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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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1 décembre 2021

"Serviteur inutile" : confidence de J-M Martin en session, suivie d'un témoignage sur ce thème

L'évangile parle du "serviteur inutile" (cf. Luc 17, 10). Jean-Marie Martin à qui ce blog est dédié se considérait comme le serviteur inutile de l’Évangile.

Suite à son décès plusieurs de ses amis ont partagé des souvenirs de Jean-Marie ou ont témoigné de ce qu'il était. Voici deux de ces textes qui ont pour thème, entre autres, le serviteur inutile.

Le tag décès JMM contient des paroles d'amis de J-M Martin. Voici la liste :

 

Serviteur inutile

 

I – Confidence de J-M Martin en 2015

 

Il n’y a pas si longtemps, le dernier jour de sa dernière session à Saint-Jacut-de-la-mer, Jean-Marie nous avait confié ceci, comme la pointe de sa méditation, ce à quoi il avait consacré toute sa vie.

C’est Jean Marie qui parle :

 

JM Martin« Nous accordons beaucoup trop d’importance à ce que nous faisons.

L’Évangile me précède.

L’activité du Pneuma (de l’Esprit Saint) est bien plus large que ce que nous croyons.

Il y a du Pneuma en dehors des clochers.

Si j’essaie de parler, je suis précédé par le Pneuma.

Car chaque homme entend à l’heure où il lui est donné d’entendre et cela ne se sait pas.

L’Évangile est présent, de façon insue, dans tout interlocuteur.

Ce non-savoir est la chose la plus précieuse qui soit dans l’Évangile.

Le charisme que j’ai reçu, l’être communautaire que je suis, ne sont qu’un témoignage de la grande communauté à espérer, d’une plus grande ouverture.

Je suis, moi, incapable de donner la foi.

Je suis, moi, le serviteur inutile de l’Évangile.

La Parole n’a pas besoin du serviteur pour parvenir à quelqu’un.

C’est Dieu, lui-même, qui œuvre au cœur de l'humanité.

….

Mon souci, c’est d’apprêter l’oreille car c’est à l’heure où il vous est donné d’entendre, que vous entendrez. »

 

 

 

II – Le serviteur inutile

 

À l'image de son Seigneur et Maître, Jean-Marie Martin ne m'a pas inculqué des valeurs, il a suscité mon esprit à entendre la voix de La Vérité qui s'adresse à l'homme par le dedans de son être profond. Jean Marie ne m’a pas enseigné des moyens pour une fin, il m’a donné des clefs pour la lecture du Texte du disciple qui demeure en la Volonté et garde à son plus haut la Parole de Vie.

Jean-Marie n’a pas cultivé la maïeutique qui conduit l'autre à accoucher de lui-même. Il a marché le chemin de Jean, montré le puits où il est bon d'entendre et revenir quand l'entendre donne de voir la blancheur des moissons encore vertes. Il nous a invités à la noce où le manque est comblé. Il nous fait compter ensemble le reste des corbeilles du pain de l'abondance, et être témoin de l'aveuglement natif des hommes dont le regard ne connaît pas la boue faite du fluide de la bouche du Verbe et de la poussière de ce monde. Il nous a fait être au présent de la mort de Lazare dont le relèvement a signé la perte du Seigneur. Il nous incite à lever et les yeux et notre entendement bien plus haut que la morale et l'urgence d'éthique, que réclament les affaires de ce monde. Il n'a eu d'autre souci que celui de nous donner la soif de la Source et non celle des eaux canalisées par des volontés soumises aux aléas des âges de l'histoire des hommes et de leurs princes.

Jean Marie ne prenait pas la Parole, il la recevait du Texte pour la lui redonner dans la grâce de la dire. Il ne s'attribuait rien, il rapportait et reflétait, et par lui l'on recevait ce qui nous vient du Texte. Il n’a pas seulement dit comment le lire, mais comme il est bon de connaître le goût de l'entendu qui, d'être encore bienheureusement toujours malentendu, nous garde dans la veille et l'écoute.

D'aucuns admiraient en lui la somme d'érudition dont ses discours attestaient. La chose était en soi parfaitement justifiée, mais elle ne devait pas se confondre avec le vrai grand souci de son vivre : le service de la Parole qui donne ce qu'elle dit et pose l'avoir à recevoir en amont du verbe être. Par là, entendez qu'il vivait de cela même qu'il donnait et qu'il était le premier servi du service qu'il rendait. Mais le service est inutile quand la Parole donne cela même qu'elle dit. Le service n'est plus un service quand il s'appelle amour. L'homme est un serviteur inutile quand il devient l'ami... il n'était déjà plus de ce monde d’être né fils du Pneuma, par le Fils, avec Lui et en Lui, et il est à jamais vivant auprès du Père.

 

(Témoignage de Pierre Jolly)

 

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