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La christité
La christité
  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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2 décembre 2021

Témoignage de Colette Netzer en mémoire de Jean-Marie Martin

Colette est l'une des plus anciennes élèves de Jean-Marie Martin à l'IER. Elle a d'ailleurs suivi son cours de nombreuses années, et grâce à elle nous avons de bonnes notes de cours. Elle est de ceux qui ont rapidement œuvré pour la transcription de sessions. Pendant une quinzaine d'années nous avons mis en forme 19 cahiers, d'abord publiés sous forme de polycopiés, et maintenant à disposition sur le blog dans la catégorie Transcriptions de SESSIONS.

Le premier texte publié ici est son témoignage personnel. Un second texte est ajouté car elle le fait sien même s'il vient d'ailleurs (elle ne se souvient plus de qui il est)… Un troisième texte reprend des idées auxquelles elle tient.

Le tag décès JMM contient des paroles d'amis de J-M Martin. Voici la liste :

 

 

Jean-Marie, tu nous as quittés

 

Jean-Marie Martin en actionJean-Marie, tu nous as quittés et maintenant nous sommes orphelins ! Nous allons devoir nous passer de ta parole qui nous découvrait l’Évangile au fil de tes lectures. Tu nous as appris la bonne attitude à avoir devant les textes de Jean ou de Paul et ce qu’il en est de lire ces textes. Tu nous as introduits dans un monde complètement étranger mais fascinant, tu as renouvelé notre regard sur ce qu’il en est de l’homme et de l’humanité. Tu nous as introduit aux merveilles de l’évangile de Jean et aux profondeurs de la pensée paulinienne.

Mais aussi tu nous mettais en garde contre les pièges et les risques de certaines lectures et de certaines prétentions à connaître et à proclamer la vérité. Tu savais mettre à leur juste place les différents rôles dans l’Église et analyser les scléroses d’un enseignement qui confondait la tradition et la Parole (de l’Évangile ?). Cependant ta lecture exigeante mais si féconde nous découvrait un espace de liberté infinie. C’était un vrai bonheur que d’apercevoir le sens qui se cachait dans quelques mots de Jean, dans quelques passages que nous croyions bien connaître...

J’ai découvert ton enseignement dans un moment de révolte contre la sclérose de l’Église. Sur un conseil avisé, je suis venue m’inscrire dans ton Institut. En recevant mon inscription[1], tu m’as donné un conseil qui était un ordre : celui de commencer par ton cours. J’étais fort déçue car d’autres matières avaient ma préférence, mais pour une fois j’ai obéi... J’écoutais avec appréhension ta lecture de Jean – j’ai oublié quel passage – mais quelques mots ont suffi : c’est comme si le ciel s’était ouvert devant moi et j’ai tout de suite su que j’avais trouvé ce que je cherchais. Depuis, je n’ai jamais été déçue...

La vérité surgissait de ta lecture et l’espace était libre devant moi.

Comme tu nous l'expliquais : "L'Évangile est constitué comme refus de la législation, comme dépassement de la notion de législation. C'est la grande thèse de Paul pour qui on n'est pas sauvé par la loi mais par grâce, par la donation de l'écoute de foi. "

Merci, Jean-Marie, j’espère que tu as trouvé dans le Royaume un accueil digne de ton enseignement.

 

 

La question du bonheur

 

Jean-Marie, tu as dit : pourquoi ne se pose-t-on pas la question : « pourquoi y a-t-il du bonheur ? » Le bonheur est là, il ne faut pas l'oublier, il se cache comme une semence dans la souffrance même. Alors quand le sol se dérobe sous mes pas, il y a le sous-sol, la foi au fond de moi, Dieu est là, il se donne. Cette proximité de Dieu qui ne m'abandonnera jamais, c'est là que se trouve la joie. Me relier au plus profond de mon être, au plus intime, au plus secret, dans le souffle de l'Esprit qui me dit : tu es la fille bien-aimée du Père, il t'appelle par ton nom, lève-toi, fais le signe de croix, abandonne-toi, mets ta main dans la main du Christ, il prend tes blessures dans ses blessures, va, suis-le, il est le secret du bonheur, ta vie nouvelle.

Danger d'idôlatrie

 

Je conclus d'un mot notre point de départ : le malheur est que la présence de l'Évangile, de Jésus, lorsqu'elle est comme sentie, risque de devenir facilement comme une sorte d'idolâtrie, c'est-à-dire qu'on vénère notre propre idée ou notre propre sentiment de Jésus.

La dénégation de Jésus est négativement quelque chose qui s'oppose à lui et néanmoins qui joue peut-être la fonction purificatrice de détruire l'idole que nous reformons constamment à propos de Jésus. C'est le principe de rature développé par Paul. Il est intéressant de noter qu'à l'intérieur de nous-mêmes, les moments critiques peuvent être des moments infiniment profitables. Et dans l'humanité les rôles sont peut-être partagés entre ceux qui auraient la charge de dire Jésus et ceux qui auraient la charge de dénier la suffisance de ce qu'on dit de Jésus. Je ne peux dire plus que : peut-être. Cela est dit à propos de Judas, qui a le rôle très ambigu d'être quelqu'un qui dénie, l'ami qui trahit et qui, ce faisant, "accomplit l'Écriture". C'est très bien d'accomplir l'Écriture.



[1] J-Marie était directeur de l'IER, donc recevait les inscriptions, et donnait le cours de dogmatique.

 

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