Témoignages, lettres, poème… en hommage à Jean-Marie Martin
La pensée conduite et partagée par Jean-Marie Martin à qui ce blog est dédié est toujours vivante et nous rassemble, c'est ce dont témoignent les textes publiés ici.
Après le décès de Jean-Marie Martin nous avons reçu des textes d'ordre divers. Plusieurs ont déjà été publiés, le présent message en donne d'autres, certains écrits avant la messe d'action de grâces de Jean-Marie qui a eu lieu le 20 octobre.
Dans un mail,quelqu'un a demandé où a été enterré Jean-Marie. C'est à Rouy dans la Nièvre, là où il a longtemps vécu. La cérémonie d'Adieu a eu lieu à Saint-Benin-d'Azy et non à Rouy parce qu'il y avait des travaux dans Rouy. Lorsque nous étions au cimetière, Monique remarquait que le cercueil était déposé dans un tombeau neuf !
- 1) Extraits d'un échange de mails suite à l'annonce du décès de Jean-Marie
2) Commentaire de Thierry Grandjean mis sur le blog
3) Commentaire de Monique mis sur le blog
4) Texte adressé à Jean-Marie, par Catherine Luuyt la veille de la messe d'Adieu
5) Texte adressé à Jean-Marie, par Caroline
6) Méditation
7) Témoignage et poème de Francis Candelier qui a participé à l'atelier de poétique
En hommage à Jean-Marie Martin
1) Extraits d'un échange de mails suite à l'annonce du décès de Jean-Marie
Emotion vive. Jean-Marie nous a toutes et tous marqués, et ne cessera de le faire au tréfonds.
Sabine
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Emotion vive aussi...
Quelle belle naissance on lui souhaite dans l'au-delà de la Parole…
Geneviève de Taisne
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Oui, vive émotion.
Cet après-midi, dans ma cabane je relisais les poèmes de Jean-Marie ! et méditais sur l’amitié, la rencontre, la tendresse, et ce que je ne sais, l’insu (qui restera pour moi lié à Jean-Marie).
Jacqueline
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Cette amitié entre nous, différents, loin les uns des autres, et pourtant liés, c'est autour de Jean Marie que nous l'avons construite, et sans doute y tenons-nous et nous fait-elle du bien.
"Reste à souhaiter que nous puissions être une bonne terre, que la parole en nous donne du fruit" disait Jean Marie à Nevers en 2010, dans son homélie à propos de l'évangile Mt 13,1-9, et il continuait avec l'humour qu'on lui connait, "à raison de 100 ou de 60 pour 1... mais 30 pour 1, c'est déjà bien."
Souhaitons que cette parole forte et subtile dont nous lui sommes tous tellement reconnaissants continue à creuser son sillon en chacun de nous, réunis fidèlement grâce à lui par cette amitié.
Florence
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Merci à Jean-Marie de nous avoir si bien lancés, guidés avec intelligence et délicatesse sur des chemins de lecture et de vie…
Comme à Sabine, il m’a donné envie d’apprendre le grec !
Merci à vous tous de cette amitié et de la Christité qui nous gardent en fraternité.
Elles m’aident à croire que la vie dans la Parole continue.
Cécile
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Merci de me faire part de cette triste nouvelle que j'ai transmise aux amis proches de Jean-Marie en Bretagne.
En union avec lui et tous ceux qu'il a nourris de La Parole !
Jean Lavoué
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La pensée de Jean Marie m’accompagne depuis plusieurs jours et je regrette de ne pas pouvoir vous rejoindre dans la Nièvre pour saluer ce grand passeur. Il a dressé des échelles qui m’ont donné accès à des textes d’une richesse inépuisable.
Danielle
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Merci pour vos mails qui font chaud au cœur.
Jean-Marie le passeur est passé. Si souvent il invitait à attendre d’entendre la Parole donnante. Lui-même en a-t-il encore besoin ? Peut-être est-ce maintenant nous qui accompagnons son passage ? Ne serait-ce que par nos bouquets de reconnaissance commune.
Puisse t-il vivre sa Pâque en grande paix.
Il traduisait par « Ne me touche pas encore. » le fameux Noli me tangere.
Puisse aussi tout le tact du Christ l’accueillir maintenant dans le mystère où il a tant cheminé.
Alexandra
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Je trouve un moment pour vous écrire suite au décès de Jean-Marie, dont j'ai appris la nouvelle... La douleur de son départ est vive en moi. J'aimerais savoir où il est enterré pour m'y recueillir un jour, si c'est possible.
Chaque moment partagé avec lui était un chemin de pensée et de parole, et je me sens infiniment reconnaissant de l'avoir rencontré.
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2) Commentaire de Thierry Grandjean mis sur le blog
"Quel bonheur pour Jean-Marie de découvrir ce Royaume dont il parlait si bien… et quelle perte pour nous qui suivons depuis des années ses réflexions… heureusement il reste ce blog d’enseignements précieux… Merci Jean Marie, je te dois beaucoup…
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3) Commentaire de Monique mis sur le blog
Pour moi, Jean-Marie s'inscrit dans la longue chaîne de ceux qui m'ont transmis la foi, et "ouvert les Écritures".
Je l'ai rencontré à l'Arbre, à Saint Bernard de Montparnasse, où j'allais écouter Maurice Bellet. Au début, j'ai trouvé son discours déroutant… pour ne pas dire : incompréhensible. À l'image de l'Évangile de Jean, avec sa structure circulaire… où le meilleur moyen de travailler ce texte, c'est de recommencer son étude.
J'ai suivi des week-ends que Jean-Marie donnait, avec ou sans Maurice Bellet : à Saint-Jacut, à l'Arbresle, à Versailles. Et petit à petit, j'ai commencé à saisir ce qu'il souhaitait transmettre et partager. Ce sont des enseignements qui m'accompagnent, et vont continuer de m'accompagner tant que je suis vivante.
Je retiendrai, de mémoire, deux éléments parmi tant d'autres.
A l'image de l'amoureux qui dit à son amoureuse : "je t'aimerai toujours", pour signifier : "je t'aime beaucoup aujourd'hui" (comparaison si simple et si éclairante), les marques dans Jean de temps, de lieu, de nombre, ne sont pas à comprendre en termes de chronologie, de géographie, ou de mesure. Mais de façon symbolique, qui va éclairer, colorer, le récit qui suit. La fête des Tentes. Le Temple. Et bien d'autres termes encore.
Lorsque Jean-Marie disait : "La question est de savoir "Qui règne" ? ". Je suis restée longtemps perplexe. Avant de recevoir d'autres enseignements, venus d'autres personnes. Dans le milieu du NT, on est forcément sous le pouvoir d'un roi, d'un empereur. Lequel ? Et Jean oppose le règne de Dieu à celui du péché, du Malin, de l'argent. On peut le traduire autrement aujourd'hui, mais toutes ces questions restent brûlantes.
Certes, Jean-Marie n'était pas d'un abord facile. Je n'ai jamais fait partie du cercle de ses proches. Mais je conserve envers lui une immense dette de reconnaissance.
Que Dieu l'accueille et le prenne dans son sein. Avec miséricorde et bienveillance, comme il a voulu nous le montrer dans ses enseignements.
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4) Texte adressé à Jean-Marie, par Catherine Luuyt la veille de la messe d'Adieu
Cher Jean Marie
Cher, Vraiment.
Nous sommes ce soir, mardi 19 octobre, à la veille de la cérémonie d’Adieu et d’hommage, qui te sera rendue, à Saint Benin d’Azy. Dans ce beau pays de Nièvre que tu savais rendre présent dans tes méditations sur saint Jean et saint Paul.
Merveilles ! Ces méditations, vivantes grâce à tes notifications de pays et à la profondeur de ta lecture.
Emotion. Vive émotion.
Demain accompagner ton adieu, c’est être avec toi.
Mais tu ne seras plus là.
Accompagner ton adieu, c’est être avec ceux qui t’ont entendu, ceux qui étaient avec toi et ont vécu avec ton écoute et ta parole.
Temps précieux.
Etre avec toi et accompagner ceux et celles pour qui ta voix a fait vie et chemin.
Cher Jean Marie.
Demain sera un Adieu.
Demain, et une longue suite de jours, ta voix sera vie et chemin.
Merci. Immense merci, de nous y avoir invités, engagés.
Ta voix a marqué. Douce, ferme, interrogative et toujours conduisant l’écoute.
Une expression puissante m’a marquée. Tu disais « Il faut écouter dans l’oreille de l’autre ».
Tu reprenais avec cette finesse insistante qui t’était propre : « comprenez, … dans l’oreille de l’autre ».
Le décentrement et la profondeur. Cela est déjà une aventure. Mais avec, de surcroît, l’immense préparation de la connaissance de ce qui va être dit et la préparation de l’étonnante nouveauté de celui qui reçoit, ou découvre, approfondit.
Dans l’oreille de l’autre, cher Jean Marie, tu es poète et prophète.
Tu acceptes les ruptures et les silences.
Tes poèmes sont faits de ruptures et d’évocations. Ils invitent et conduisent à la profondeur et pourtant se donnent par images, comme des touches légères, en attente de résonnance.
Ta lecture de saint Jean, saint Paul, par touches et par retours, profonds, ouvrent à la résonnance.
Tu nous ouvres une possibilité de lecture, de chemin, de vie.
Merci Jean Marie.
C’est dans ta lecture, dans ton oreille, dans ton âme poète, que nous avons entendu tes lectures.
Tu nous rassembles aujourd’hui.
C’est Vie.
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5) Texte adressé à Jean-Marie, par Caroline
A Jean Marie Martin
Je suis re-connaissante aujourd’hui pour ce bout de chemin fait avec toi Jean-Marie, et avec vous tous aux sessions à Saint-Jean de Sixt. ... Entrer peu à peu et avec difficulté dans le langage de saint Jean, apercevoir la lumière derrière les contre-sens, qu’ils soient culturels ou littéraires (de culture scientifique et loin du grec, je me suis demandé au début dans quel pays étrange j’arrivais !)
Un jour, en préparant l'eucharistie que nous vivions pendant la session, nous avions « zappé » le temps de demande de pardon, et tu nous avais dit dans ton homélie que c’était une grosse erreur -d’attitude si je me souviens bien- et que ce temps dans la liturgie avait sa place, fondamentale.
Jean-Marie, quand je mange une pomme avec un couteau lisse et tranchant je pense à toi et au « couteau à pomme » qu’il ne fallait pas oublier en mettant le couvert !
Souvenir d’une phrase de Jean-Marie : « Qu’est-ce je dirai en voyant mon créateur ? : “Ah oui c’est bien ça !” »
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6) Méditation
Jean Marie est parti vers la maison du Père.
Jésus nous a prévenus : dans la maison de mon Père, les demeures sont nombreuses.
Et Jean Marie poursuivait d’un air entendu : ça veut dire qu’il y a beaucoup de place.
Jean Marie portait l’été dans son nom : à la fois le solstice et la fête de Marie.
Il était l’homme des moissons, il était celui des vendanges.
Il était l'homme de la lente maturation et de la venue à fruit.
Il était l’homme des profondes méditations et celui de la Parole offerte.
Et Jean Marie EST bien l’homme de l’accomplissement.
Il est monstration de la joie, lentement dévoilée,
Une joie si profonde que nul ne pourra nous l’ôter.
Elle s’origine au plus extrême, au plus inconnu, au plus mystérieux de notre être,
en l’insu de chacun, là où nous sommes le temple de Dieu.
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7) Témoignage et poème de Francis Candelier qui a participé à l'atelier de poétique
Je réalise pleinement aujourd'hui, par vos témoignages, tout ce que Jean-Marie m'a apporté.
Il a été mon maître et mon initiateur, en poésie comme en philosophie. C'est lui qui m'a incité à écrire, dans son atelier de poétique auquel j'ai participé pendant dix ans.
Voici par exemple un de mes premiers poèmes, que j'y ai lu :
DIRE ET DORMIR
La seule chose que je veuille,
C’est dire
La fraiche fierté de quelques rameaux d’un arbre en fleurs,
Droits et candides, respirant
Le commencement éternel
En contrebas des balustrades.
Et je n’ai pas su dire, et leur délicieuse blancheur
Me nargue
De sa souriante énigme.
Il m’endort, j’ai dit le possible,
Un rameau tremble de bonheur et laisse trois pétales au silence.
Jean-Marie avait apprécié " respirant/ Le commencement éternel / En contrebas des balustrades". Son écoute bienveillante m'a encouragé à continuer l'aventure d'écrire, à une époque où seul, je l'aurais abandonnée.
Ce poème figure dans un recueil intitulé "Par l'argile et l'ortie", publié aux Editions du Cygne. Beaucoup de ses textes ont été lus à l'atelier de poétique.
Un poème comme "Chant des silences" n'a pas été lu par Jean-Marie mais il a rapport avec lui. En effet un jour, Jean-Marie a dit à peu près : " Le silence, ça n'existe pas. Il y a des silences, d'innombrables qualités de silence". Des années plus tard, après mon départ de l'atelier de poétique, cette parole m'a donné l'idée d'inventorier quelques-uns de ces silences et j'ai écrit "Chant des silences".
Le recueil est disponible en écrivant à editionsducygne@gmail.com