Du bon usage des dogmes
Jean-Marie Martin est spécialiste de dogmatique, il parle souvent des dogmes pour les situer à leur juste place. Pour cela il explique d'abord en quoi consiste un dogme. Il prend l'exemple du dogme qui a été formulé contre l'arianisme, dogme où les mots de nature et personne posent problème. Tout à la fin il donne son propre parcours qui a commencé par 15 ans d'étude de saint Thomas d'Aquin !
Ce sujet est aussi abordé dans la session sur "Le sacré dans l'Evangile" dont la transcription figure sur le blog au tag SACRÉ.
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Du bon usage des dogmes
Qu'est-ce qu'un dogme[1] ?
Le mot de dogme n'est pas un mot de l'Écriture, on ne le trouve pas dans le Nouveau Testament. Il est courant au IIe siècle où il signifie l'opinion ou le système d'un penseur, d'un philosophe. Par exemple Apulée, de la ville de Madore, un auteur mineur du IIe siècle, a un petit opuscule qui s'intitule De dogmatae Platonis, Le dogme de Platon c'est-à-dire de la pensée de Platon, de la doctrine de Platon.
Il prendra un sens un peu déterminé avec le premier concile de Nicée, en 325. En effet le mot de dogme signifie aussi décret impérial, et on sait que le concile de Nicée est un concile convoqué par l'empereur – enfin, dans la fiction juridique, non, mais dans les faits historiques, oui – où se trouvera déterminé quelque chose de très essentiel.
Quel est le premier dogme ?
La question qui s'est cherchée et qui se pose ultimement pour ce premier dogme c'est : est-ce que le Christ est Dieu ? La question est suscitée par Arius, prêtre d'Alexandrie, pour qui Jésus n'est pas simplement un homme tout en n'étant pas vraiment Dieu. Par exemple, si on lit le premier verset de saint Jean : « Dans l'arkhê (au commencement) était le logos (le Verbe) et le logos était Dieu » ça ne nous fait pas problème, et pourtant ça a fait problème longtemps : en quel sens faut-il entendre « Il est Dieu » ?
Pour comprendre la question posée par Arius il faut savoir que se crée au cours du IIe siècle une pensée dominante qui est la pensée de la création. La notion de création, au sens où nous l'entendons aujourd'hui, n'est pas une doctrine véritablement néotestamentaire, mais elle a une grande faveur, un grand succès comme question au cours du IIe siècle à cause du Timée de Platon. Le Timée raconte la démiurgie, c'est-à-dire la fabrication du monde, et on croit voir un rapport entre la Genèse et cette lecture, un rapprochement est très souvent fait. Et on s'emploie à lire la Genèse à partir du Timée de Platon alors que la véritable lecture de la Genèse n'est pas une lecture créationniste.
Donc si ce qui devient répartiteur c'est la notion de différence entre créé et incréé, cela va reposer de façon rigoureuse la question de la divinité du Christ. Bien sûr le Nouveau Testament connaît la différence entre le créant et le créé, mais ce n'est pas tout à fait la même qu'entre le créé et l'incréé. La notion de création ex nihilo deviendra ensuite répartitrice de la pensée, et cela tout au long des siècles, et enfin elle deviendra la première répartition.
Si la pensée première du Nouveau Testament est la Résurrection, la pensée première de la théologie est le dieu créateur, ce qui est une défiguration de la structure fondamentale de l'Évangile, non pas que considérer Dieu comme créateur ce soit faux : rien n'est faux dans tout cela, et cependant tout est faussé structurellement par rapport à la pensée originelle.
Parenthèse sur le Credo.
Dans le Credo nous disons : « Je crois en Dieu le Père tout puissant créateur du ciel et de la terre…» mais :
– Père vient en premier. De qui venons-nous ? C'est “Père”
– Tout Puissant n'est pas un adjectif, c'est Pantokratôr, c'est-à-dire Seigneur, celui qui régit. Sous le régime de qui sommes-nous ? Du diabolos ? Non, du Pantokratôr.
– Et enfin, en troisième lieu seulement : Créateur du ciel et de la terre.
Autrement dit, ce qu'il en est de la création n'est pas le préalable minimal et plus simple, ce à partir de quoi il faudrait commencer.
La création, chez nous, est pensée comme enveloppant l'événement du Salut alors qu'il faudrait que nous apprenions à penser la création dans un sens tout à fait différent, c'est-à-dire la penser à partir de la Résurrection. C'est la Résurrection qui donne le sens de la création dans le Nouveau Testament et ceci est à l'envers de ce qui est advenu dans l'histoire de la théologie et de la dogmatique. Cela ne veut pas dire que ce qui est advenu soit faux, mais ça répondait à des questions missionnaires, c'était de la préoccupation de l'Occident.
Fin de la parenthèse.
Pour Arius le Christ est l'incarnation dans un homme du Logos qui est une grande première créature, c'est pourquoi le Credo devra préciser : « Il est Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu », c'est la raison pour laquelle le terme "vrai" est introduit dans le Credo issu du concile de Nicée, Credo qui est lui-même formé sur la base des Credo qui s'élaborent dans les Églises, des credo divers utilisés au cours des premiers siècles. Une autre précision sera donnée : il est « engendré, non pas créé, de même nature (homoousios) que le Père », voilà l'intervention du terme philosophique d'ousia (nature).
Il y avait nécessité pour ceux qui avaient la charge de la garde dans l'Église, de répondre à la question : est-ce que la pensée d'Arius est conforme à la pensée néotestamentaire ou bien non ? Et en vérité le dogme du concile de Nicée est quelque chose d'infiniment précieux : l'empire était presque devenu rien, et encore longtemps après, au cours du IVe siècle, l'arianisme aura de l'importance. Or c'est un point décisif, essentiel à la pensée christique, que le rapport Père / Fils et le rapport Christos / Pneuma, comme nous l'avons remarqué dans les quelques réflexions que nous avons faites ici même au cours des années précédentes. Donc ce dogme est un exercice du service de garde qui est des plus heureux, c'est véritablement un bienfait considérable.
En quel sens un dogme est-il irréformable ?
Je voulais dire une autre chose aussi à ce sujet, c'est que la dogmatique n'est pas faite en soi pour construire un système cohérent de pensée. La dogmatique est occasionnelle, c'est-à-dire qu'elle est occasionnée par le type de questions ou de suggestions que telle époque propose pour comprendre l'Évangile. Il est certain que les gens du IIIe siècle ne se posent pas les mêmes questions que les gens du XXe siècle.
Or on n'est pas suffisamment attentifs au fait que les mots n'ont de sens que par rapport à la question (à la quête) qui les porte. Donc le dogme est irréformable, oui, mais irréformable pour autant que la question demeure : Pierre (ou son successeur ou l'ensemble de l'épiscopat réuni) exerce un service de garde pour autant que dure la question.
Un dogme est toujours une réponse à une question, or ce qui bouge dans l'histoire de la pensée ce ne sont pas les réponses, ce sont les questions. Nous ne posons pas les mêmes questions qu'au IIe siècle, ni même qu'au XVIIIe siècle qui pourtant n'est pas loin. Nous ne posons pas les mêmes questions que celles qui se pensent à partir d'une structure de pensée qui est constituée par une langue autre que la nôtre (arabe ou extrême orientale…). Il faut prendre conscience de ces différences.
Donc il ne faudrait pas faire un monde catastrophique de la dogmatique catholique. La dogmatique est pour moi un grand instrument de liberté si elle est bien entendue. J'insiste sur ce point.
Tout le monde reconnaît que lire l'Écriture nécessite une certaine pratique de type interprétatif, de type exégétique. N'importe quel exégète dit qu'il y a une herméneutique, un mode d'interpréter. Si l'Écriture qui est parole de Dieu a besoin d'interprétation, les dogmes a fortiori. Ils ne sont pas à prendre au sens fondamentaliste, pas plus que l'Écriture, ce serait plutôt moins, ils seraient encore plus dignes d'être interprétés avec rigueur, critiqués au sens de "examinés critiquement", pas dénigrés. Rien n'est plus inutile et vain que de dénigrer la dogmatique, mais en revanche la connaître est très important parce que ça libère de beaucoup de pseudo-craintes, de pseudo-sentiments d'obligation.
L'usage de la notion de nature interdit la validité plénière du 1er dogme.
Qu'en est-il pour ce que dit le premier dogme ? Regardons par exemple ceci : « Il est de même nature (homoousios) que le Père » ? La notion de nature, bien qu'elle ait changé cinq ou six fois de sens depuis l'époque du Concile de Nicée, reste cependant quelque chose d'infiniment structurant de la pensée occidentale, c'est pourquoi le premier dogme reste irréformable.
Le mot de nature est l'un des mots les plus fondamentaux de la pensée occidentale mais évidemment il prend un sens différent suivant le contexte. Les mots prennent toujours sens dans un contexte, en général par rapport à un autre mot, donc ils sont considérés dans un couple.
Nous avons aujourd'hui le couple nature et culture et nous l'employons abondamment à tel point que j'hésite à employer le mot de culture pour désigner l'Occident. En effet, le mot de culture est compromis parce qu'il a sens chez nous par opposition à la notion de nature, mais la notion de nature n'est pas une notion biblique. Il faudrait donc trouver un autre mot que je n'ai pas trouvé encore pour dire ce qui concerne "le natif", c'est-à-dire l'état de la civilisation – mais civilisation n'est pas un mot meilleur – tout ce qui est impliqué par les structures d'une langue et l'organisation qui en découle et qui marque les différentes ethnies. Puisque l'Évangile n'est pas pour un peuple, il ne peut pas se conformer simplement à la structure d'une ethnie, et pourtant il est dans l'écriture d'une époque et d'une ethnie, dans une langue, une langue qui est d'ailleurs une langue mixte (un grec tardif mâtiné de structures sémitiques).
Donc le mot de nature prend un sens dans ce couple nature-culture, mais il prend un autre sens si j'oppose la ville et la campagne ; ou le naturel et l'artificiel ; nature et personne ; nature et surnature qui est une grande invention de la pensée théologique, etc. Donc c'est un mot qui glisse de sens comme tous les mots. Les mots durent plus longtemps que les questions qui les ont suscitées, donc leur sens se modifie, ce qui oblige à une finesse d'oreille : il faut avoir la fine oreille pour entendre un mot. Ce glissement perpétuel de sens, d'une certaine façon, interdit la validité plénière et totale d'une affirmation une bonne fois pour toutes.
Parenthèse : Contresens causés par l'utilisation du mot "nature".
Par exemple le dogme de l'Incarnation qui prend sa forme définitive après le concile de Chalcédoine (451) affirme qu'en Christ il y a une seule personne et deux natures (divine et humaine)[2]. Et alors la réalité du Christ, y compris la Résurrection, est impliquée par le mot d'Incarnation.
Ce concept théologique se distingue du concept scripturaire parce que dans l'Écriture, c'est le concept de Résurrection qui donne sens au concept d'Incarnation. Et la différence réside en particulier en ce que l'Incarnation est pensée à partir de la notion de nature conçue à la base comme étant une nature neutre ce qui permet ensuite de parler de nature divine et de nature humaine en les distinguant. Alors que dans les sources néotestamentaires, par exemple chez Paul en Ph 2, la distinction n'est pas entre la nature divine et la nature humaine, mais entre la christité et l'adamité, c'est-à-dire que le mot d'homme n'est jamais un concept neutre qui pourrait être caractérisé en péché ou en mal sous la forme adamique, et en bien ou en bon sous la forme christique.
Contresens causés par l'utilisation du mot "personne".
Le mot de personne lui aussi est dangereux car depuis son emploi conciliaire à Chalcédoine, il a changé au moins deux ou trois fois de sens et on continue cependant à dire « les trois personnes ». En particulier la signification que nous mettons spontanément dans ce mot[3] ne nous paraît pas traduire ce qui était visé lorsque le mot de personne a été introduit par les conciles. Que faut-il faire : rester fidèle à un mot au prix de tous ces contresens ou avoir la liberté à l'égard du mot pour repenser ce qui est en cause ? La question étant ainsi posée, pour notre part ici nous avons fait notre choix.
Par exemple le Père et le Fils chez Jean ne sont pas présentés en rapport de personnalité. En effet l'intention de Jean n'est pas de montrer que Jésus est conforme à l'idée que nous nous faisons de Dieu, tellement conforme qu'il en soit transparent et que c'est dans cette transparence qu'interviendrait le manque de "personnalité". L'intention de Jean est inverse : ce que nous voyons du Christ nous fait voir qui est Dieu. Et cela, c'est la merveilleuse réponse du Christ à la question du reste étonnante de Philippe (Jn 14, 9) : « Fais-nous voir le Père et cela suffit » ; à quoi le Christ répond : « Philippe, celui qui me voit, voit le Père ». Tout ce qui est en question, c'est de savoir si le Christ est ce qui nous permet de savoir quelque chose de Dieu.
Pourquoi y a-t-il des dogmes alors que l'Écriture n'est pas dogmatique ?
S'il y a des dogmes dans l'Église, ce n'est pas que l'Évangile serait dogmatique : son écriture n'est pas du tout dogmatique – il faudrait montrer en détail ce que ça signifie. Mais alors, pourquoi l'Église a-t-elle un discours dogmatique ? Parce que l'Occident est fondamentalement dogmatique, même quand il est anti-dogmatique. Le mot dogmatique a pris un sens négatif depuis assez longtemps (chez Montaigne, etc.) par opposition à une plus grande souplesse de sens, d'écoute. Il est devenu largement négatif, et cependant la structure de base de l'Occident demeure dogmatique.
En effet la base réputée de la pensée c'est la proposition, la proposition basique : un sujet, un verbe, un complément. Toute la logique aristotélicienne (et par suite toute la grammatique) est fondée, comme lieu minimal de réflexion, sur la structure du sujet, du verbe et du complément.
L'affirmation dogmatique est censée être valide et valable partout et toujours, ce qui est une grande infirmité par rapport à l'infinie souplesse de ce que peut véhiculer une langue (ou les articulations d'une langue). Ça exclut le poème, ça se distingue de la narration, de l'histoire etc.
Or l'Écriture n'est ni une dogmatique ni une histoire au sens occidental du terme (parce que ces distinctions vont ensemble). L'Écriture est même une réfutation de l'histoire : c'est l'avènement de l'eschaton (d'une nouveauté), et l'eschaton n'est pas contenu dans l'histoire.
Donc c'est au titre de la nécessité pastorale pour l'Occident que surgit quelque chose comme un dogme, mais un dogme ne vaut que par rapport à la question posée.
Un dogme tient dans la proposition principale d'une phrase.
Il y aurait beaucoup d'autres précisions à apporter, en particulier qu'un dogme ne tient jamais dans un discours d'une certaine longueur, il tient dans une phrase, et dans la proposition principale de la phrase : les incidentes ne sont pas "définies" dogmatiquement.
De même, il n'est pas "défini" que soient pertinents les textes allégués pour le prouver. Nous en avons des exemples : ainsi pour prouver censément qu'on peut connaître Dieu d'une façon naturelle, on a emprunté à Paul un passage du chapitre 1 des Romains, mais on en a fait une mauvaise lecture. Donc cette mauvaise lecture, je peux la dénoncer, je peux impunément dire : « C'est une mauvaise lecture des Romains », parce que l'argument sur lequel repose le dogme n'est pas "défini", lui, et ce quel que soit l'argument.
L'utilité des dogmes et leur limite.
Donc le service de garde est un service minimum on pourrait dire, mais de grande urgence. Il n'est l'égal de l'Écriture ni pour la structure ni pour le vocabulaire. Dans le cas présent du concile de Nicée il dit simplement qu'il n'est pas conforme à la Parole révélée de dire que Jésus n'est pas Dieu au sens vrai. Voilà ce que dit le concile de Nicée, point.
La plupart des dogmes essentiels sont en effet des choses très précieuses mais il faut bien savoir en user, bien savoir s'en servir.
► Là c'est une définition négative.
J-M M : Elle est négative, mais la condamnation peut ensuite se dire en langage positif, puisque « Il est Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père », là vous avez de l'affirmation.
Ce qu'il faut savoir justement à ce sujet, c'est que la négation d'une erreur ne me fait pas revenir à la plénitude de la vérité dont c'était l'erreur. Autrement dit il y a toujours plus dans l'Écriture que dans la dogmatique. S'approcher de l'Évangile ne peut pas se faire simplement par l'usage de la dogmatique.
La théologie dans les années 1950.
Or quand j'ai appris la théologie à Rome dans les années 50, on pouvait faire la théologie avec le Denzinger (le manuel qui contient les grandes définitions conciliaires et pontificales) sans ouvrir l'Écriture ou, si on ouvrait l'Écriture, on ne s'en servait que pour montrer qu'elle était bien conforme à ce que disaient les dogmes : c'est la procédure contraire de la véritable approche de l'Évangile !
D'ailleurs ce contraire peut aussi être très précieux : de nos jours, marquer la différence entre la dogmatique et l'Écriture n'est pas une polémique, c'est un travail précieux, un travail positif.
Faire autrement de la théologie.
Lors de mes études de théologie on se servait de l'Écriture plutôt comme d'un réservoir d'argumentation contre l'adversaire, ce qui faisait qu'on n'entendait jamais de bonne manière. L'Écriture n'était pas prise dans sa propre problématique mais elle était utilisée pour résoudre une autre question. Et j'ai su de très bonne heure qu'il fallait faire autrement.
► Ça vous est venue comment cette autre voie ?
J-M M : Cela concerne ma vie. On pourrait dire que, premièrement, j'ai vécu dans saint Thomas d'Aquin – on peut aussi habiter saint Thomas d'Aquin de façon intelligente – mais j'ai vécu dans saint Thomas d'Aquin de façon heureuse pendant 15 ans, donc connaissant bien les articulations fondamentales issues de la dogmatique. Ensuite j'ai été amené à travailler sur le IIe siècle en patristique où j'ai vu que structurellement ce n'était pas le même discours. Puis j'en suis venu à voir le IIe siècle en tant que lecteur de Jean et lecteur de Paul, donc je suis venu à l'Écriture (je ne suis pas bibliste de formation) en partant de la dogmatique, mais en en partant de bonne façon, pas de façon honteuse, en sachant qu'elle a sa fonction mais qu'il ne faut pas confondre la fonction de la dogmatique avec une authentique approche de ce qu'est la Parole révélée.
C'est complexe tout ça… Et puis dire ce qu'on a vécu pendant 60 ans dans la fréquentation de ces questions, résumer un chemin en deux mots, c'est difficile, mais j'ai essayé de répondre quand même à votre question.
[1] Cette première partie vient essentiellement du cycle "Maître disciple" au Forum 104. Les deux petites parties intitulées "parenthèses" ont été ajoutées.
[2] Il y a « un seul et même Christ Fils, Seigneur, Monogène (Fils unique), reconnu en deux natures sans confusion, sans mutation, sans division, sans séparation, la différence des natures n’étant nullement supprimée par l’union, mais plutôt les propriétés de chacune étant sauvegardées et réunies en une seule personne (prosôpon) et une seule hypostase. »
[3] Pour nous, la parole n'est pas une personne. La vie, ce n'est pas une personne. C'est ce qui rend si intéressantes et si difficiles des phrases comme « Je suis la vie ». On a la vie. Une personne ne peut pas dire « Je suis la vie ». Ce Je n'est pas une personne, mais la vie n'est pas simplement une idée ou un attribut. Ce n'est pas la notion de personne simplement qui est critiquée, c'est la répartition entre une personne et une idée : l'idée est attribuable, la personne est caractérisée depuis toujours par la philosophie comme n'étant pas attribuable à autre chose.