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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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1 mars 2025

Orienter le Carême sur la Résurrection, par G de Taisne

Le carême 2025 commence mercredi des Cendres 5 mars.  Dans un article de la Croix publié le 17 février 1999, Geneviève de Taisne rappelle que pendant le carême, il s'agit de se préparer “à recevoir le don de vie, d'une vie plus forte que la mort”. Elle propose donc d'orienter le Carême sur la Résurrection en apprenant à se mettre dans une attitude d'écoute de la Parole de Dieu.

Geneviève de Taisne est psychanalyste, psychothérapeute, ancien professeur à l'Institut Catholique de Paris. Elle travaille surtout les questions qui touchent à la foi et à sa transmission ainsi qu’à l’éducation. Elle a notamment publié : L’amour, la mort, comment en parler aux enfants et aux adolescents ? Amie de longue date de Jean-Marie Martin à qui est dédié le présent blog, elle faisait en particulier partie du petit cercle d'amis qui se réunissait chez elle autour de Jean-Marie pour lire saint Paul.

Voici l'article de la Croix, l'entretien étant réalisé par Agnès Auschitzka.

 

 

Entretien sur le Carême

 

 

► Pénitence, privations, sacrifices... Le Carême serait-il un danger pour l'équilibre psychologique ?

Geneviève de Taisne : Le carême n’est pas « en soi » un danger pour l’équilibre. Il le devient s’il enferme l'être humain dans la souffrance pour la souffrance, voire qu’il valorise celle-ci . Une telle attitude est stérile, mortifère.Il est un temps d’ascèse, c’est-à-dire de transformation, pour mieux accueillir la fête de Pâques, fête de la Vie par excellence.

 

► En quoi la perspective de Pâques justifie-t-elle un temps préalable de pénitence ?

G d T : Parce que toute fête, pour être réussie, mérite d'être préparée. Nous en faisons l'expérience lors des moments festifs qui jalonnent nos vies. Spontanément, nous nous demandons : comment faire pour que tout le monde trouve son compte de bonheur ? Qu'ai-je envie de vivre et de faire vivre aux autres à l'occasion de cet anniversaire, de ce retour de l'enfant éloigné, de cette réussite à l'examen ?

 

► Mais ces préparatifs ne sont pas de l'ordre de l'ascèse...

G d T : Le ressort de l'être humain est son désir, qui mobilise son énergie pour atteindre un but. Quel que soit le but qu'il se donne, l'homme doit faire des choix, des renoncements, des efforts, etc. Pour que le concert soit un succès, le pianiste aura dû répéter des heures durant. Pour que le repas de fête soit copieux et bon, la maîtresse de maison aura peut-être dû se priver pour acheter le meilleur ; elle aura pris sur son temps pour la cuisine, la déco. Tout renoncement, toute privation, tout effort est une démarche d'ascèse mais ils sont « pour » quelque chose.

 

► Que désire le chrétien pendant le Carême ?

G d T :  Il se prépare à recevoir le don de vie, d'une vie plus forte que la mort. Orienter le Carême sur la Résurrection, c'est  dynamisant et vivifiant et oriente le regard sur la Passion.

 

► Se priver de chocolat ou de télévision, ce n'est donc pas pour s'associer aux souffrances du Christ sur la croix ?

G d T :  Jésus a porté toutes nos souffrances humaines, tous nos péchés pour nous en délivrer. Les efforts de Carême sont là pour nous aider à accueillir une parole de Résurrection. Ils viennent dire notre foi en Dieu, en sa capacité de nous transformer à travers nos petits efforts. Vivre le Carême, c'est vivre un peu plus dans la vérité de soi, de nos faiblesses et notre désir d’entrer dans la salle du festin. Nos efforts vont avec la nourriture de la Parole qui nous revêtira de la robe blanche. On ne peut avancer sans l'action de la parole de Dieu sur nous qui se manifeste dans notre démarche d’ascèse.

 

► Comment des enfants, des jeunes peuvent-ils comprendre cela ?

G d T : Comme les adultes : en apprenant à se mettre dans une attitude d'écoute. C'est la parole de Dieu qui nous fait agir, nous pousse à nous transformer et à vouloir vivre du désir de Dieu. Pour se mettre dans une telle disposition, la prière est première : c'est elle qui nous ouvre à ce regard sur nous-mêmes, à cette soif de Dieu.

 

► Le jeûne rencontre un regain d'intérêt auprès des jeunes. Comment l'expliquez-vous ?

G d T : Il me semble que le jeûne donne à ceux qui n'ont jamais connu le manque, l'occasion de se dépasser. L'expérience du dépassement, à condition qu'elle débouche sur la relation aux autres, à l'Autre (Dieu), est une expérience authentiquement spirituelle. Un jeune de vingt ans, qui a pris l'habitude de se priver de chocolat (qu'il adore), pendant le Carême me disait : " Encore maintenant, à chaque fois que je renonce à en prendre, je pense à Dieu. C'est lui qui agit en moi et me rend capable de cet effort. C'est pour moi le signe de sa présence. "

 

► Que dire du Carême vécu en famille ?

G d T : Une fête préparée à plusieurs débouche sur un plus grand bonheur. Ces actions de Carême vécues en famille, à condition qu'elles soient respectueuses du désir de chacun, peuvent contribuer à remettre de l'harmonie et de la paix entre ses membres. En quelque sorte à consolider le ciment de ce "vivre ensemble chrétien" qui réjouit les cœurs.

 

 

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