitre 5, a lieu au cours d’une fête non définie, mentionnée en 5, 1. La recherche de l’identité de cette fête a fait couler beaucoup d’encre. A ce jour, aucune solution entièrement satisfaisante n’a été donnée.

Je penche toujours en faveur de la proposition faite dans la Bible de Jérusalem par Donatien Mollat, qui fut mon maître à Rome, selon laquelle il s’agirait de la fête de Pentecôte/Shavouot. Les raisons à l’appui de cette hypothèse sont de deux ordres : la Pentecôte est une fête juive qui était associée à l’idée d’alliance à l’époque du second Temple. Cela pourrait expliquer pourquoi non seulement la législation afférente au sabbat mais le rôle même de Moïse et la fidélité à sa Loi ressortent tant dans le débat qui suit la guérison de l’infirme (Jn 5, 19-30 ; 31-47, en particulier aux derniers versets 45-47). Comme j’ai tenté de le montrer ailleurs[9], le grand commandement de Dt 6, 4sv. est également à l’arrière-plan de Jn 5, 42-44, où l’on trouve une référence au commandement d’amour et à l’unicité de Dieu.

La seconde raison d’identifier à la Pentecôte la fête juive évoquée en Jn 5 est le fait que l’évangile de Jean semble structurer toute l’activité de Jésus, du début à la fin, autour du cycle des grandes fêtes juives.

Ce cycle commence par une première Pâque, mentionnée en Jn 2, 13, avant le premier pèlerinage de Jésus à Jérusalem et sa rencontre avec Nicodème. Puis vient la fête sans nom de Jn 5, 1, avec un autre pèlerinage de Jésus à Jérusalem : dans la succession des trois fêtes pour lesquelles, selon Ex 23, 16 ; 34, 22, il est prescrit de se rendre en pèlerinage à Jérusalem, cette fête serait la fête des Semaines, c’est-à-dire la Pentecôte. La fête suivante est la fête des Tabernacles, où l’on retrouve Jésus à Jérusalem (7, 2), suivie de la fête de la Dédicace, mentionnée en 10, 22. A la fin, d’après Jn 11,55, Jésus monte une dernière fois à Jérusalem et il finira sa mission terrestre dans la ville sainte lors de cette grande fête juive.

Ce cycle de fêtes n’est interrompu que par la Pâque mentionnée en Jn 6, 4. Apparemment, Jésus ne monte pas à Jérusalem à cette occasion. Il se peut que l’ensemble du chapitre 6 remonte à une phase de rédaction plus tardive du quatrième évangile, où l’écart avec la synagogue était déjà profond. Dans la mesure où Jésus s’y désigne comme étant le Pain de vie, donné à la communauté de croyants également sous la forme de l’Eucharistie, la Pâque chrétienne avait peut-être déjà remplacé la célébration de l’antécédent et du modèle juif. Si l’on retient cette hypothèse, on voit que toute l’activité publique de Jésus s’inscrit dans le cadre d’un seul cycle des grandes fêtes juives. Le sens profond de cette perspective serait que, dans l’optique du narrateur, Jésus « accomplit » la liturgie juive et la mène à son achèvement. Cela irait de pair avec l’idée du quatrième évangéliste selon laquelle Jésus « accomplit » aussi l’espace sacré d’Israël en étant lui-même dans son corps le lieu de la présence de Dieu. Telle est la claire signification du passage relatif à la purification du Temple en Jn 2, 13-25. Jésus serait alors représenté comme celui qui accomplit à la fois les lieux saints et le temps sacré d’Israël – prétention énorme qui a tout naturellement suscité un débat extrêmement passionné.

 

II – Parcours dans l'évangile de Jean

 

Dans chacun des passages correspondant aux six fêtes mentionnées, on peut relever des éléments concordants avec la fête. Dans le message précédent publié sur le blog (Symbolique des fêtes juives dans l'évangile de Jean, extraits d'interventions de J-M Martin), Jean-Marie Martin en avait relevé quelques-uns, voici maintenant d'autres apports dont certains viennent de livres ou d'articles.

 

1/ Une première Pâque – Jean 2,13 à 4,54

Jn 2,13 et 23 : notation d'une première Pâque où Jésus monte à Jérusalem. Il est en train d'inaugurer son œuvre publique.

Dans l'épisode des vendeurs chassés du Temple, il est question entre autres de brebis (probata), un mot qui peut aussi se traduire par "agneaux": « Il (Jésus) trouva dans le Temple ceux qui vendent bœufs et brebis et colombes, et les changeurs de monnaie assis. 15Faisant un fouet de cordes il les chassa tous hors du Temple (à savoir) les brebis et les bœufs… » (Jn 2, 14-15).

Dans l'extrait donné au I 2° a), Annie Jaubert citait Dt 16, 2 (LXX) : « Tu sacrifieras, pour la Pâque du Seigneur ton Dieu, des bœufs, des brebis (probata) et des chèvres, au lieu seul que le Seigneur ton Dieu aura choisi afin que son nom y soit invoqué » pour dire que « Jésus expulse non seulement - comme dans les Synoptiques – les changeurs de monnaie et les vendeurs de pigeons, mais les bœufs et les brebis (v.14). Or les bœufs et les brebis étaient les victimes pascales (Dt 16,2). L'insistance de l'évangéliste, qui répète au v.15 « avec leurs brebis et leurs bœufs » veut souligner que les victimes destinées à la Pâque ont été chassées. C'est le signe que virtuellement la Pâque juive est abolie.

Dans Jésus au milieu de son peuple, Jean-Pierre Charlier[10] se réfère, lui, à Ex 12,3 (LXX) : « Que le dixième jour de cette lune chacun de vous prenne une brebis (probaton) dans sa maison paternelle ; chacun une brebis par maison. » Il préfère traduire probata par "agneaux" (mais il y a deux mots grecs pour "agneau", en Jn 1, 19, c'est l'autre :  amnos) :

  • « Un détail du texte johannique attire l'attention : il est le seul en effet à mentionner, par deux fois, l'expulsion des agneaux (2, 14-15). Cette particularité vient confirmer, à sa manière, l'hypothèse émise que Jean songe ici à la date du 10 Nisan[11]. Ce jour n'est pas quelconque puisque c'est précisément celui que désigne la loi (Ex 12,3) pour l'achat de l'agneau pascal. Jésus donc chasse du Temple tous les animaux de sacrifice et plus expressément les agneaux que les Juifs doivent se procurer ce jour-là pour célébrer la Pâque « qui est proche », ce qu'éclaire la déclaration faite d'un jour plutôt par le Baptiste : « Voici l'agneau de Dieu » (1, 29). On dirait que Jésus purifie le temple afin de permettre - en signe seulement - une célébration nouvelle de la Pâque, entièrement orientée sur sa personne : le trait prend une valeur et une expression nouvelles. D'emblée, tout le ministère de Jésus est axé sur cette transformation, et l'on comprend déjà que Pâque ne sera jamais plus comme avant.[12] »

Par ailleurs quand Jésus dit « Détruisez ce Temple et en trois jours je le rebâtirai », il fait allusion à la Pâque chrétienne.

Il reste plusieurs mois en Judée et retourne en Galilée en passant par la Samarie. À la fin du chapitre 4, on trouve deux fois la mention de "la fête" qui était donc Pâque : « 45Quand donc il vint dans la Galilée, les Galiléens l'accueillirent ayant vu toutes les choses qu'il avait faites à Jérusalem pendant la fête car eux aussi étaient montés à la fête. » Puis il y a la guérison du fils de l'officier royal.

 

2/ La Pentecôte – Jean 5.

« Il y eut une fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem » (v. 1). Cela se passe à la piscine de Béthesda, et le texte mentionne cinq portiques, mais les fouilles ont montré qu'il n'en était rien. Le chiffre cinq a donc été introduit pour exprimer quelque chose d'important, par exemple cela peut être une allusion aux cinq rouleaux de la Loi (Pentateuque).

Voici ce que dit Annie Jaubert à propos de la piscine et des cinq portiques :

  • « Cette scène de l'Évangile paraît fort éclairée par les dernières découvertes faites à la piscine probatique (la piscine des brebis) qui a toujours été localisée au nord-est du temple, à l'endroit où s'est lève actuellement l'église Sainte-Anne. Une interprétation un peu active des premières fouilles avait cru découvrir là les restes d'une piscine à cinq portiques, celle que signale Jn 5, 2. En fait, avec la progression des fouilles, il apparaît plutôt qu'au temps de Jésus, il y avait là un ensemble balnéaire dont les eaux curatives attiraient le petit peuple[13]. Il est dans la nature des choses que l'effet des eaux ait été attribué à des puissances surnaturelles. À cette croyance fait allusion le verset 4 du texte (qui cependant est peut-être une surcharge). » (Cahiers Evangile 17, p. 41)

À cause de l'expression "la fête des juifs" (qui n'est pas dans tous les manuscrits), on pourrait penser qu'il s'agit de la fête des tentes, mais le texte n'est pas dans une tonalité festive, il y est surtout question de jugement, et il y a la mention des cinq portiques qui fait signe vers le don de la Loi (Pentateuque). Donc il s'agit sans doute de la fête de Pentecôte.

Voici l'interprétation de Joseph Pierron[14] lors d'une lecture de Jean 5 :

  • « Jésus vient à Jérusalem et il vient parce que c'est "la fête". Il y a de très bons manuscrits comme le Sinaïticus, le C, le L, le D qui ont "la fête" et les autres ont "une fête". Le mot indique une fête de pèlerinage. Il y avait trois fêtes de pèlerinages par an : la fête des azymes, la fête de la Pentecôte et la fête de la récolte. La fête précédente était Pâque d'après Jn 2, 13 ; la fête qui suit Pâque est celle qui arrive après la semaine de semaines : sept fois sept jours, soit 49 jours qui suivent la Pâque, c'est la fête de la Moisson. C'est à ce moment-là qu'on présentait les cinq rouleaux… d'où la mention de cinq portiques dans notre texte. Ce qu'indique la communauté johannique c'est : quel est le remplacement de la Loi, qu'est-ce qu'on va célébrer là ? »

Voici ce que dit Yves Simoens dans Selon Jean :

  • « La mention emphatique d'une "fête des juifs" attire l'attention, d'autant qu'elle est dépourvue d'autres précisions. (…) Après la fête de Pâque mentionnée en 2, 13, et qui a lieu au printemps, après le regard posé sur "les champs blancs pour la moisson" de 4, 35, il est légitime de penser à la fête de pèlerinage suivante puisque Jésus monte à Jérusalem. La fête de la moisson d'été, la Pentecôte, 50 jours après Pâques, encore appelée "fête des Semaines" – Shavou'ot en hébreu (Ex 34, 22) – toujours célébrée dans le judaïsme contemporain, semble la plus vraisemblable. La célébration du don de la Torah au Sinaï dans le cadre de cette fête date de la fin du Ier siècle : elle consonne bien avec le discours qui suit où il est de nouveau question de "don" (5, 21.26) et de Moïse (5,45-46). » (Y. Simoens, Selon Jean, Institut d'Etudes Théologiques, Bruxelles, 1997, Tome 2, p. 237-238)

Voici ce que dit Johannes Beutler dans la revue SIDIC, article déjà cité à la fin du I :

« La guérison de l’infirme, relatée au chapitre 5, a lieu au cours d’une fête non définie, mentionnée en 5, 1. La recherche de l’identité de cette fête a fait couler beaucoup d’encre. A ce jour, aucune solution entièrement satisfaisante n’a été donnée. Je penche toujours en faveur de la proposition faite dans la Bible de Jérusalem par Donatien Mollat, qui fut mon maître à Rome, selon laquelle il s’agirait de la fête de Pentecôte/Shavouot. Les raisons à l’appui de cette hypothèse sont de deux ordres : la Pentecôte est une fête juive qui était associée à l’idée d’alliance à l’époque du second Temple. Cela pourrait expliquer pourquoi non seulement la législation afférente au sabbat mais le rôle même de Moïse et la fidélité à sa Loi ressortent tant dans le débat qui suit la guérison de l’infirme (Jn 5, 19-30 ; 31-47, en particulier aux derniers versets 45-47). Comme j’ai tenté de le montrer ailleurs, le grand commandement de Dt 6, 4sv. est également à l’arrière-plan de Jn 5, 42-44, où l’on trouve une référence au commandement d’amour et à l’unicité de Dieu.

 

3/ Deuxième Pâque – Jean 6.

Jn 6, 4 : « la Pâque, la fête des Juifs, était proche », mais Jésus est en Galilée.

Le texte mentionne cinq pains d'orge, or l'orge est caractéristique de la Pâque. En effet la fête de Pâque a repris la fête agraire des Azymes qui fêtait le début de la moisson de l'orge, la première céréale qu'on pouvait récolter.

Les deux signes que sont la multiplication des pains et la marche sur les eaux rappellent la manne qui était la nourriture du désert, et la traversée de la Mer Rouge lors de l'exode pascal des Juifs sous-jacent à la fête de la Pâque.

Marc Chagall, repas de l'agneau pascalLe discours sur "manger ma chair et boire mon sang" sous-entend le thème de l'agneau pascal (thème abordé dans l'article suivant de F. Quiévreux et dans un texte d'Annie Jaubert à propos de la troisième Pâque au 7/).

 

Voici un extrait d'un article de François Quiévreux qui rapproche multiplication des pains en Jn 6 et fête de la Pâque (cet article figure sur le blog[15]) :

« Pourquoi y a-t-il deux poissons ? Le nombre deux est celui de la division. Il symbolise la rupture de l'unité. Il faut reconnaître toutefois que, dans le quatrième évangile, un grand nombre de mots dont le sens est très divers sont employés deux fois et que de ce fait, il est difficile de dégager les mots-clefs. On retiendra cependant que dans tout l'évangile, Jésus est désigné deux fois comme le Messie, et deux fois comme l'Agneau de Dieu (Jean 1, 29 et 36). Jésus, à la fois Messie et Agneau, par son incarnation, assume la faiblesse humaine. Il accepte d'appartenir au monde de la division pour rétablir l'unité « afin que tous soient Un, Moi en eux et Toi en Moi » (Jean 17, 23).

L'Agneau de Dieu nous oriente vers le symbolisme eucharistique de la nouvelle Pâque, dont la Pâque de l'Ancien Testament était la figure, le signe. C'est une idée centrale du quatrième évangile que Jésus est lui-même l'agneau de la Pâque : il meurt sur la croix à l'heure où les Juifs mangent la Pâque[16].

Le symbolisme numérique qui s'applique à la Pâque dans le quatrième évangile est celui du nombre dix. La fête juive de la Pâque commémore en effet la dixième plaie, qui eut lieu la nuit où Yahvé frappa tous les premiers-nés dans le pays d'Égypte. L'ange exterminateur épargna les maisons des enfants d'Israël, dont le seuil était marqué du sang de l'agneau pascal (Exode 2, 1-14). Cette fête se célèbre le dixième jour du premier mois de l'année (Ex. 12, 2-3).

Le symbolisme de la Pâque étant celui du nombre 10, il contient le symbolisme des nombres 5 et 2 qui sont ses facteurs premiers. Les pains assumant le symbolisme de 5, il était donc nécessaire que les poissons expriment[17] le symbolisme de 2.

Écartons ici une possibilité d'erreur qui touche à l'essence même du signe ou symbole. Si l'auteur de l'évangile avait conçu son récit comme une allégorie, il aurait de son propre arbitre, ayant assisté à la multiplication des pains, choisi les nombres de 5 pains et de 2 poissons afin de souligner le rapport entre la multiplication des pains et la Pâque, correspondant au nombre 10. Mais ce serait le pire des contre-sens de croire que l'évangéliste a procédé ainsi. En réalité tous les événements, quels qu'ils soient, sont accompagnés de signes. Ceci reste vrai dans le monde qui nous entoure, mais la pensée moderne est devenue, du moins dans notre civilisation occidentale, inapte à l'observation et au déchiffrement des signes. L'auteur du quatrième évangile a au contraire toute son attention appliquée à l'observation et au déchiffrement des signes.

Il en est ainsi, par exemple, le jour où les deux premiers disciples rencontrent Jésus, que Jean-Baptiste désigne en disant : « Voici l'agneau de Dieu ». Jean remarque que ceci se passe à la dixième heure du jour, et il déduit de ce signe que cette phrase s'applique à l'agneau de la Pâque (Jean 1, 35-39)[18].

Ainsi, si nous revenons au déchiffrement des signes mentionnés dans le récit johannique de la multiplication des pains, il apparaît avec évidence que la mention de la Pâque au verset 4 du récit n'a pas seulement une portée chronologique, mais qu'elle est destinée avant tout à souligner le rapport entre la multiplication des pains et la Pâque. Pour Jean, la multiplication des pains est un repas pascal, le premier repas pascal. Si le nombre de participants est de 5.000 hommes, c'est qu'ils constituent la figure de ceux qui sont mis à part pour Dieu, « les saints », suivant le langage des premiers chrétiens, c'est-à-dire l'Église.

La foule (oklos) est nommée deux fois dans le récit 6, 1-13. Ce même terme oklos est employé 20 fois dans tout l'évangile[19]. Peut- être y a-t-il là aussi un symbole de l'Église. En effet les frères, adelphos sont nommés 14 fois dans l'évangile, et les sœurs, adelphé 6 fois. Le nombre total 20 se rapporterait ainsi à l'Église.

Le fait que Jean situe la multiplication des pains sur la montagne (6,3), alors que les autres évangélistes font mention seulement d'un lieu désert, n'est pas à négliger. La montagne (oros) n'est mentionnée ici qu'une seule fois, mais le mot oros apparaît en tout cinq fois dans l'évangile. Le caractère sacré des sommets appartient à un symbolisme très ancien. Il est naturel que Jean l'ait conservé et ait tenu à rappeler que ce premier repas de la Pâque nouvelle a eu lieu sur une montagne. »

 

4/ La fête des tentes (Soukkot) – Jean 7, 8 et 9.

Jn 7 : au v. 2 notation de la fête des tentes (ou des cabanes ou des tabernacles) qui est un pèlerinage à Jérusalem. C'est une fête qui dure sept jours mais le lendemain est encore un jour de fête, "la joie de la Torah" (Simrat Torah), ce jour-là la lecture du Pentateuque (qui couvre toute l'année) s'achève sur le dernier verset du Deutéronome, et la lecture recommencera ensuite avec le premier verset de la Genèse.

C'est la dernière des fêtes d'automne. Cette fête joyeuse célèbre Dieu pour les dons passés mais aussi pour les dons à venir.

  • «13Tu célébreras la fête des tabernacles pendant sept jours, quand tu recueilleras le produit de ton aire et de ton pressoir. 14Tu te réjouiras à cette fête, toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, et le Lévite, l'étranger, l'orphelin et la veuve qui seront dans tes portes. 15Tu célébreras la fête pendant sept jours en l'honneur de YHWH ton Dieu, dans le lieu que choisira YHWH ; car YHWH ton Dieu, te bénira dans toutes tes récoltes et dans tout le travail de tes mains, et tu te livreras entièrement à la joie. » (Dt 16, 13-15)

Comme le dit Christian Grappe dans un article[20] :

  • « Les paroles que Jésus prononce lors de la fête des Tentes à Jérusalem en annonçant que, de son sein, couleront des fleuves d’eau vive (Jn 7, 37-38) et en proclamant qu’il est la lumière du monde (Jn 8,12) prennent-elles tout leur relief à partir de cette fête. C’était en effet une célébration de la lumière qui donnait lieu à des libations d’eau pour invoquer la pluie et sans doute plus encore. On attendait en effet que, à l’horizon eschatologique, une source jaillisse du Temple, qui se transformerait en torrent et générerait une fécondité paradisiaque (Ez47,1-12), prodige dont Za14,8 situe la réalisation dans le contexte de la fête des Tentes (Za 14,16-18). »

C'est une fête de l'eau. À proximité de Jérusalem on allait puiser l'eau à Siloé pour la verser sur l'autel, dans les chants et les danses, en espérant que la pluie vienne. Au chapitre 9 il est justement question de la piscine de Siloé où l'aveugle-né va se laver.

Jésus ne peut se rendre qu’incognito à la fête. Le chapitre 7 parle des fleuves d'eau vive qui couleront de son sein", symbole de l'Esprit, et c'est une image liée à la fête des tentes.

 

Au début du chapitre 8, Jésus va vers le mont des Oliviers, or le mont des Oliviers est lié à la fête des tentes :

  • « En ce jour-là ses pieds (de YHWH) se poseront sur le mont des Oliviers qui fait face à Jérusalem vers l'Orient. Et le mont des Oliviers se fendra par le milieu, d'est en ouest, en une immense vallée (…) et YHWH mon Dieu viendra, tous les saints avec lui. (…) Il arrivera que tous les survivants de toutes les nations qui auront marché contre Jérusalem monteront, année après année, se prosterner devant le roi, YHWH Sabaot et célébrer la fête des tentes. » (Za 14,4).

Par ailleurs le chapitre 8 est le seul où Abraham est cité, et on y trouve 10 fois son nom, or Abraham est celui qui a accueilli les trois voyageurs dans sa tente (Gn 18), c'est pourquoi Dieu avait donné des tentes à son peuple, dit la tradition !

 

5/ La fête de la Dédicace – Jean 10 et 11.

En Jn 10.22 il est fait mention de la fête de la Dédicace à Jérusalem. Cette fête rappelle la purification du Temple par les Macchabées. Ce n'est pas une fête de pèlerinage.

« Jésus marchait dans le Temple, sous le portique de Salomon », mais le portique de Salomon est considéré comme extérieur au Temple.

En fait ce qui concerne cette fête commence dès le début du chapitre où le thème du Temple peut s'entendre dans plusieurs mots : « Celui qui n'entre pas par la porte dans l'enclos (aulé) des brebis, mais qui monte à partir d'ailleurs, celui-là est un voleur et un brigand. 2Mais celui qui entre par la porte (thura), c'est le berger des brebis. 3À celui-ci, le portier (thyrôros) ouvre. »  

  • C'est Frédéric Manns qui en parle : « Il est important de rappeler que certains mots peuvent être rattachés au Temple : aulé traduit dans la LXX l'hébreu hatser (parvis) – 2 Chroniques 4,9) –, parfois esrah, parfois aussi sha'ar (porte) ; thura peut traduire l'hébreu sha'ar (en Ex 39, 40) ou petah. Enfin, thurôros est associé au Temple en Ez 44, 11. » (F. Manns, L'évangile de Jean, p. 220.)
  • « Jean au chapitre 10 associés les motifs de la porte, du berger qui donne sa vie pour ses brebis et qui les connaît dans le contexte de la fête de la dédicace du temple. Nous avons vu que I Hen 90 désignaient le temple comme la maison des brebis en évoquant le don du temple nouveau. Jean reprendra l'image des brebis pour la purification du temple et l'annonce du Temple de son corps ressuscité. (…) Le temple authentique c'est le corps du Christ. » (F. Manns, op. cit. p. 232-233).

Voici ce que dit Annie Jaubert dans le Cahiers Evangile 17, p. 31 :

  • Cette fête [de la dédicace] célébrait la purification et la consécration du Temple après les souillures qu'il avait subies au temps d'Antiochus Epiphane. C'est précisément à cette occasion que Jésus se désigne comme l'envoyé et le consacré du Père (10, 36). Encore une allusion au fait que désormais Jésus est le seul "lieu" saint ou consacré, si du moins on peut parler encore de lieu. »

Et au chapitre 11, le récit de la résurrection de Lazare évoque et annonce la mort et la résurrection du Christ, qui correspond au Temple détruit et reconstruit (cf. Jn 2,19).

 

6/ La troisième Pâqueannoncée dès Jean 11,55.

En Jn 19,14 il est dit : « C'était la veille de la Pâque, environ la sixième heure,il (Pilate) dit aux juifs : « Voici votre roi. » (…) 16Alors donc il leur livra pour qu'il soit crucifié » et la crucifixion est faite peu après, ce qui sous-entend que Jésus est crucifié à la sixième heure[21]. Or la sixième heure est celle où, dans le Temple, on sacrifiait les agneaux pour la Pâque. Ceci correspond à la phrase de Paul : « Le Christ, notre Pâque a été immolé » (1Cor 5, 7), c'est lui l'agneau pascal.

 

●  Voici ce que dit Jean Zumstein dans "Le signe de la croix"[22].

« La deuxième symbolique mise en œuvre dans la comparution devant Pilate est celle de l'agneau pascal. La passion du Christ johannique est mise en relation avec l'histoire fondatrice de l'Exode. À l'exemple de l'agneau immolé, la mise à mort imminente du Christ doit être comprise comme le grand acte de libération de Dieu en faveur de son peuple. Ici encore, par rapport à l'ensemble de la narration johannique, une subversion des valeurs apparaît. C'est dans la mise à mort, dans le sacrifice consenti, que se trouve la libération.

(…) La citation du psaume 34, 21 (« Pas un de ses os ne sera brisé ») désigne Jésus comme le juste souffrant. (…) À l'échelon de la rédaction de l'évangile, la citation du psaume est comprise à la lumière de la symbolique de l'agneau pascal (cf. Ex 12, 10.46 : vous ne briserez aucun os ; Nb 9,12 : ils n'en briseront aucun os) : la sortie d'Égypte devient l'horizon herméneutique sur le fond duquel la mort de Jésus prend sens. »

 

Annie JAUBERT, Approche de l'évangile de Jean●  Voici ce que dit Annie Jaubert, Approches de l'évangile de Jean, p. 82 et p. 136 :

« À mesure que Jésus monte à sa Passion, la mention répétée de la Pâque produit une sorte de crescendo, comme si la symbolique se précipitait sur sa fin :

  • « avant la Pâque » beaucoup de juifs viennent se purifier (11, 55) ;
  • « six jours avant la Pâque » (12, 1) ;
  • « avant la fête de la Pâque » (13, 1) ;
  • « ils n'entrèrent pas pour ne pas se souiller et pouvoir manger la Pâque » (18, 28) ;
  • « c'était la préparation de la Pâque » (19, 14).

Or cette Pâque, si attendue, ne vient jamais sous sa forme juive. Son vrai sens se dévoile à la croix où Jésus, désigné dès l'origine comme “l'agneau qui ôte le péché du monde” se manifeste comme l'agneau pascal, protégé par Dieu, donc vainqueur.

Si, dans l'Agneau-Jésus, tous sont protégés, cet agneau devient protecteur ; sens actif qui appartient à la tradition biblique.

(Note 60). La mention du rameau d'hysope en Jn 19, 29 (Ils ont mis une éponge pleine de vinaigre autour d'une branche d'hysope et l'ont portée à sa bouche)ne trouve de sens qu'à l'intérieur du symbolisme pascal. En Ex 12, 22, l'hysope sert à l'aspersion du sang de l'agneau. D'après He 9, 18-20, Moïse s'était servi de l'hysope pour l'aspersion du sang de l'alliance.

[…]

On sait que le sang de l'agneau pascal était un sang protecteur pour les fils d'Israël (cf. Ex 12, 22-23).

Encore aujourd'hui, les jeunes Samaritains sont marqués sur le front avec le sang de l'agneau de la Pâque qu'on immole sur le mont Garizim. Aux abords de l'ère chrétienne, dans certains milieux du moins, l'immolation de l'agneau était considérée comme un véritable sacrifice ; Philon d'Alexandrie l'affirme de la manière la plus claire.

La question est de savoir dans quelle mesure - avant le christianisme - cette image de l'agneau pascal a pu être transférée à des hommes. Peut-être y a-t-il déjà en Psaume 34, 21 un rapprochement entre le juste délivré de ses souffrances et l'agneau pascal. En tout cas, dans le rituel de la Pâque attesté par le Livre des Jubilés, le fait qu'aucun os de l'agneau ne soit brisé signifie que les enfants d'Israël sont protégés de Dieu (cf. Jub. 49, 13).

L'exemple le plus clair du transfert de l'image de l'agneau à un homme est celui d'Isaac, d'après le targum de Gn 22 : « C'est toi l'agneau de l'holocauste » dit Abraham à Isaac (cf. R Le Déault, La nuit pascale p. 155-159). En principe donc, il était possible de transférer à un homme l'image de l'agneau pascal.

L'évangéliste souligne la coïncidence de la mort de Jésus et de la Pâque ; avec la tradition chrétienne ancienne, il voit en lui le véritable agneau pascal. Ceci est en accord avec la pensée de Paul qui affirme : « Le Christ, notre Pâque, a été immolé » (1 Co 5, 7) et avec la première épître de Pierre qui présente Jésus comme « l'agneau sans défaut et sans tache » (1 P 1, 19), ce sont des caractéristiques de l'agneau pascal.



[2] Par exemple en Jn 21, les disciples pêchent 153 poissons, et 153 est le nombre triangulaire de 17 car il est égal à 1 + 2 + 3… + 17. Cela indique qu'ils pêchent la totalité.

[3] Cf. Frédéric MANNS, L'évangile de Jean à la lumière du judaïsme, Franciscan Printing Press, 1991, p. 13.

[4] Ce récit de guérison a pu être considérée comme un récit de résurrection. « En effet, la Vulgate, ainsi que la plupart des versions latines antérieures, donne, pour le verset Jn 4, 47, et sanaret filium eius : incipiebat etiam mori ; c'est cette formule aussi qui est reprise pour Lc 7, 2 dans deux au moins des leçons antérieures à la Vulgate (qui dit, elle : centurionis autem cuiusdam servus male Habens eroi moriturus). L'image d'un mort qui a un air de vie apparaît alors comme la seule manière de traduire cette mort "incohative" indiquée par l'incipiebat mori du verset johannique, ou le participe futur des synoptiques (on trouve également proximus morti erat). » (Françoise Monfrin, "La guérison du serviteur (Jn 4, 43-54)", Mélanges de l'école française de Rome, Année 1985, 97-2, pp. 979-1020, https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5102_1985_num_97_2_1486)

[5] Le texte lui-même parle d'une "fête des juifs", le fait que ce soit la Pentecôte est justifié plus loin au II 2/.

[6] À propos de la mort-résurrection, le mot "signe" est prononcé en Jn 2, 18 : «18Les juifs répondirent donc et lui dirent : "Quel signe nous montres-tu de ce que tu fais ces choses ? 19Jésus répondit et leur dit : "Détruisez ce temple (naos) et en trois jours je le relèverai." 20Les Juifs dirent donc : "C'est en 46 ans que ce temple a été construit ; et toi, en 3 jours, tu le relèveras ?" 21 Mais lui parlait du temple de son corps(qui est son corps).» Par ailleurs on peut relever une série de correspondances entre le premier signe accompli par Jésus, celui de l’eau changée en vin à Cana, et la scène de la crucifixion, au chapitre 19, dans laquelle l’eau et le sang jaillissent du côté de Jésus. Michel Remaud rapproche cela du 3e signe que Moïse reçoit de Dieu en Exode : « Et s’ils ne croient pas même à ces deux signes, et n’écoutent pas ta voix, tu prendras de l’eau du fleuve, et tu la répandras sur le sol, et l’eau que tu auras prise du fleuve deviendra du sang sur le sol ». (Ex 4,9) Mais ce signe ne se produit pas quand Moïse se trouve devant le buisson, il est seulement annoncé et il ne comporte pas une seconde phase dans laquelle les éléments reprendraient leur forme première. Le midrash explique cette particularité en disant que, dans ce cas Dieu ne voulut pas pardonner à Moïse "le péché de l’eau". C’est seulement lors de l’épisode des eaux de Mériba qu’il manifestera toute sa portée. En fait lors de cet autre épisode Moïse frappe le rocher deux fois et le midrash dit qu'il en sort de l'eau et du sang. Etc (cf. "Jean et les traditions juives anciennes sur l’Exode" : dépendances et oppositions, Nouvelle revue théologique 2005/4, Tome 127)

[8] Extrait de "Jésus en conflit, histoire et théologie en Jean 5-12", publié dansÉvangile de Jean, Conflits et controverses, Revue SIDIC n° 34-35, 2001-2002/1.3  (https://www.notredamedesion.org/archived/www.notredamedesion.org/fr/dialogue_docs9931.html?a=3b&id=199)

[9] Johannes Beutler, Studien zu den johanneischen Schriften, Stuttgart, Kath. Bibelwerk, 1998, 107-120.

[10] Jean-Pierre CHARLIER, Jésus au milieu de son peuple, Lire la Bible n° 85, Cerf, 1989, p.43-44.

[11] Nisan est le nom du mois où a lieu la Pâque.

[12] Dans son livre J-P Charlier propose ensuite une suggestion : « Cette première année, Jésus fête donc la Pâque à Jérusalem (2, 23). Ce séjour fournit à l'évangéliste l'occasion de placer un entretien avec Nicodème pendant la nuit (3, 1-2) : ne serait-ce pas, précisément, la nuit pascale ? Il s'agit de la nouvelle naissance, grâce à l'eau et à l'esprit (3,5) un thème d'origine exodiale. Tout ce chapitre prend couleur d'homélie catéchétique baptismale pour la nuit pascale : l'eau donnant accès à une re-naissance autant que le rappel des serpents élevés par Moïse dans le désert sont en parfaite situation. Quant à la lumière qui brille maintenant dans le monde (3, 19-21), elle est d'autant plus significative si l'allusion y est faite au cœur de la nuit pascale où luit la pleine lune. »

[13] « D'après les nouvelles fouilles il est impossible de localiser les cinq portiques. En effet, l'on ne trouve pas là un seul bassin rectangulaire, traversée au milieu par une Dix centrale, mais deux bassins séparés par cette digue est dont la forme est irrégulière. Les fragments de colonne retrouvée ne suffisent pas à démontrer l'existence de portiques. Par contre, c'est faux et révèle la présence de grotte naturelle, dont certaines étaient aménagées pour de petits bars, ce qui constitue un ensemble balnéaire. Au second siècle de notre ère, au temps où Jérusalem détruit était devenu la ville païenne de Aelia Capittolina, il exista là un sanctuaire dédié aux dieux guérisseurs. (…) Voir A. Duprez, Jésus et les dieux guérisseurs à propos de Jean V, Gabalda 1970. Même hypothèse sous une forme simplifiée dans Bible est terre Sainte, n° 86, oct.-nov. 1966. » (Encadré du cahier Évangile 17, p. 42).

[14] Joseph Pierron (décédé en 1998) lisait l'évangile de Jean à Saint-Merri. Cf. Qui est Joseph Pierron ?.

[16] Le récit du repas du chapitre 13 de l'évangile de saint Jean n'est pas le repas pascal ; il se situe avant la Pâque (Jean 13,1).

[17] C'est une règle générale, déjà observable dans l'Ancien Testament que le symbolisme d'un nombre est celui de ses facteurs. En matière de symbolisme numérique, les nombres se multiplient et ne s'additionnent pas, sauf s'il s'agit du symbolisme de deux mots différents, synonymes ou voisins, qui dans ce cas s'ajoutent. Ce dernier cas est fréquent chez le quatrième évangéliste.

[18] La première déclaration de Jean-Baptiste « Voici l'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1, 29) se rapporte au Serviteur souffrant des prophètes, à « l'agneau conduit à la boucherie » d'Esaïe 53, 7. La seconde déclaration de Jean-Baptiste, à l'agneau de la Pâque, ce que souligne le symbolisme de la dixième heure. L'évangéliste se propose de montrer que Jésus est à la fois le Serviteur de Yahvé annoncé par les prophètes, et en même temps l'agneau de la Pâque.

[19] Le mot ekklêsia, église, apparaît 20 fois dans l'Apocalypse de Saint Jean.

[20] "Des unités « littéraires » pré-évangéliques résultant d’une relecture d’épisodes de la vie de Jésus a la lumière des grandes fêtes juives", RCatT 38/1 (2013) 117-138, Facultat de Teologia de Catalunya

[21] Chez les Synoptiques on a le même écho puisque Jésus meurt à la 9e heure, et il est dit que : « Depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième, il y eut des ténèbres sur toute la terre. » (Mt 27, 45), ce qui sous-entend que la crucifixion a eu lieu à la 6e heure.

[22] "Le signe de la croix" dans Les signes et la Croix chez saint Jean, Lumière et vie n° 209, octobre 1992, p. 79.

 

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