LES ANGES. Première partie : les anges dans la Bible et aux premiers siècles
Les anges peuplent nos Écritures, mais nous savons peu de choses sur eux ! C'est un sujet que Jean-Marie Martin trouve important, et, même s'il n'a jamais fait de conférence sur les anges, il y a fait allusion à l'occasion de lectures. Sa connaissance des premiers écrits chrétiens y compris gnostiques est importante à ce sujet (cf Qui est Jean-Marie Martin ?).
Cela fait longtemps que je transcris avec Colette Netzer ce que dit J-M Martin, et j'ai mis ici presque tout ce que j'ai trouvé ayant rapport avec les anges. En Première Partie j'ai essayé de rassembler les principaux éléments sur les anges, certains venant d'études qui se trouvent en Deuxième Partie (message suivant). L'origine des extraits est indiquée en général au niveau des titres (parfois en note). Plusieurs commentaires proviennent du cycle de cinq séances qui a eu lieu au Forum 104 en 2008-2009 sur le thème Ciel-Terre (la transcription intégrale est dans CIEL-TERRE). Deux passages sont des commentaires faits par Josph Pierron, un ami de J-M Martin décédé en 1999, il était professeur d'Ecritures Saintes. Dans la fin de la Deuxième Partie figurent des angélologies du IIe siècle, je n'ai mis que les textes eux-mêmes pour ne pas allonger ce message, les commentaires de J-M Martin figurant dans deux autres messages du blog. Il y a évidemment des redites.
J'ai ajouté toutes les notes en fonction de mes lectures personnelles, et quand elles citent J-M Martin, cela est indiqué. Les fichiers en téléchargement ont été modifiés en mars 2023.
Deux remarques. 1/ Ne sont en question ici que les "bons anges" sauf dans 1 Cor 15, 24, mais d'après Ap 12, 7 le diable lui-même a ses anges. 2/ Dans ses interventions J-M Martin parle sans notes, il n'a devant lui que le Nouveau Testament en grec, il ne relit pas nos transcriptions, et en plus il essaie de mettre certains écrits difficiles à portée de son auditoire, il ne faut pas donc toujours chercher l'exactitude pointilleuse de ce qu'il dit ici.
Christiane Marmèche
- Voici le lien pour la Deuxième Partie : LES ANGES. Deuxième Partie : Textes du N T et de chrétiens des 1ers siècles.
- Voici le fichier pdf des deux parties : anges ;
- et le fichier docx de la totalité des deux parties : anges
Première Partie
Les anges dans la Bible et aux 1ers siècles
(Les 3°, 4°, 5° et 6° sont en partie tirés des études figurant en Deuxième Partie)
Il y a une angélologie néotestamentaire qui redevient à la mode : je vous signale que les anges sont en train de se remplumer dans bien des endroits[1]. Quand j'ai commencé à enseigner la théologie, il aurait été ridicule d'ouvrir un traité des anges. Aujourd'hui on me demande de faire une petite session sur les anges. Ce n'est pas vain, ça a un sens. Lequel ?
Vous vous rendez bien compte que je ne vais pas faire un traité complet d'angélologie. Je donne des traits, quelques lueurs partielles, pour inviter éventuellement à penser ce thème-là qui, pour moi, n'est pas du tout une question seconde. Je pense même qu'elle est, d'une certaine façon, pastoralement urgente. Je plaisante, mais pas tant que ça…
1) Les anges et leurs fonctions.
a) De quels anges s'agit-il ? (Extraits de plusieurs rencontres)
► Quand vous parlez des anges, vous parlez de quoi ?
J-M M : Ça dépend. Ce n'est pas la même chose dix siècles avant JC, ni la même chose dans l'apocalyptique juive d'avant Jésus, ni la même chose chez Paul et chez Jean, ni la même chose chez Denys l'Aréopagite[2], ni la même chose chez la dame qui invoque, d'ailleurs légitimement, son ange gardien.
Même à l'intérieur de l'Ancien Testament, l'ange n'a pas toujours la même fonction, a fortiori entre l'Ancien et le Nouveau Testament.
Les anges ont pu jouer le rôle que, dans l'antiquité tardive, les divins (les théoi) jouent, c'est dans le moment où la pluralité des dieux n'est pas contraire à la visée d'un seul dieu[3]. Dans la théologie suivante, les substances séparées d'Aristote ou de Platon sont considérées comme des anges. Ainsi le traité De substantiis separatis de saint Thomas d'Aquin écrit en 1272-1273 est un traité sur les anges. En particulier saint Thomas promeut une distinction que d'autres comme saint Bonaventure refusent à l'époque, donc c'est loin d'être une doctrine. Pour lui les anges ne sont pas différents les uns des autres comme les individus d'une espèce, mais comme une espèce d'une espèce : il y a entre eux des différences spécifiques, mais pas des différences individuelles. Les hommes ont la même espèce, et ils sont multiples individus de la même espèce. Or un ange et un autre ange ne sont pas deux individus d'une espèce, ils sont deux espèces parce que le principe d'individuation c'est la matière, et que les anges ne sont pas pourvus de matière. Ça c'est l'état intéressant d'une réflexion théologique qui est d'une époque très déterminée, il n'y a pas de dogme sur ces choses-là.
L'ange n'a jamais été pensé de la même manière. Par exemple au début du IIe siècle les anges sont interprétés comme des dénominations de Dieu, comme des fragments du Plérôme dont nous avons parlé au Forum[4]. Déjà dans la Bible les anges révèlent un aspect de Dieu : Raphaël c'est l'aspect soignant de Dieu, il guérit ; Gabriel c'est la force de Dieu, Michel (= qui est comme Dieu) c'est l'unicité de Dieu. Ce sont des noms qui déploient l'indicible, qui disent l'indicible de Dieu mais fragmentairement[5].
L'histoire des anges est donc extrêmement complexe mais très intéressante car elle révèle d'autres choses. Souvent, ce n'est pas le contenu des questions qui sont intéressantes. Par exemple, le rapport de l'activité divine et de l'activité humaine, ça fait problème à tout le monde, mais moi ça ne me gêne pas, et ça ne m'intéresse pas comme question. Cependant la question est intéressante, mais pour une autre raison, et à condition qu'on la détruise pour elle-même et qu'on aille voir ce qu'elle recèle.
b) Jésus lui-même est "l'Ange".[6]
Nous disons : ange est un des noms de Jésus, au singulier : "l'Ange". Rappelez-vous bien que, dans la perspective hébraïque, "le pain", ce n'est pas du pain ; "l'Ange" ce n'est pas un ange, c'est-à-dire que ce n'est pas un ange parmi les anges[7].
Le mot ange est une des nominations de Jésus qui a cours au IIe siècle, surtout sous la forme de "l'Ange du Grand conseil"[8], c'est-à-dire de la grande délibération divine. C'est la communication de la délibération divine. Au fond, la délibération divine, c'est « Faisons l'homme » (Gn 1, 26). Dieu délibère et l'ange qui annonce et manifeste le conseil délibérant, c'est Jésus lui-même.
c) Où habitent les anges ?
Les anges sont d'abord les habitants du ciel, les hommes étant les habitants de la terre. Mais il y a une sorte d'équivalence qui a été pensée entre “le haut et le bas” et “l'intérieur (le centre) et la circonférence”. Effectivement, ce sont des choses qui s'égalent en un certain sens. Souvent j'ai dit : si vous avez des difficultés à dire « Notre Père qui êtes aux cieux », dites « Notre Père qui êtes au creux ». Le ciel peut absolument se refléter dans le plus intime.
d) Fonctions des anges dans la Bible. (Extrait du cycle Ciel-Terre)
Pour ce que nous appelons l'ange aujourd'hui, il y a d'abord référence à laracine hébraïque qui donne mal'âkh[9], qu'on traduit par "ange" : mal'âkh Adonaï, l'ange du Seigneur. La racine désigne une fonction (un service), pas forcément une fonction déterminée, mais le fait même de la fonction, et ce n'est pas pour dire que les anges sont des fonctionnaires !
Voici leurs principales fonctions[10] :
– Ils ont une fonction liturgique, la fonction de chanter la gloire de Dieu. « Saint, Saint, Saint (hagios, hagios, hagios) » chantent les Séraphim (les brûlants) en Is 6. Le chant est quelque chose de la parole, probablement l'essence de la parole. Le chant, c'est la fête de la parole. Le chant ici constitue cette action de grâce permanente qui est l'entour du Dieu, c'est-à-dire la reconnaissance du don autour du don, l'eucharistia, précisément ce que les hommes ne font pas selon saint Paul.
Dans le premier chapitre de la lettre aux Romains, la toute première faute de l'humanité c'est : « Ils n'eucharistièrent pas », ils ne rendirent pas grâce, c'est-à-dire qu'ils furent au monde sur le mode de la rapine, de la capture, de la prise de ce qui est là et non pas sur le mode de recevoir, et même de se recevoir avec reconnaissance. C'est une première carence fondamentale de laquelle sont issues toutes les autres carences développées par la suite dans le texte de Paul[11]. Donc cette fonction de chant a trait à la parole, à l'action de grâces et à la reconnaissance de la grâce (du don) qui constitue la gloire, la gloire c'est-à-dire les entours du Dieu[12].
L'angélologie est comme une façon de décrire la gloire, ce qui entoure le trône. Est-ce que Dieu, outre d'être pourvu de pieds pour se promener dans le jardin, a aussi un séant pour s'asseoir ? Voilà une belle question.
– Ils ont une fonction de porteurs de messages. Ils sont comme des aspects ou des fragments, ou des moments de la parole de Dieu adressée à l'humanité, comme des messages vivants. Le terme de vie que j'introduis ici en passant fait rapport aussi à une autre source, celle des Kéroubim, en particulier ceux qui sont nommés les quatre Vivants chez Ézéchiel et dans l'Apocalypse (cf I-5 de la 2è partie). Ça donne lieu aussi à toute une tradition. Mais le mot de "message" que j'ai employé fait surtout signe vers la parole. Nous avions la fête de la parole, le chant, nous avons la parole qui annonce ou qui appelle. Le rapport de l'ange et de la parole est très important.
En grec le mot ange se dit angelos, et le mot "évangile" lui-même c'est eu-angelion, bonne-nouvelle. En hébreu, cela correspond à la racine hébraïque basser: la bessorah, c'est le message, le mebasser c'est le messager de bonne nouvelle, et c'est le mot qui est se trouve dans un verset d'Isaïe cité en Rm 10 : « Qu'ils sont beaux les pieds des messagers de bonne nouvelle (euangelizomenôn) » (v. 15)[13]. Mais, par parenthèse, les pieds des anges, c'est quelque chose qui ne nous est pas du tout familier.
– Enfin, ils ont une fonction qui serait d'être des gardiens pour les hommes[14].
Nous avons trace de ces différents services, de ces différentes fonctions.
Les anges parlent. On les voit parler à Marie-Madeleine (Jn 20). En général ils sont très polis, ils saluent. À l'Annonciation « Ave Maria » (« Je vous salue Marie ») correspond à ce qui est dans le grec « Khairé[15] (réjouis-toi) ». Ce sont les modulations de la bénédiction, du dire bien.
2) La louange des anges ouvre la région de la gloire.[16]
a) Première approche.
À propos de la louange en général, il faudrait même faire signe vers l'idée d'une louange pré-existante, d'une louange "consistante", le consistant étant justement chez les Hébreux la gloire, la kavod en hébreu, mot qui signifie "consistant", solide. Et d'une certaine manière, la prière n'est pas tant que le "je" individuel produise une parole de gloire, que de faire qu'il accède à cette région de la gloire.
b) Deuxième approche.
Pour nous, prier ne sera jamais rien d'autre – et c'est beaucoup plus que ce que nous en pensons – ne sera jamais rien d'autre que d'accéder à l'espace de l'eucharistie qui nous précède, qui est l'eucharistie christique.
Du reste, dans notre propre Eucharistie, l'espace de la louange est annoncé en premier dans le Trisagion : « Hagion, hagion, hagion (sacré, sacré‚ sacré) » – que nous traduisons : « Sanctus, sanctus, sanctus ». C'est le champ de l'espace qui est ouvert en Isaïe 6 : « Le ciel et la terre sont emplis de ta gloire, hosanna au plus haut des cieux »etemplir est un mot du pneuma.
Tout ceci se réfère à l'évocation des Rameaux : de façon tout à fait inconsciente, puisqu'on est inconscient de tout ce qui se passe dans le moment de la Passion, les disciples acclamaient le Christ avec des rameaux, mais cela persiste après la Résurrection, et ne peut être lu dans son sens qu'en référence à l'Écriture et à ce geste d'acclamation lors de l'entrée royale dans la Jérusalem neuve qui est le lieu.
« Béni soit celui qui vient dans le Nom" : tous les mots de cette phrase, dont les références bibliques sont très claires, ouvrent l'espace préexistant de louange.
C'est pourquoi, dans nos Eucharisties, la préface qui introduit à la prière eucharistique dit que nous pouvons être associés à cet espace de louange qui est celle des habitants des cieux, à quoi sont convoqués les habitants de la terre : « C'est pourquoi, avec les anges et tous les saints, nous proclamons ta gloire, en chantant d'une seule voix : "Saint, saint, saint…" ». […]
Nous avons parlé de la prière consistante ou subsistante, qui est une prière assistante. La prière consistante, c'est l'être même de Jésus. Il est la prière. Ce n'est pas quelqu'un qui prie de temps en temps, ni même quelqu'un qui prie tout le temps. Ce n'est pas suffisant. Il est la prière. En effet, il est Logos. Quelle est l'essence du Logos : c'est d'être tourné vers Dieu ou vers le Père, c'est d'être adressé. L'essence de la parole est d’être adressée, est d'être prière. C'est dans ce sens-là que j'ai dit que la prière nous précède. Quand nous prions authentiquement, ce n'est pas ce que nous faisons qui importe, mais c'est le fait que nous accédons à la prière c'est-à-dire qu'il nous soit donné que la prière essentielle nous touche.
Le Christ est la prière. Nous avons commencé par-là, la dernière fois, vous vous rappelez ? C'était dans la suite de notre petit exercice où « la prière est un oiseau ». […]
La prière n'est pas quelque chose issu de notre initiative et qui nous conformerait de façon agréable au Dieu, de telle sorte que nous mériterions d'être exaucés. Pas du tout. La prière nous précède et nous y accédons. La prière prie, ce n'est pas nous qui prions, et le Christ est la prière vivante.C'est pourquoi il peut dire:« Je prierai le Père ». La prière christique est la prière essentielle, et nous pouvons entrer dans la prière christique si cela nous est donné. Et quand cela nous est donné, c'est l'indice de ce que l'exaucement s'avance. C'est-à-dire : la prière est, en nous, ce qui fait le creux pour que nous puissions recevoir le don comme don. C'est pourquoi toute prière qui est authentiquement prière est exaucée. Mais je peux croire que je prie et ne pas prier. Là encore, le mot prière n'égale pas le sentiment psychologique d'être en train de prier.
c) Troisième approche. (Le Sanctus est traité au I-5 de la 2è Partie)
Il y a une sorte de prière de louange consistante qui se trouve en Isaïe 6, ce sont les brûlants (les séraphim en hébreu) qui chantent le Trisagion que nous appelons le Sanctus : « Saint, saint, saint le Seigneur » ; et cela emplit le ciel et la terre : « Le ciel et la terre sont emplis de ta gloire (de ta présence) ». La liturgie nous invite à nous placer dans cette louange, avant que nous ne nous placions finalement dans l'eucharistie même du Christ : l'eucharistia c'est l'acte de se recevoir avec gratitude. Le Christ eucharistie (remercie) pour le pain et simultanément pour sa mort : « Prenant le pain il dit : “Ceci est mon corps livré” ; prenant le vin il dit : “Ceci est mon sang répandu” ». Telle est la prière pleine, complète, accomplie, que pour notre part nous ne savons pas faire : nous ne pouvons que prendre part à cela.
3) Les anges témoins des théophanies.
a) Les anges ouvrent l'espace de visibilité de Dieu.
Il faudrait dire en premier que les anges désignent le premier personnage témoin de toute théophanie (de toute manifestation de Dieu). Quand les anges apparaissent dans un texte, ça veut dire : voici une théophanie qui s'annonce. Les anges sont comme l'espace de parution de Dieu, ils ouvrent l'espace de visibilité de Dieu[17]
b) Les anges témoins d'événements.[18]
Dans les grandes théophanies (manifestations de Dieu), il y a toujours des témoins mais aussi des protagonistes. Qu'est-ce qu'un événement ? J'ai ma petite définition[19] : « Un événement c'est l'intrication de protagonistes et de témoins » :
- protagonistes : ça vient et ça reçoit ;
- témoins, et en particulier ceux qui reçoivent deviennent aussi témoins, c'est par exemple le "nous apostolique". Les témoins sont partie prenante de l'événement. D'où par exemple l'importance des anges qui figurent à titre de témoins à divers moments.
Un événement, du reste, nous avons tendance à le confondre avec un fait. Or ce n'est pas du tout la même chose. Un fait, tel nous l'entendons aujourd'hui, est quelque chose de mono-lithique, comme il apparaît dans l'expression : « c'est un fait », comme si c'était le roc sûr, sur quoi quelque chose puisse se fonder. En fait, un événement n'est pas monolithique, il est pluriel. Un événement est un venir qui suppose déjà "ce qui vient" et "ce qui reçoit", c'est-à-dire une distance intérieure à lui-même. Et d'autre part, un événement n'est pas non plus un fait ponctuel en ce sens qu'il a des résonances anticipées et postérieures à lui-même. En effet ce que nous sommes tentés d'appeler un fait ne prend fonction d'événement qu'à la mesure où l'altérité du temps l'altère, mais dans le bon sens du terme, c'est-à-dire que cette altérité du temps fait qu'il est mieux lu à distance qu'il ne l'était dans le moment initial ou immédiat.
4) Les anges sont des messagers ou des messages ?
a) Messages ou messagers ? (Extrait du I-2c de la 2ème partie)
Les anges ont eu beaucoup de significations. On peut faire l'histoire des anges, c'est très complexe et très intéressant. Apparemment c'est quelque chose qui est dérisoire, qui n'intéresse pas, mais en tant que c'est révélateur de modes de pensée, ce serait infiniment précieux de faire l'histoire des anges. Ici, dans le moment où nous sommes dans le texte (Jn 1, 50-51[20]), il semble que les anges soient des fragments du Logos en ce qu'ils disent au pluriel le message que le Logos (la Parole) est dans son entier.
À nouveau on peut se poser la question : est-ce que ce sont des messages ou est-ce que ce sont des messagers ? Autrement dit : est-ce que ce sont des individus ou est-ce que ce sont des dénominations ? Vous ne pouvez pas ne pas poser cette question, elle se pose comme cela pour nous, il faut bien l'envisager premièrement comme elle se pose, quitte à montrer ensuite en quoi elle est inepte, au bénéfice de quelque chose d'autre
b) Les anges sont des fragments de la parole.
D'autre part, le mot angélos a la même racine que eu-angélia, évangile. Les anges sont comme des fragments de la parole[21].
Mais à l'époque de Jésus on disait que ciel et terre ne se parlaient plus depuis que la prophétie s'était tue. C'est sans doute que les anges de la prophétie ne descendaient plus, et les anges des prières du peuple ne montaient plus sur l'échelle de Jacob. C'est au Baptême du Christ que le ciel s'ouvre à la terre (« Tu es mon fils bien-aimé »), que ciel et terre recommencent à se parler. Et l'échelle de Jacob est assimilée à Jésus, le Fils de l'homme, c'est-à-dire l'homme manifesté en plénitude, celui sur lequel les anges montent et descendent (Jn 1, 50-51).
c) L'espace de la parole. (Extrait de fin du III du ch III de JEAN 14-16-PRÉSENCE)
Il faudrait que nous apprenions à prendre conscience du poids de l'espace de parole. Nous pensons que la parole est l'émission de sons articulés par des gosiers humains. La parole, c'est tout autre chose. C'est ce par quoi le monde tient : « Dans l'arkhê était le Logos (la Parole). » Qu'est-ce que cet espace de parole qui est espace de présence, mais pas sur le mode habituel ? Qu'est-ce qui manque à cette présence pour être ce que nous appelons couramment une présence ?
d) Les anges chez les valentiniens.[22]
Chez saint Jean on trouve les expressions : « Je suis la vie », « Je suis le pain », « Je suis la porte », « Je suis le berger », « Je suis la vérité », « je suis la résurrection », etc. Qu'est-ce que ce "Je" ? Surtout ne pensez pas qu'il s'agit ici d'un individu entre autres qui se permet de dire des choses de ce genre. Ce qui est mystérieux dans ces expressions est ce que signifient la vie, la vérité, etc., mais plus mystérieux encore est ce que veut dire "Je" dans ces expressions. Élucider cela pulvérisera d'une certaine façon cet isolat bien certain que nous appelons couramment "je". Il y a là tout un espace que les Anciens ont fréquenté et qui nous est étranger.
Ce "Je" dessine un espace qui est l'espace propre de la résurrection, c'est-à-dire l'espace de la vie éternelle (zôê aïônios), l'espace propre de l'Aïôn que le "Je christique" ouvre et tient ouvert. Ce "Je" appartient à ce qu'on pourrait appeler la région de la parole… Cette région est Arkhê, c'est-à-dire principe ouvrant et régnant. Elle ouvre un espace qui est plein, qui est Plêrôma, une plénitude dans laquelle le Monos (l'Un) se déploie en points de vue, ou dans lequel le Nom propre se démembre en dénominations.
Le premier commentaire explicite de l'évangile de Jean que nous connaissions est fait par les valentiniens, des chrétiens qui sont d'abord dans le sein de l'Église dominante. Leurs commentaires nous sont parvenus par les Pères de l'Église qui les réfutent. Ils mettent en œuvre du récit et aussi des dénominations (des noms),
J'ai dit en effet que l'espace du "Je" était un déploiement de l'Aïôn, et c'est pourquoi les valentiniens ont appelé ces dénominations des aïônes (des éons). Ne vous laissez pas déconcerter par ce vocabulaire technique. Des tentatives de substitution ont vu le jour. Je pense à certaines angélologies qui posent aussi, de façon antécédente à la parution du monde, des "entités"[23] ; entité est le terme employé par la théologie, dans l'Occident, pour désigner ce qu'on ne sait pas caractériser. Et ces entités ont été appelées des anges. La question de savoir s'ils ont été créés ou non est bien postérieure. La façon dont ils sont représentés est encore bien postérieure. Ce fut un lieu de substitution à quelque chose de plus originel, quelque chose qui est attesté dès les premières écoutes de l'Évangile. […]
Pourquoi les dénominations sont-elles appelées des éons, et quel rapport y a-t-il avec les anges ?
Nous avons vu que le Christ est le Nom et que le Plérôme contient des "dénominations" à savoir différents noms du Christ lui-même, différents aspects du Christ :
- le Christ est l'Ange du Grand conseil, donc les multiples aspects du Christ peuvent être appelés des anges : les anges sont de multiples aspects de l'Ange par excellence ;
- le Christ est l'Aïôn, il est l'âge nouveau, il est la zôê aiônios (la vie éonique), expression qu'on traduit en général par la vie éternelle ; et les multiples aspects de la vie éonique s'appellent les éons. Les éons (aïônes) sont des aspects de l'Aïôn.
- le Christ est le Logos, donc les éons sont des logoï (des paroles), ce qui rejoint ce que nous avons dit à propos des anges puisqu'un ange c'est un messager. […]
Les anges, pour nous, sont des créatures. Or, pas ici. Voyez la différence. C'est une première indication dans ce champ-là.
5) Le sexe des anges ? L'ange gardien. (Extrait du I-3 de la 2ème partie [24])
En particulier, au sujet de cette expression caractéristique que j'ai oubliée et qui est de « discuter du sexe des anges», je rêve d'avoir été un vieux savant byzantin sur les remparts de Byzance en train de discuter sur le sexe des anges pendant que les hordes barbares assiègent la ville[25]. On rêve ce qu'on peut. C'est un sujet très intéressant et très complexe que celui du sexe des anges. Ça n'est pas constant d'ailleurs, donc c'est un sujet de recherche.
● Les anges en général.
L'idée la plus dominante c'est que les anges ne sont pas sexués. C'est une idée fréquente chez les Encratites[26], ceux qui mènent un combat contre tout ce qui est de la sexualité, du mariage etc. Dès les premiers temps de l'Église il y a eu cette tendance. Je vous signale qu'on pense aujourd'hui qu'Apollos, dont parle Paul dans l'épître aux Éphésiens, aurait été plutôt de tendance encratiste et dans une certaine proximité avec Luc. Ainsi Luc fait spécialement attention aux virginités :« Ceux qui sont jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection des morts ne prennent ni femme ni mari […] en effet ils sont comme les anges » (Lc 20, 35-36) à propos de la résurrection de l'homme qui a eu plusieurs femmes. Ça c'est lucanien. Et vous avez de nombreuses affirmations pauliniennes, que vous considérez comme dépréciatives, qui sont, au contraire, des tentatives de redresser les déviances encratistes de type apollonien. Il faut les entendre comme des revendications de la signification de la sexualité. Cela change complètement le sens si on connaît le contexte.
● Les anges masculins et féminins chez les valentiniens. L'ange gardien.
Par ailleurs chez les valentiniens les anges sont la part mâle de l'humanité qui elle est essentiellement femelle, hommes et femmes confondus[27]. Et quand la Bible dit que Dieu est l'époux d'Israël, que le Christ est l'époux de l'Église ou de l'humanité, elle dit bien que l'humanité est femelle par rapport à Dieu. Et la part que moi j'appelle l'insu est précisément la part que les valentiniens appellent la part mâle, la part qui est encore séminale…
Le gnostique Héracléon (un disciple de Valentin) a fait un commentaire de l'évangile de Jean. Lorsqu'il commente la phrase que Jésus adresse à la Samaritaine « Va chercher ton mari » (Jn 4) il se réfère à cette idée que les spirituels dans ce monde sont un élément brisé de couple et que l'élément mâle se trouve conservé dans le lieu de la plénitude, dans le plérôme, et c'est cet élément complémentaire accomplissant de l'homme qui est visé ici. Cet élément mâle est appelé parfois logos, (logoï au pluriel), chacun a son logos, c'est-à-dire la parole parlante ; c'est aussi son nom qui n'est pas encore prononcé ; c'est aussi son angélos que l'on traduit par son ange, l'envoyé ; c'est pour cela qu'Héracléon dit que le Logos vient plein de logoï, qu'il est l'Ange du conseil, l'Ange de la délibération, étant la plénitude de ce qui est l'élément accomplissant de chacun. Ici nous faisons un gros effort de traduction par rapport au langage technique, mais il importe de faire cet effort parce que très facilement on réduit cela à être des imageries inconsistantes. La notion de sizigie, c'est-à-dire de couple, est ici impliquée et il y a des choses extrêmement fortes dans le couple,Évidemment cela donne un tout autre sens au verset : il s'agit de faire prendre conscience à la Samaritaine qu'elle n'a pas sa part accomplissante, son homme.[28]
L'ange gardien[29] a une signification très intéressante chez les valentiniens puisque c'est la part masculine de notre être. Nous sommes nativement semence féminine et l'ange est notre part secrète qui est aux cieux, c'est-à-dire dans notre intime – parce que le rapport haut-bas se laisse transformer aisément en rapport centre-circonférence, et le ciel est l'intime, je crois l'avoir déjà dit. Cela nécessite de penser l'intérieur ou l'intimité d'une certaine façon.
Je veux simplement indiquer ici que les choses qui nous paraissent futiles ne le sont pas nécessairement si on les prend à certains égards[30].
6) Les anges dans la Bible.
a) Les Trônes, Seigneuries… et le culte des anges. (Extrait du I-4 de la 2ème partie)
« Les Trônes, les Seigneuries, les Principautés (Arkhaï) et les Puissances (Exousiaï) » (Col 1, 16) autant de noms qui sont traditionnellement des noms de l'ordre angélique, ce sont des noms d'anges. […]
Il y a, dans les premiers temps, des doctrines sur les anges surtout dans le monde apocalyptique, dans le monde d'une certaine tradition juive, ce qui a donné lieu à des interprétations très diverses suivant les courants. On peut penser que Paul a affaire ici à des courants qui privilégiaient le culte des anges par rapport au culte du Christ et qu'il essaye de remettre en place cela en marquant la primauté du Christ par rapport et aux anges et aux hommes[31]. L'épître aux Hébreux, qui n'est pas de Paul, est caractéristique de cela. Visiblement elle s'adresse à un groupe qui avait tendance à privilégier, au détriment de la vérité du Christ, une certaine invocation des anges. Donc il y a sans doute la volonté de Paul d'accueillir dans son discours des éléments qui sont plus conformes à la tradition biblique, mais avec le souci de les ordonner par rapport à la primauté du Christ.
b) Les chérubins et les quatre Vivants de l'Apocalypse.[32]
Une des catégories les plus fondamentales d'anges est celle des chérubins[33]. On les trouve en particulier chez Ézéchiel où ils sont appelés les quatre Vivants, les quatre animaux[34] : « 5Au centre, je discernais quelque chose qui ressemblait à quatre vivants (hayyôt)… Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes (...) leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf… 10 ils avaient une face d'homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d'aigle » (Ez 1). On les retrouve dans l'Apocalypse. Ils ont ensuite été utilisés pour caractériser les quatre évangélistes, et puis ils ont fait florès dans les fresques médiévales : le lion, le taureau, l'aigle et l'humain entourent toujours le Christ dans la mandorle dans toutes les fresques des églises romanes de Bourgogne et d'ailleurs.
Il y a une histoire complexe de ces chérubins qui sont d'origine babylonienne, qui sont donc empruntés par le peuple juif. On soupçonne que ce sont des considérations astrologiques. Il y en a des traces dans les constellations, c'est-à-dire dans les douze signes du zodiaque : le lion, le taureau, l'homme verseau… C'est approximatif mais c'est probablement intéressant. Les quatre animaux, il faudrait qu'ils correspondent aux quatre points qui ponctuent le cercle zodiacal qui sont les solstices et les équinoxes.
Autrement dit c'est une lecture mystique qui suppose beaucoup de différence avec nos habitudes de lecture. J'ai une grosse documentation sur cette histoire qui est complexe, qui comporte beaucoup de points incertains.
● Le rapport à l'animal chez les Anciens.[35]
Dans le Nouveau Testament le mot zôê traduit le mot hébreu haï qui désigne la vie, celui-ci disant l'animal. Seulement le rapport à l'animal dans le monde biblique n'est pas celui du monde occidental. L'animal est pensé à l'image de l'humanité, de même que l'homme est pensé à l'image du plus haut et de plus grand, en direction de, et non à partir de.
Le mot vie est très important, c'est un nom de Dieu. Et les quatre Vivants (zôa) qu'on traduit souvent par les quatre animaux, sont le trône du Dieu : c'est la plus grande proximité. Les Anciens qui nomment les constellations le taureau, le lion …, croyez-vous qu'ils pensent l'animal à partir de la biochimie ? Non. Tout ceci est complexe car il y va du sens d'un mot hébreu et de deux mots grecs, d'une histoire, d'une évolution ! Je ne fais ici qu'énumérer des symptômes quand il s'agit de parler de la vie.
c) L'Arche d'alliance avec les deux chérubins ; le Christ[36].
L'Arche d'Alliance est constituée ainsi : aux deux extrémités du coffre : un ange et un ange. Or c'est le lieu de la présence qui constitue Israël comme Israël. Il s'agit ici de la présence de ce qui ne se représente pas, qui est donc à certains égards une vacuité : il n'y a rien dans l'Arche, mais c'est néanmoins le lieu de la plus haute présence.
C'est Dieu qui avait indiqué à Moïse ce qu'il fallait faire : « Tu feras deux chérubins d'or, tu les feras d'or battu, aux deux extrémités du propitiatoire ; fais un chérubin à l'une des extrémités et un chérubin à l'autre extrémité; vous ferez les chérubins sortant du propitiatoire à ses deux extrémités. Les chérubins étendront les ailes par-dessus, couvrant de leurs ailes le propitiatoire, et se faisant face l'un à l'autre ; les chérubins auront la face tournée vers le propitiatoire. Tu mettras le propitiatoire sur l'arche, et tu mettras dans l'arche le témoignage, que je te donnerai. C'est là que je me rencontrerai avec toi ; du haut du propitiatoire, entre les deux chérubins placés sur l'arche du témoignage, je te donnerai tous mes ordres pour les enfants d'Israël. » (Ex 25, 18-22).
Jésus est assimilé à la Présence de Dieu sous la tente et au Temple, donc à l'Arche d'alliance[37]. Or nous avons des épisodes vétéro-testamentaires[38] où, lorsqu'on s'approche de façon impure ou violente de l'Arche, on tombe à terre, on tombe malade ou on tombe mort. On le voit par exemple en Jn 18, 5-6. Au jardin, ils viennent prendre Jésus et « Il leur dit : “Je suis (égô éimi)”[39] » s'identifiant au Nom de Dieu révélé à Moïse. Nous avons ici une théophanie, une manifestation du Nom, c'est-à-dire une manifestation de la présence de Dieu en Jésus lui-même. Ce lieu théophanique est théophanique pour Jean et pour ses lecteurs. Il n'est pas théophanique pour les gens qui s'approchent. La manifestation en est qu'ils reculent, c'est-à-dire qu'ils sont rejetés en arrière, ils tombent à terre : c'est l'aspect négatif de la théophanie à la mesure où elle est manifestation du sacré et que le sacré se manifeste par le fait qu'il repousse celui qui s'en approche indûment[40].
● Jésus propitiatoire donc lieu de révélation d'après Rm 3, 25 (par J. Pierron)[41].
«23 Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu; 24 et ils sont ajustés (justifiés) gratuitement par sa grâce, par le moyen de la délivrance (rédemption) qui est en Jésus-Christ 25lui que Dieu a placé [comme] propitiation... »
En Rm 3, 25 Paul dit que le Christ a été établi notre propitiation. Certains traduisent mal en mettant "instrument de propitiation"[42]. Or le propitiatoire[43] est le lieu où la révélation de Dieu se fait. Rappelez-vous toujours que la grande question n'est pas “Qui est Dieu ? ” mais “Où est Dieu, où peut-on le rencontrer ? ”. C'est donc une très belle lecture que saint Paul fait de la puissance de Dieu révélée dans l'Évangile.
7) Suggestions pour une étude des anges.[44]
L'angélologie ouvre un programme immense. L'ampleur nous conduirait de l'ange du Seigneur qui apparaît dans les livres bibliques jusqu'à, par exemple, les substances séparées de la théologie médiévale. Cette théologie, dont la structure est de type aristotélicien, présente des traits communs à la théologie catholique de saint Thomas d'Aquin, à la théologie musulmane d'Averroès, et aussi à une théologie juive. Quel chemin entre ces deux usages ou ces deux conceptions à propos de ce que nous appelons l'ange ?
Là, il faudrait passer par l'ange dans le Nouveau Testament. On pourrait voir l'ange dans l'apocalyptique, pas simplement l'Apocalypse de Jean, mais le genre apocalyptique qui est aussi bien juif que chrétien[45]. C'est un genre intertestamentaire, qui se trouve donc dans les deux Testaments et entre les deux Testaments, dans des ouvrages apocryphes, en passant par le pseudo-Denys au VIe siècle, grand théoricien des cohortes, des hiérarchies des anges[46], etc. Donc tout cela fournirait un parcours très vaste parce que finalement il y a une très grande différence d'une pensée à l'autre. Nous ne serions pas forcément aidés par l'appel à l'iconographie qui a des sources quasi hiéroglyphiques, en prenant le mot dans un sens large. L'iconographie des anges est une lecture qui est tout à fait étrangère à notre mentalité[47].
● Les questions qu'on pose en général à propos des anges.
Un trait commun dans notre langage serait de remarquer que, à propos de l'ange, ce n'est pas la question de la fonction – à quoi servent-ils, qu'est-ce qu'ils font ? – qui apparaît, mais la question du statut ontologique : qui sont-ils, sont-ils des personnes, sont-ils des substances séparées au sens du Moyen Âge – séparées c'est-à-dire non liées à un corps ? Quel est leur statut ontologique par rapport à l'ontologie aristotélicienne qui régit tout notre discours : "qu'est-ce que c'est ?"[48] Et bien ces questions ne sont généralement pas du tout développées dans les sources. Bien sûr, elles ont été posées par la théologie occidentale de façon très abondante : est-ce que ce sont des aspects de la puissance divine, est-ce que ce sont des substances en elles-mêmes, est-ce que ce sont des substances créées ou incréées ? C'est toujours notre fameux problème d'Occident à partir du IIe siècle, qui est a-pertinent d'entrée pour pénétrer dans l'espace scripturaire. Cette question d'identification de l'ange quant à son statut ontologique est une chose dont la considération n'est pas postulée par nos textes. Il faudra dire pourquoi, ce n'est pas simplement négatif.
[1] Certains attribuent leur retour en vogue à l’ésotérisme New Age. Des films comme Les ailes du désir de Wim Wenders y sont aussi pour quelque chose.
[2] Son nom est mentionné Ac 17, 34. Mais Denys l'Aréopagite à qui on a attribué l'écriture de traités mystiques (en particulier Les Hiérarchies célestes) a vécu au Ve ou VIe siècle. (Voir note 46)
[3] Par exemple les Esséniens donnaient une grande importance aux êtres angéliques, c'est ce que font ressortir les écrits qoumrâniens et plusieurs apocalypses juives. Les Esséniens appelaient ces êtres angéliques élîm (dieux), pluriel du mot El (Dieu). ceci se trouve couramment dans les divers manuscrits de la mer Morte et ça n'implique aucune déviation quant à la croyance monothéiste fondamentale. Et il faut savoir que, jusqu'à la chute du Temple et la ruine de Jérusalem en 70 après JC, l'essénisme n'était pas considéré comme une secte juive marginale, mais comme l'une des trois sectes essentielles du monde juif avec le sadducéisme et le pharisaïsme.
[4] Cf. Gnose valentinienne : Lieux fondamentaux, angélologie, chambre nuptiale. Citations d'Extraits de Théodote..
[5] C'est leur noms qui disent cela : Raphaël = Dieu guérit (livre de Tobie), Gabriel = Dieu s'est montré fort (Dn 8,16 ; 9,21), Michel = Qui est comme Dieu ? (Dn 10,13-21 ; 12,1). Le suffixe El est le nom de Dieu.
[6] Cf. le II de la 2ème Partie avec le texte de saint Justin (message suivant).
[7] On peut remarquer aussi que chez saint Jean, Jésus est l'envoyé du Père, il dit les paroles du Père, donc il est en quelque sorte un ange (un messager). Mais la conception biblique de l'envoyé n'est pas la nôtre : « Chez nous il y a une distinction entre celui qui envoie et celui qui est envoyé. Or il faudrait voir que, chez saint Jean, cela est à situer dans un contexte où l'envoyé est de quelque manière assimilé à la personne de l'envoyant, donc dans un sens extrêmement fort. » (J-M Martin)
[8] Ce titre vient d'Isaïe 9,5 dans la traduction de la Septante : « Car un petit enfant nous est né, et un fils nous a été donné ; la principauté repose sur son épaule, et il est appelé de ce nom, l'Ange du grand conseil. Par lui j'amènerai la paix sur les princes, par lui la santé et la paix ». Par contre, dans le Texte Massorétique l'enfant reçoit 4 titres : « Et son nom est appelé : Merveilleux conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix ». Dans Démonstration de la prédication apostolique (§ 55), saint Irénée cite les deux formes de ce texte d'Isaïe, rattachant la 1ère à la délibération de Gn 1 : « (Isaïe) l'appelle "admirable conseiller" d'abord du Père. C'est par son conseil que le Père fait tout en commun avec lui, comme il est dit [...] "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance"... mais il est aussi notre conseiller demeurant avec nous, nous donnant des avis, sans nous faire violence comme nous, lui qui est cependant le Dieu fort. »
[9] « Si le terme générique pour tous les anges est malakhim (au pluriel), ce terme désigne aussi une catégorie parmi dix autres : les hayot (créature vivante), les ophanim (roues), les séraphim (les brûlants), les kéruvim (chérubins), les arélim (créature de lumière divine)… les malakhim (anges)…» (M-A Ouaknin, Mystères de la Kabbale p.153)
[10] Ils ont aussi la fonction de porteurs de Dieu, de son trône (le chérubin que Dieu chevauche en 2 S 22,11 et Ps 18,11 ; les chérubins des visions du trône d'Ezéchiel : Ez 1, 10…). Dans l'écriture d'un récit, les anges sont aussi les témoins des théophanies (voir plus loin au 3°), et représentent le ciel (cf le récit de Lc 2 en 2ème partie)
[12] C'est ainsi que Raphaël parle au moment où il se dévoile à Tobie : « J'ai été envoyé pour éprouver ta foi et Dieu m'envoya en même temps pour te guérir, ainsi que ta belle-fille Sarra. Je suis Raphaël, l'un des 7 Anges qui se tiennent toujours prêtes à pénétrer auprès de la gloire du Seigneur» (Livre de Tobie, 12, 13).
[13] « Qu'ils sont beaux, sur les montagnes, les pas du porteur de bonnes nouvelles, (mebasser) qui proclame la paix, qui annonce de bonnes nouvelles (mebasser) qui proclame le salut, qui dit à Sion: “Ton Dieu règne”. » (Is 52, 7). Dans la Septante le verbe euangélizesthaï traduit ordinairement le verbe hébraïque mebasser.
[14] Dieu « ordonnera pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies. Sur leurs mains ils te porteront, de peur que ton pied ne heurte contre la pierre » (Ps 91, 11). Cette fonction de gardien correspond à la première mention des chérubins qui se trouve en Gn 3, 24 : « Après avoir chassé l'homme, il (Dieu) posta, à l'est du jardin d'Eden, les chérubins et l'épée flamboyante qui tournoie, pour garder le chemin de l'arbre de la vie » et ici ils sont les gardiens du chemin des hommes. À noter l'épée n'est pas brandie par les chérubins, c'est un autre élément préposé à la garde du chemin de l'arbre de la vie. Mais aussi des anges interviennent dans des cas de danger : un ange arrête la main d'Abraham levée pour sacrifier son fils Isaac (Gn 22) ; un ange vient avertir Joseph dans son sommeil pour lui dire de fuir en Égypte (Mt 2)…
[15] En Lc 1,28 l'ange s'adresse en disant "Khairé" à Marie. Dans la tradition des Pères latins prise dans son ensemble, on a interprété ce verbe comme un simple "salut" en usage dans les relations sociales : « Ave Maria gratia plena (je te (vous) salue Marie, pleine de grâce) » En soi, le verbe "Khairé"(dans sa forme à l’impératif présent) est aussi utilisé en un tel sens. Par exemple, au moment de la Passion, la traduction correcte du mot "Khairé" est "Salut !", "je te salue", quand il est dit à Jésus : « Salut (khairé) roi des Juifs. » (Mt 27,29). Cependant, dans le cas de Lc 1,28, Khairé a un sens d'invitation à la Joie.
[16] Le a) est extrait du II – 5 d), le b) et le c) viennent des rencontres sur la prière (tag LA PRIÈRE).
[17] Par exemple les anges sont présents aux grands moments de la vie du Christ : naissance (Mt 1, 20 et 24 ; 2, 13 et 19 ; Lc 1, 26-38 ; 2, 9-15); tentation (Mt 4, 6 et 11 ; Mc 1, 13 ; Lc 4, 10) ; passion à Gethsémané (Mt 26, 53 ; Lc 22, 43) ; résurrection (Mt 28, 2 et 5 ; Lc 24, 4 et 23 ; Jn 20, 12), ascension (Ac 1, 10).
[18] Extrait de Marc 9, 2-10 ; La Transfiguration
[19] Cf le message : Fait et événement. La fonction du témoignage chez saint Jean.
[20] C'est lors du dialogue avec Nathanaël que Jésus évoque la figure de l'échelle de Jacob « Parce que je t'ai dit que je t'ai vu sous le figuier, tu crois. Tu verras des choses plus grandes. Amen, amen, je te le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant sur le fils de l'Homme. » (Jn 1, 50-51)
[21] Dans la kabbale juive aussi des anges sont des paroles. « Un des moments essentiels du rite hébraïque et de la méditation du kabbaliste est l'étude des textes de la Tora. Pendant l'étude, chaque lettre et chaque mot qui sont prononcés font naître des anges de la catégorie des séraphim […] C'est pour cette raison que, dans l'étude, il ne suffit pas de lire et de comprendre, mais de bien prononcer à haute et intelligible voix chaque lettre, dont le rôle de messager permet de relier l'homme étudiant avec les mondes supérieurs et de permettre à l'influx divin de descendre porté par les séraphim qui, comme les malakhim montent et descendent selon l'image de l'échelle de Jacob. » (Marc-Alain Ouaknin, Mystères de la kabbale p.155)
[22] Extrait d'une séance sur le "Je christique" à Saint-Bernard-de-Montparnasse, la fin venant du cycle Ciel-Terre. Pour comprendre ce dont il est question chez les valentiniens il faut être initié, ici ne sont donnés que des repères.
[23] J-M Martin fait peut-être allusion à la kabbale qui plonge ses racines dans le judaïsme ancien. En effet des spéculations prenaient appui sur Gn 1 (ma'asé bereshit), d'autres se rattachaient à la vision du Char divin dans Ézéchiel (ma'asé merkabâ), il y a eu des expériences extatiques (le « Paradis » où entrèrent quatre docteurs du Talmud), et toute une angélologie. J-M Martin fait parfois allusion à la "table des Séphirot", il l'a étudiée.
[24] Il y a un ajout venant d'ailleurs à propos de l'ange gardien.
[25] D'après la légende, en 1204 à Byzance, les croisés latins mettent la ville à sac, elle ne s'en relèvera pas. La veille de l'assaut, les seigneurs (qui sont théologiens) discutent du sexe des anges.
[26] Le mot encratite vient du grec enkratís qui signifie continent.
[27] « Cette distinction entre les anges mâles et les anges femelles a un sens puisque la distinction masculin-féminin est une polarisation aussi essentielle que ciel et terre, donc on la retrouve à tous les niveaux ; l'humanité dans son ensemble est féminine par rapport au Christ, c'est ce qui apparaît entre autres dans les Noces de Cana. Cf aussi Gnose valentinienne : Lieux fondamentaux, angélologie, chambre nuptiale. Citations d'Extraits de Théodote.
Il a été dit que Jésus lui-même avait le titre d'Ange. Comme le dit G. Stroumsa : « dans le Judaïsme de l'époque du deuxième Temple, certaines spéculations s'étaient développées autour du couple de l'Ange du Seigneur et de l'Esprit de Dieu ou Esprit Saint. » Ensuite Stroumsa donne des indices qui permettent de penser que « dans la conception elchasaïte... il s'agit d'un couple d'anges, l'un masculin, l'autre féminin, identifiés respectivement comme le Fils et l'Esprit Saint. Nous avons ici, en fait, une des toutes premières conceptins chrétiennes des personnes de la Trinité. » (Le couple de l'Ange et de l'Esprit, Revue Biblique 88, 1 (1981) 42-61)
[28] Paragraphe extrait de Lecture gnostique de la Samaritaine (Jn 4, 4-24) suivie des fragments d'Héracléon cités par Origène
[29] La notion d'ange gardien a beaucoup évolué au cours des siècles, de plus les Pères de l'église ont été partagés à son sujet. Le verset biblique de référence est : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car… leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. » (Mt 18, 10). Le Pape François a parlé des anges gardiens dans son homélie du 2 oct. 2014, jour de leur fête.
[30] À ce propos, J-M Martin a dit une fois que quelqu'un (une dame par exemple) qui invoque son ange gardien le fait de façon légitime.
[31] « La réalité, c'est le Christ. 18Ne vous laissez pas disqualifier par quelqu'un qui se complait dans l'humilité et le culte des anges, qui scrute dans ce qu'il a vu, gonflé en vain par son intelligence trop humaine…. » (Col 2). Mais, par exemple pour saint Justin, le culte des anges est légitime : « Nous croyons au Dieu très vrai, père de justice... Avec lui nous vénérons, nous adorons, nous honorons en esprit et en vérité le Fils venu d'auprès de lui, qui nous a donné ces enseignements, et l'armée des autres bons anges, qui l'escortent et qui lui ressemblent et l'Esprit prophétique » (Apol., 6, 1. 2.).
[32] Ce paragraphe est extrait en partie du I - 5 de la 2ème partie (les anges au tombeau vide). Sur l'origine des représentations du Tétramorphe (les quatre vivants), voir une étude très intéressante de Claude Lepage : http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_2002_num_146_1_22438.
[33] Le terme français chérubin n'est qu'une transcription de la forme plurielle hébraïque kerouvîm. Les traducteurs de la LXX ont eu recours au même procédé en transcrivant cheroubim, forme que l'on retrouve en Hébreux 9, 5, seule présence du terme dans le Nouveau Testament. Au I - 4, en Is 6, on verra aussi les séraphins (les brûlants, les ardents), seraphim en hébreu vient du verbe sâraph qui veut dire brûler. Dans l'imagerie populaire on représente les chérubins sous la forme de jeunes enfants joufflus et ailés aux cheveux bouclés
[34] Le mot hayôt (vivants) désigne la vie animale « pas animale au sens de bestiale, mais au sens de vie animée, y compris ce que nous appelons la vie humaine ». Les Septante ont traduit en grec par zôa « les Vivants ».
[35] Extrait de la session sur la Symbolique des éléments.
[36] Le premier paragraphe est extrait du I – 3 de la 2ème partie, la fin vient d'une autre session. J-M Martin interprétera la présence des deux anges au tombeau vide comme étant référée à l'Arche d'alliance. Il y a un ajout venant de Joseph Pierron.
[37] Il est même clairement identifié à l'Arche d'Alliance en Jn 20, comme le dit J-M Martin (voir la deuxième partie, I 3°). Il n'est pas le seul : : « À la fin du même évangile (celui de Jean), la vision qu'a Madeleine de deux anges, l'un à la tête et l'autre aux pieds du tombeau vide où Jésus a reposé, évoque pour tout Israélite pieu le propitiatoire : ce couvercle de l'arche où, entre les deux chérubins en adoration, la Shekinah du Dieu d'Israël s'est toujours manifestée. Et c'est encore ce que confirme la première épître du même Jean, disant que Jésus est devenu, par sa mort et sa résurrection, la propitiation pour nos péchés (1 Jn 2, 2) » (Louis Bouyer, Gnosis, Cerf 1988 p.49)
[38] 1 Samuel 5, 2-6 ; 1 Samuel 6, 19 ; 2 Samuel 6, 6-7 etc.
[39] Cela signifie aussi "C'est moi".
[40] Par exemple en Sam 2, 6-7 : « Lorsqu'ils furent arrivés à l'aire de Nacon, Uzza étendit la main vers l'arche de Dieu et la saisit, parce que les bœufs la faisaient pencher. La colère de YHWH s'enflamma contre Uzza, et Dieu le frappa sur place à cause de sa faute. Uzza mourut là, près de l'arche de Dieu. »
[41] Joseph Pierron décédé en 1999 était un ami de J-M Martin (Qui est Joseph Pierron ? Présentation suivie d'un psaume et de deux prières pour Noël). Ceci est extrait de la lecture de la lettre aux Romains qu'il faisait à Saint-Merry le 14/10/1990.
[42] Traductions de Rm 3, 25«Dieu l'a exposé, instrument de propitiation, moyennant la foi, par son propre sang» (BJ) ;«Car le projet de Dieu était que le Christ soit instrument de pardon, en son sang, par le moyen de la foi» (Bible de la liturgie) ; «C’est lui que Dieu a destiné à servir d’expiation par son sang, par le moyen de la foi» (TOB) ; «C'est lui que Dieu a destiné, par son sang, à être, pour ceux qui croiraient, victime propitiatoire»(Bible Segond) ; «C'est lui que Dieu s'est proposé de constituer en expiation, au moyen de la foi, par son sang» (Nouvelle Bible Segond) ; «Lequel (c'est lui que) Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang» (Darby). Le mot hilastérion de Rm 3, 25 est le même que celui qui se trouve en He 9, 5 «Au-dessus de l'arche étaient les chérubins de la gloire, couvrant de leur ombre le propitiatoire (hilastérion).»
[43] Le propitiatoire était le couvercle d'or massif qui recouvrait l’Arche d’Alliance. C'était le lieu où Dieu communiquait avec Moïse (Ex 25, 22), et d'après le Lévitique c'était le lieu des aspersions (Lv 16, 13-15). Le mot hébreu kapporet (propitiatoire) est un dérivé du verbe kapar traduit, bien souvent à tort, par "expier", mais le sens littéral est "couvrir", ce verbe ayant toujours Dieu comme sujet. C'est l'un des mots utilisés pour dire "pardonner" dans le sens de couvrir, recouvrir, cacher la faute. C'est entre autres de ce verbe kapar (couvrir) que vient le Yom Kippour, le jour du Grand Pardon.
[44] Extrait du cycle Ciel-Terre au Forum 104.
[45] J-M Martin a parfois parlé du Livre hébreu d’Hénoch (ou Hénoch III) également appelé Livre des Palais. C'est un texte de nature apocalyptique et angélologique. Il est considéré comme l’un des portiques de la Kabbale médiévale. « Cette version hébraïque de l'antique légende hénochienne, la seule conservée dans cette langue, a été éditée telle qu'elle nous a été transmise aux alentours du Ve siècle après J.C., mais son substrat, et même des séquences entières, sont beaucoup plus anciens et remontent au moins au premier siècle avant J.C. Je rappelle en passant que la version conservée en éthiopien ou I Hénoch remonte à un "original" araméen dont certaines parties datent du IIIe siècle avant l'ère commune, à savoir à une époque où le corpus vétérotestamentaire n'était pas encore complètement constitué. » (Charles Mopsik, http://jec2.chez.com/archange.htm)
[46] Le Pseudo-Denys a écrit Les Hiérarchies célestes. Avant lui on semble n'attacher que peu d'importance aux énumérations qu'on trouve chez Paul (pour Col 1 cf le II - 4) ou de l'A T. Voici les trois triades : 1) Séraphins, Chérubins, Trônes ; 2) Dominations, Vertus (Dunaméis), Puissances (Exousiai) ; 3) Principautés, Archanges, Anges. Hildegarde de Bingen (1098-1179), rapporte dans Scivias une série de visions relatives à la cour céleste qui forme une couronne autour de la lumière divine ; cette évocation est fondée sur la structure hiérarchique qu'on trouve chez le Pseudo-Denys.
[47] Ce qu'on peut noter c'est que dans la Bible elle-même les anges apparaissent sous forme humaine et n'ont pas d'ailes («Tobie sortit à la recherche de quelqu'un qui pourrait l'accompagner en Médie et qui connaîtrait bien le chemin. Dehors, il trouva l'ange Raphaël debout devant lui, mais il ne se douta pas que c'était un ange de Dieu.» Livre de Tobie 5, 4), mais les chérubins mêlent des traits humains à des traits animaux et ont des ailes. Les premières représentations chrétiennes que nous possédons d'anges sont des anges sans ailes, par exemple dans la catacombe de la Via latina.
[48] La question qui vient à la suite d'Aristote c'est "Qu'est-ce que c'est ?", la question chez saint Jean c'est "Où ?". C'est pourquoi J-M Martin parle souvent en termes d'espace (par exemple accéder à la région de la louange, cf le 2°). Sur cette différence : La question « Où ? » chez Jean. La distinction intelligible/sensible interdit une vraie symbolique.