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La christité
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  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
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5 avril 2024

Maurice BELLET : L’aurore

L'aurore est un article de M. Bellet qui constitue une invitation à laisser se lever en nous l'aurore du Christ-Évangile en passant par le feu.”. Paru dans la revue Christus n° 89 de 1976 (p.7-21) qui avait pour thème "Se convertir", il a été repris dans le livre Passer par le feu, Bayard, 2003, p. 113-128. Ne figure ici qu'une partie de l'article, en particulier tout le début manque.

Le présent blog La Christité est dédié à Jean-Marie Martin, un ami de Maurice Bellet. Cet article était particulièrement précieux pour J-M Martin puisque dans le cadre du cours de théologie qu'il donnait à l'Institut Catholique de Paris, une année, il a fait réfléchir ses étudiants sur des extraits de l'article dans le cadre d'un TD.

Dans ce texte se trouvent bon nombre d'idées communes aux deux prêtres qui ont longtemps animé ensemble des soirées et des sessions.

Ce message est publié le 5 avril 2024, en hommage à Maurice Bellet décédé le 5 avril 2018.

 

Comme le dit Camille Focant dans sa recension[1] de Passer par le feu (où figure "L'aurore") :

« Durant les années 1965-1985, M. Bellet a publié quelque quatre-vingts articles dans la revue Christus sur le thème général du sens actuel du christianisme. Dans cet ouvrage, vingt articles de cette période ont été retenus pour leur caractère assez général et toujours actuel ; ils sont présentés dans l'ordre chronologique de leur parution. Les thèmes abordés sont variés : relation au monde, relation à l'Église et à la Loi, psychanalyse et accompagnement spirituel, pulsion de mort et conversion, expression de la foi, repos éternel, ciel impensable... Cela donne au total un livre rafraîchissant où l'auteur est tenu par le genre littéraire de traiter des questions souvent complexes en quelques pages, ce qu'il fait avec bonheur et dans son style inimitable. Il commence par nous plonger sans concession dans la profondeur et la radicalité de la question, sans se cacher le constat d'un monde chrétien en ruine et désorienté, pour proposer au terme de son raisonnement une ouverture sur des reformulations qui renouvellent un quotidien (le sien et celui de son lecteur) dont il ne s'éloigne jamais. Car le grand défi de la foi se vit pour lui dans l'inscription, au quotidien de nos vies chrétiennes, d'une charité qui en est le cœur, dès lors qu'on la dégage des perversions qui la guettent. Ces articles constituent autant d'invitations intelligentes à laisser se lever en nous l'aurore du Christ-Évangile en passant par le feu. Ils sont animés de la conviction que la foi, celle de tous les chrétiens et non seulement celle d'une soi-disant élite, est une épreuve qui mène à travers la nuit à la purification mystique.

 

 

L’aurore

Article de Maurice BELLET

 

 

(L'article commence p. 7, on est ici p. 13).

 

Mais qu'est-ce qu'il y a au fond ?

Il y a l'angoisse.

Réponse qui paraîtra étrange. Et après tout, il peut y en avoir d'autres, peut-être aussi fondées. Mais je donne celle-ci, et je l'explique

L’homme est l’animal qui vit deux fois ; le petit d’homme, s’il était une bête, serait adulte vers cinq ans. Mais il y a reprise : c’est à l’homme de porter le poids de sa venue au monde, de faire une seconde fois son entrée au monde (et cela retentit, on s'en doute, dès le tout début de sa vie, dès le ventre de sa mère). Les choses ne vont pas de soi, pour l'homme. Il est langage, il introduit l'irréparable distance : si première qu'on ne peut même pas dire entre quoi et quoi, puisque dire est toujours déjà langage. Il est donc cet animal qui parle et pense, se tient debout, et invente la loi, les dieux, la raison. Il a inventé la mort : j'entends qu'il la porte d'avance et peut, contre cette fin qu'il sait, rêver la survie, vêtir et nourrir ses morts, se construire l'autre monde.

On le sait. Mais c'est toujours oublié, toujours recouvert, précisément par le monde, que s'est fait l'homme. Peu importe que l'homme lui-même en donne explication par la "puissance de l'Esprit" ou par le jeu de forces matérielles, ou par un destin impassible et secret. Le fait est là que, sans l'homme, ce monde humanisé ne serait pas. La nature est une idée ; l'ordre des choses, un ordre toujours selon nous.

Hors de là, l'homme est livré aux "grandes frayeurs" des Anciens. Ne donnons pas dans le sublime : l'angoisse dont je parle n'est pas quelque repli de la réflexion métaphysique, c'est le très simple et concret, inscrit dans la chair de l'homme. C'est la vieille peur, quelquefois démente, pire que toute peur animale, quand “les fondements sont ébranlés”. Elle n'est pas autre que cette angoisse qui tient aux pulsions, avec le jeu inconscient des censures, dénégations, et autres moyens de ne pas laisser ça venir au jour. Car ça, c'est ce qu'en nous-même nous ne contrôlons pas, l'irruption possible de ce qui échappe à l'ordre, l'ordre premier, et nous met dans le vertige.

Le monde, ce que nous appelons monde, c'est l'ordre déjà fait où nous sommes déjà nés, afin de survivre par-delà le terrible, ainsi domestiqué. Et ce qu'il recouvre, c'est la naissance ; c'est-à-dire : la naissance de l'humanité, quelque chose comme l'émergence hors du chaos où nous sombrerions, si jamais le bel ordre des choses venait à manquer.

 

*   *   *

 

(…) La vieille angoisse n'est jamais tout à fait morte. Elle peut être le grand chemin : affrontant l'impossible pensée de la mort, ou plutôt portant la mort en sa vie même, il se peut que l'homme fasse passage est vive. Mais elle peut se redoubler, tourner en ce désespoir profond et caché — ah, il eût mieux valu ne pas être ! Impossible de faire vraiment confiance à la vie, impossible de croire, par cette foi fondamentale antérieure à tout, que la vie est un don, et qu’il faut avant tout et après tout se réjouir d’être né.

(…).

 

*   *   *

 

Pouvons-nous descendre assez profond – ou remonter assez haut, ou avancer assez loin – pour ne pas être pris au piège ?

Aller par là, c’est aller vers le commencement du monde, du côté des premiers mots. Ce lieu-là est naissance, naissance de l’homme.

Il y eut des mondes (les sociétés primitives, comme nous disons) où cette naissance du moins était contée, où elle pouvait, pour chaque homme, se reprendre : par l'initiation. Notre société ne s'en soucie guère, apparemment : elle croit se passer de cosmogonie. Belle assurance. C'est pourtant à remonter jusque-là que nous invite la faille qui se fait dans le monde établi, et qui se creuse toujours plus bas.

Au commencement : antique langage des mythes. Faut-il les ressusciter ? Si c'est pour reconstituer, au sein d'un monde où ils ne parlent plus, les grands récits contés dans des langues aujourd'hui mortes, je crois bien que l'entreprise est vaine. Au point où nous en sommes venus, le commencement [la vraie naissance] est pour l'homme ce qui se découvre à lui quand cessent les évidences, quand il ne peut plus seulement continuer à vivre, quand il lui revient de dire, seul, et traversant le vertige de sa fin : mieux m'a valu d'être né. Le commencement, il y vient !

Qu'est-ce qui apparaît là ?

 

*   *   *

 

Il n'y a pas d'évidence (épreuve intolérable à nous autres qui circulons parmi nos calculs, parmi les réseaux de la preuve). Il n'y a pas de preuves : elles viennent après, quand s'est déjà faite la configuration d'un monde habitable, quand sont tracées clairement les limites, quand se déploie le champ du pensable.

La naissance ne se prouve pas : elle se fait, elle est l'acte originel par excellence, aussi bien tout donné et qu'on ne produit pas.

Là s'opère le grand départage.

Le départage entre l'angoisse que j'ai dite redoublée, transformée en ce monde d'apparences, ce jeu des pouvoirs et des succès, qui est la froideur de la mort – et le passage à travers la mort même, la joyeuse naissance au monde ouvert où nous sommes désormais vulnérables, c'est-à-dire capables d'amour.

Entre la violence, et surtout la violence installée dans l'ordre, usant de tout, et de la construction même, pour la destruction – et la puissance qui n'est pas autre que donner la vie, et s'aimer enfin soi-même, et préférer que tout homme vive.

Ou, à l'inverse, entre la puissance, la connaissance, la joyeuse habitation du monde, et son envers quasi semblable : le grand enfermement ; – ce n'est pas un hasard, ce goût de l'homme pour le lieu clos, nu, froid, obscur, où enfermer son semblable qu'il ne reconnaît plus. Sans le savoir, il s'y enferme lui-même, il dit, par ce qu'il fait à son autre, ce qu'il en est en vérité de lui-même : la vérité du bourreau est en ce qu'il fait de sa victime ; il est fasciné de son œuvre.

Quant au fixe, au point fixe[2], au lieu de recueil de toutes les angoisses et de toutes les violences, le départage c'est de l'abandonner. C'est-à-dire : de renoncer à jamais tenir, à fermer la main dessus. L'homme naissant s'avance dans la vie les paumes ouvertes, il n'a pas de trésor, pas de dieu, pas d'objet magique et tout-puissant pour le délivrer de ce qu'il est.

Quoi qu'on puisse en penser, je crois bien que c'est là le grand et majeur renoncement. Mais qu'on ne s'y trompe pas : ce n'est pas pour faire comme si ce désir-là était sans importance et qu'on pouvait seulement n'y plus penser. Tout le contraire, l'homme ne vit pas seulement de pain et de satisfaire ses besoins ordinaires, mais de la parole inaugurale qui lui donne d’être né (car toute naissance humaine vient de là ; ce n’est certes pas pure affaire de mécanique biologique). Or, s'il s'agit de la naissance de l'homme, de sa genèse, quelle parole peut être dite là ? Ne vient-elle pas de ce lieu à jamais vide où il voulait installer ses dieux (et qu'il leur donne des noms bien laïcs ne change pas le fond de l'affaire) ?

Mais ce lieu est silence. La seule parole qui puisse en provenir est l'homme lui-même, et il n'a pas d'autre preuve que lui-même. Et il n'a pas d'autre signe que ce qu'il advient de son désir, quand, à travers l'angoisse de la mort, d'une mort qui touche la fin du monde, il se tient élevé et debout, pour faire que les hommes vivent. Pour faire que tout enchaînement soit révélé vain aujourd'hui même – puisqu'enfin tout être humain mérite d'être, puisque c'est à chaque fois l'aurore du monde, puisque toute parole humaine mérite éternellement d'être entendue, puisqu'il vaut éternellement mieux à chaque homme être né.

 

*   *   *

 

En un tel passage on est seul. C'est-à-dire : nul ne peut y être à la place d'un autre et surtout pas ce "on" de l'opinion commune et de la règle générale. Mais parler de naissance, c'est justement mettre fin à la solitude, c'est ouvrir l'éventail des relations, le champ de la parole. À la naissance de l'homme, plusieurs : nous sommes nous. Et puisqu'on ne s'en tient plus au petit espace des choses en place, le grand espace ! Ce que nous jugeons dehors ou bien oublié, c'est là. Tout communique. J'ai dit qu'on ne peut reconstituer les mondes morts. Mais toute parole dite peut vivre, en ce point de genèse où il n'y a plus, dans l'humanité, de frontière de temps ou d'espace qui nous mettrait d'abord dans la séparation. Le décisif, la coupure natale, c'est là où c'est, peut-être hors de nos habitudes et de nos évidences reçues ; sûrement hors de là.

Au commencement est le surgissement de l'autre façon d'être au monde, quand meurt ce monde où œuvre, en dominatrice, la mort. C'est ce que j'entends, si j'ouvre l'oreille, comme la parole jamais fixe qui me justifie d'être. C'est la puissance de vivre qui porte sans faiblir la fragilité de toutes choses, la fin de l'ordre final, la mort des dieux.

 

*   *   *

 

C’est un commencement second. Parce que bien sûr, nous sommes déjà là, nous sommes déjà sortis du ventre de nos mères. Pas question d’y rentrer ! C’est bien pourquoi cette naissance n’est jamais acquise : c’est la tâche immense et souvent harassante, le soulèvement du monde, la lutte inaccomplie contre ce qui, en l’homme, tire de l’autre côté, vers l’apparent repos et la force apparente, vers la mort. C'est un arrachement à la sagesse et à toutes les séductions déployées pour nous dispenser de passer par là.

Donc, tout le contraire du rêve ! Et plutôt un éveil assez rude.

(…)

[Cette naissance], ça se fait donc sur le terrain, dans le plus grand réalisme possible : puisque le juste effet de cette naissance c'est de dissiper les brumes dont nous ne cessons de recouvrir ce qui se passe en fait. Y compris par les méthodes mêmes d'approche du réel, dès qu'elles durcissent et qu'elles prennent à leur tour la fixité qu'elles savent si bien décomposer ailleurs.

Y trouver prétexte pour fuir dans le global, dans les mystères indéfinis, est donc contresens total : cette naissance-là n'est pas ailleurs que sur le visage que je vois, la voix que j'entends – fin de l'aveuglement et de la surdité – et, du même coup, dans les tâches très précises que ça commande. Elle est dans l'économie politique, la lutte pour les salaires, l'histoire d'un couple, la technique médicale ; aussi bien, dans la théorie pure, ou dans le chant et la flûte.

Mais y est toujours laissée libre, alors, la circulation avec ce surgissement jamais posé, avec ce commencement qui n'est certes pas la première date de l'histoire, mais maintenant et demain, passage par-delà ce qui enferme dans la mort. (Et que les limites soient extensibles ne sert qu'à mieux dissimuler la clôture ; l'expansion, telle qu'elle est devenue, c'est le resserrement.)

 

*   *   *

 

Le contemporain averti voit sans doute là du vague, du poétique, des choses du cœur —rien de sérieux. Le sérieux est dans ses pratiques, quand on sait ce qu’on fait et qu’on peut mesurer les résultats.

Belle candeur. La question par-delà toute question – car les problématiques ne viennent qu'après – c’est celle de notre venue au monde, et de ce que ça veut bien dire, et s’il faut advenir une seconde fois.

(…)

*   *   *

 

Les chrétiens qui me lisent attendent peut-être que j’en vienne enfin au sujet, c’est-à-dire aux choses de la foi, aux choses chrétiennes, à l’Évangile et au Christ.

Mais je n’ai parlé que de ça !

Qui est le Christ, sinon la genèse et surrection de l’homme délivré des malédictions de l’ancien premier homme ? Qui est-il, sinon le premier faisant l’ouverture du chemin de vie, le signe dans sa chair humaine que c’est possible ?

Mais la différence, dites-vous, le spécifique, et en somme le quelque chose en plus qui est propre aux chrétiens et que les autres n’ont pas ? Mais faut-il faire passer le Christ, fût-ce insidieusement, fût-ce avec toutes les précautions du respect et du dialogue, du côté de nos avoirs ? (Et l'on sait, l'histoire le sait pour nous en tout cas, que les abus du pouvoir ne sont alors jamais loin.)

La différence du Christ, c’est qu’il va jusqu’au bout, qu’il va jusqu’à l’origine, que, traversant la détresse absolue et cette angoisse de fin du monde (rappelez-vous : la ruine du temple, les morts hors de leur tombe, l'ordre céleste ébranlé), il devienne vivant.

Il n’est donc pas l’en-dehors de ce qui est notre expérience primordiale — et il faudrait ensuite "faire passer" son message dans nos vies. Il est cette expérience primordiale elle-même, le point de naissance, qui ouvre les domaines toujours refermés, du plus archaïque ou du plus secret au plus haut (dans la symbolique de l'Écriture : l'eau jaillissante, le repas du pain de vie, le fond des cœurs, le démoniaque, le ciel, car « les cieux sont ouverts »).

Je ne puis ici insister, ni reprendre et montrer comment ce que j'ai dit, c'est en somme la vie du Christ. Pas "le récit historique", bien sûr, mais la substance et signification. Pas bien, pas complètement, certes ; non seulement parce que mon papier est court, mais parce que je suis court. À chacun sa mesure, qu'il ne s'agit pas d'enfler.

Mais de toute façon, ce n'est pas dans le texte, pas même celui que nous nommons Écriture sainte. Le propos peut sembler rude, surtout en ces temps où le goût de la Bible demeure ou devient vif, chez beaucoup. Rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de dénigrer la lecture attentive du "texte saint". Mais seulement de donner à entendre que le Christ n'est connu que où nous sommes, où est le Christ ; étrange formule, mais comment dire autrement ? Ce lieu, c'est aussi bien ce que l'ancien langage nomme Esprit : cet Esprit qui ouvre, comme aux pèlerins d'Emmaüs, la compréhension de l'Écriture.

Si nous sommes chrétiens, le Christ ne peut être qu'en avant de nous : nous faisons mémoire de l'avenir, et c'est ainsi que nous laissons être en nous-mêmes l'origine, la gaieté primordiale où toute tristesse est seconde. C'est notre manière, à nous chrétiens, de comprendre le Christ : notre mémoire est notre vie, déliée de la fascination de la mort, et donc traversée de la mort, naissance à ce qui ne peut cesser d'être espérance, don et prodigieux labeur d'enfantement. Par tous les moyens. Par tous les chemins. À chacun selon son chemin, à chacun selon sa puissance.

 

*   *   *

 

Mais il y a plus dans le texte que dans ce que nous disons et faisons ; dans le texte ou plutôt dans tout ce qui advient en l'homme et dont n'est jamais présenté qu'un aspect, un côté ; et c'est toujours contestable, ça peut toujours être fait et pensé autrement ; il n'y a pas de construction définitive.

 Ce qui demeure, c'est ce qui relie les expériences et les discours divers, c’est un mouvement et une genèse épuisés nulle part : ainsi nommons-nous précisément l’Esprit du Christ, lui-même verbe de l’inaccessible (entendu non pas comme le vertige du "pas possible à avoir" mais comme ce qu'il est vain de prétendre prendre). Mais il est certain qu’alors nous ne pouvons nommer le Christ que par-delà la trop commode habitude chrétienne de parler de lui comme si l’on savait d’avance qui il est. Il est en ce qu’il fait, qui est ce qui commence, toujours prématuré, hors toute pensée, l’imprévisible et impossible naissance, l’aurore.

 

[1] Revue Théologique de Louvain, Année 2006, 37-1. Cf. https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_2006_num_37_1_3494_t1_0113_0000_2

[2] Maurice Bellet a expliqué le mot "fixe" lorsqu'il parlait des désirs au début de l'article. Après en avoir énuméré plusieurs, il dit : « S'y doit ajouter, encore, un désir bien difficile à nommer. Je l'appellerai, faute de mieux, désir du fixe. Il faut qu'il y ait, quelque part, quelque chose qui ne bouge absolument pas, quelque chose sur quoi faire fond sans réserve. Ça soutient les évidences, les certitudes, les principes premiers, ça trace la ligne entre raison et déraison, entre permis et défendu (le vrai défendu, celui avec lequel on ne transige pas). C'est, en cas de trouble ou panique, l'ultime recours : là, du moins, on est sûr. C'est, au cœur ou en deçà du désir de l'ordre, une adhérence absolue que rien, sous aucun prétexte, ne doit venir attaquer. Précisons que, dans notre société du moins, ce fixe apparaît variable et divers ; et ce paradoxe ne fait pas peu pour mettre bien des gens dans l'inquiétude. »

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