Le tableau La Baraque, Mathigot 1986, avec un extrait d'une préface de J-M Martin.
Deux tons ont suffi à ouvrir l'espace, à installer l'émotion originaire. De leur simple partage s'est inauguré le dessin, dissimulé et qui n'a pas besoin d'être rapporté. Dès lors la lumière a risqué de se perdre dans l'altérité de l'œuvre, jusqu'à ce qu'elle réapparaisse confirmée comme équilibre, l'équilibre même qui se cachait dans la première apparence. De là l'œuvre se déploie et se répand, sans que soit préjugés la limite ni le moment de son accomplissement. C'est au cadrage, dernière intervention du peintre, qu'il reviendra d'attester la juste tension de toute chose et l'équilibre hors de quoi tout était déjà venu à se perdre.
Saura-t-on discerner dans sa discrétion l'œuvre hautaine, et qu'il y va du monde dans les pierres d'un vieux mazet ? On risque aussi de manquer l'œuvre grande dans le petit format, ignorant que la rigueur de la lumière choisit son lieu, à l'heure où la lumière est rare. La pire méprise serait de louer là un retour à une peinture du passé. Qu'on laisse au temps le soin de dire ce qui aura été contemporain. Plus sûrement qu'aux manifestes hâtifs, le moment se donne, comme par surcroît, à ce qui se soucie d'être vrai. On dira peut-être un jour que telle façon d'arrêter le regard et de cadrer le monde constituait la nouveauté, celle qui s'insinue au lieu de se proclamer. Mais la tâche d'écrire se borne aussi d'inviter à l'essentiel, qui est de regarder, inlassablement, et si possible, de voir.
Jean-Marie Martin
Texte écrit pour une exposition de Mathigot.
Tableau La Baraque, 1986.
25 x 31 cm, Huile sur toile, collection particulière
Ce texte a été repris dans le livre MATHIGOT, le paysage gardois
(Editions Gaussen. 96 pages, 22 €. Juin 2012. www.editionsgaussen.com)
Pour plus d'informations aller voir le message : Jean-Marie Martin et Mathigot. La peinture. ainsi que le site de Mathigot :http://www.mathigot.com/ .