Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La christité
La christité
  • Ce blog contient les conférences et sessions animées par Jean-Marie Martin. Prêtre, théologien et philosophe, il connaît en profondeur les œuvres de saint Jean, de saint Paul et des gnostiques chrétiens du IIe siècle qu’il a passé sa vie à méditer.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 1 093 433
Archives
10 mai 2014

Jn 5, 17-21: le shabbat en débat. Les 7 jours et les 2 œuvres de Dieu (Gn 1)

Après l'introduction et la lecture de Jn 5, 17, J-M Martin établit la distinction entre d'une part l'œuvre créatrice de déposition des semences pendant les six premiers jours, et d'autre part l'œuvre de croissance du septième jour qui est aussi royale et judiciaire[1]. Le passage de saint Jean se termine sur le rapport du Père et du Fils, et sur le jugement.

  • Pour lire, télécharger, imprimer, c'est ici en fichier pdf :  Jn_5__17__21.

 

Jn 5, 17-21: le shabbat en débat

 

Le Nouveau Testament lit le début de la Genèse d'une façon absolument différente de ce que nous avons coutume d'entendre. Le chapitre 5 de l'évangile de Jean illustre cela.

1) Le contexte de Jn 5, 17-21. Le problème du verset 17.

Au début du chapitre 5 Jésus guérit un paralytique à la piscine de Béthesda, c'est un court récit de huit versets. Le développement du chapitre s'engage sur une autre voie en raison d'une circonstance qui n'apparaît pas auparavant, mais qui est notée ici et qui déclenche le reste :

Repos de Dieu lors de la création, église de Monreale

« 9Or c'était shabbat ce jour-là (le jour de la guérison). 10Alors les Judéens disent à celui qui a été guéri : "C'est shabbat et il ne t'est pas permis de porter ton brancard". 11Celui-ci leur répondit : "Celui qui m'a guéri, celui-là m'a dit : "Prends ton brancard et marche". »

Et au verset 17 Jésus répond aux Judéens sur cette problématique du shabbat.

 « Mon Père œuvre jusqu'à maintenant et moi aussi j'œuvre. » Œuvrer : ergon, c'est l'œuvre, un mot important : mon œuvre, c'est l'œuvre du Père. Ce que Jésus dit peut paraître étonnant puisqu'un jour de shabbat, « Dieu se repose (anapausis) » (Gn 2, 2 dans la version de la Septante grecque). Mais, justement, dans les premiers siècles on conteste volontiers cette traduction de anapausis par « il se repose » car cela laisserait entendre qu'il y a un Dieu qui se fatigue et qui donc a besoin de repos. Or c'est une chose qui n'est pas acceptable si on se place du point de vue du concept grec de Dieu. En effet le Dieu grec est immuable, in-nommable, incirconstancié, et on peut dire qu'il est infatigable. Cette formule d'anthropomorphisme « Dieu se repose » est donc refusée.

Pour une autre raison, on lit deux œuvres de Dieu en Gn 1 en traduisant anapausis par « il cesse (sous-entendu sa première œuvre) ». Il y a une première œuvre pendant six jours, le septième jour cette œuvre-là cesse, et commence l'autre œuvre.

 

2) La distinction de la volonté et de l'œuvre (du vouloir et du faire).

Pour comprendre cela, il faut d'abord nous référer à quelque chose de fondamental dans la structure de notre Écriture, qui est le rapport de la volonté (ou du vouloir) et de l'œuvre (ou du faire), entendus comme le rapport de la semence et du fruit[2]. Il y a un rapport entre la volonté et l'œuvre comme le dit Jésus : « Je suis venu pour faire la volonté de mon Père et accomplir son œuvre » (Jn 4, 34). Ce rapport s'exprime sous différentes formes : semence / fruit ; semence / corps accompli ; volonté / œuvre vouloir / faire ; caché / dévoilé (d'un dévoilement accomplissant)…

Ph 2, 13 : le vouloir et le faire.

Or dans le chapitre 2 de la lettre aux Philippiens, après le grand récit-hymne (v. 6 à 12) : « Lui qui étant image de Dieu…. »[3], vient l'affirmation suivante, tout à fait paulinienne : « car c'est Dieu qui donne le vouloir et le faire » (v. 13). Il y a donc deux moments, celui du vouloir et celui du faire, et faire, ici, n'est pas à mettre du côté de la pratique, car faire c'est "laisser advenir à fruit".

1 Cor 15, 35-38 : déposition des semences et croissance.

Voici un petit mot de confirmation chez Paul au chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens, chapitre tout entier consacré à méditer la Résurrection du Christ.

« 35Mais quelqu'un me dira : “Comment ressuscitent les morts ? Avec quel corps vont-ils ? 36Insensé, ce que tu sèmes n'est vivifié que s'il meurt – nous allons retrouver cela chez Jean au chapitre 12 : le grain de blé qui meurt pour ressusciter : cela dit autre chose que ce que ce que nous entendons spontanément – 37et ce que tu sèmes, ce n'est pas le corps qui deviendra, mais [tu sèmes] une semence nue, comme par exemple une semence de blé ou de quelque autre chose de ce genre – une semence nue : ceci est très curieux et très intéressant car le mot “nu” introduit un rapport subtil entre ce dont il est question ici et la symbolique du vêtement, je vous le signale simplement[4]  – 38et le Dieu lui donne le corps selon qu'il l'a voulu, et à chacune des semences, son propre corps. » On traduit souvent « le Dieu lui donne le corps qu'il veut ». Pas du tout : « Il lui donne le corps selon qu'il l'a voulu (selon sa semence)[5] » C'est la problématique d'un état germinal par rapport à un état accompli.

 

Nous avons donc ici, et c'est ce que nous trouvons chez saint Jean, deux moments :

– il y a le moment de déposition des semences avant le lancement du monde, où Dieu est à l'œuvre. Nous verrons que pour Jean il s'agit des six jours : six jours ne décrit aucune fabrication, mais la déposition interne de la volonté de Dieu entendue comme semence ;

– il y a le moment où la déposition des semences cesse (ce n'est pas “Dieu se repose”, c'est le verbe katapaueïn, cesser) et alors commence l'œuvre du septième jour (le septième jour dans lequel nous sommes) qui est l'œuvre de la croissance des semences. Ce que nous appelons le temps n'est autre que le septième jour qui correspond à la croissance des semences, selon que Dieu les a déposées dans le caché avant le lancement du monde.

 

► Tu dis qu'il y a une cohérence entre la semence et le corps. Donc à ce moment-là l'arbitraire  ("il fait selon qu'il l'a voulu") va se situer au moment de la semence ?

J-M M : Peut-être que pour l'instant nous n'entendons pas le mot semence au sens où il faut l'entendre. En effet, la semence qui est posée par Dieu, il faut l'entendre comme quelque chose que nous ne méditons pas assez, et que j'exprime habituellement maintenant sous la forme de l'avoir-à-être, mon avoir-à-être, ce que j'ai à être. Et d'ailleurs, pour méditer le temps, il faut tenter de penser l'avoir-à-être en référence à l'avoir-été.

L'avoir-à-être c'est aussi ce que nous entendons dans une autre expression qui est l'insu. En effet, la semence ne se voit pas, non seulement parce que c'est petit par rapport à la moisson, mais aussi parce que la semence se cache, s'enfouit, pour fructifier.

À chacun est donné un nom et un avoir-à-être. Cette semence, cette détermination, c'est notre semence la plus intime de laquelle nous naissons de seconde naissance, ce n'est pas la naissance de notre natif. C'est cela qui est naître de cette eau-là qui est le pneuma[6]. Là est donné notre nom, notre nom qui est notre essence intime et, par suite, notre avoir-à-être.

« Que ta volonté soit faite » signifie donc : que j'arrive au plus intime et au plus authentique de moi-même. Nous avons là une expression qui est souvent entendue dans un tout autre registre et avec une tout autre tonalité : « Pff... catastrophe, mais que ta volonté soit faite ». Mais pas du tout, la volonté de Dieu c'est mon désir le plus profond : « Parce que la volonté de Dieu est le plus authentique de mon avoir-à-être, que cela soit. »  Ceci donne un sens différent.

► Donc tout homme a en lui cette semence de Dieu ?

J-M M : Je pense qu'il faut dire que, en tant que tout homme est voulu de Dieu, il a en lui semence (ou parcelle) de christité qui est donc aussi semence (parcelle) de pneuma[7]. Le moment d'éveil de cette semence est certainement indécis et n'est pas mis à notre disposition, ou à notre regard certain. Le baptême est un repérage célébrant quelque chose qui est sans doute déjà éveillé. Il y a le moment absolument inerte de la semence et puis il y a l'éveil progressif.

Il y a un très beau texte, je crois que c'est dans Clément d'Alexandrie, dans les Homélies Protreptiques : «L'homme a en lui une étincelle (c'est la même chose que semence), survient le pneuma, il enflamme l'étincelle et chasse la cendre ». C'est magnifique ! [8]

Et quant à dire le moment du rapport de Dieu et de l'homme, ses moments et ses heures ne sont pas à notre disposition. Quand Jésus dit : «Ce jour ou cette heure, nul ne les connaît » (Mc 13, 32) c'est de cela qu'il parle.

 

3) La distinction des six jours et du septième jour.

Dans notre verset 17, c'est à propos du shabbat (qui est le septième jour de la semaine) que Jésus dit : « Mon Père œuvre jusqu'à maintenant et moi aussi j'œuvre. » C'est précisément ici l'œuvre de la croissance des semences jusqu'à l'eschaton, c'est-à-dire jusqu'à l'eschatologie. Le Christ œuvre, et l'œuvre qu'il fait, c'est l'œuvre même du Père : l'œuvre de la croissance est la fonction qui est remise au Christ pour qu'il soit honoré comme le Père. Nous ne sommes pas simplement comme dans un jour de la semaine, mais c'est toute notre histoire qui est ce septième jour.

Dieu dépose les semences pendant six jours, le septième jour cette œuvre-là cesse, et commence le moment de la croissance :

Dieu cessa la 1ère oeuvre au 7è jour– l'œuvre des six jours est lue comme l'œuvre de déposition des semences, c'est-à-dire comme désignant la "volonté voulue" du Père. En français le mot "volonté" dit le vouloir, mais dans l'expression « les dernières volontés » il désigne les choses voulues. Or nous sommes voulus, et en tant que voulus, nous avons là notre semence dans l'éternité même de Dieu. Nous sommes voulus et nommés. La volonté de Dieu désigne ce moment séminal de notre être, précède ce que nous appelons notre naissance. C'est ce qui est médité comme le moment du caché, et que le Nouveau Testament  appelle la volonté mais aussi l'appel (klêsis), là où se donne le nom.

– le septième jour cette œuvre-là cesse, et commence le moment de la croissance, c'est-à-dire le moment qui va de la semence à la moisson. En effet il s'agit de « porter beaucoup de fruits » (Jn 12, 24 ; Jn 15, 5…), c'est donc le moment eschatologique. C'est pour cela que le Père continûment œuvre. Il œuvre dans ce septième jour qui est l'ensemble de ce que nous appelons l'histoire de l'humanité. Nous sommes dans le septième jour[9], dans ce temps où se déploient les semences semées "avant le lancement du monde (pro katabolês kosmou)”.

Il y a deux opérations de Dieu : le Dieu qui pose la semence, et le Dieu qui fait croître la semence jusqu'à l'accomplissement. Autrement dit je ne suis pas dans la dépendance de Dieu simplement dans le fait d'avoir été posé, puisque le fait d'être tenu dans la vie et de croître dans la vie jusqu'à l'accomplissement est aussi un don de Dieu. Et ceci est un thème majeur chez Paul.

Œuvre créatrice et œuvre royale (ou judiciaire).

Cette lecture de la Genèse est attestée également chez Philon, un Juif d'Alexandrie qui a commenté la Bible hébraïque et qui est contemporain de Jésus. Philon interprète les six premiers jours comme la déposition de ce qu'il n'appelle pas des semences, mais des idées – influence platonicienne, sans doute, chez ce juif hellénisé – alors que le septième jour cesse cette déposition des idées et commence l'œuvre de la croissance.

Plus précisément Philon distingue l'œuvre créatrice (qui, pour nous, est la déposition des semences), et l'œuvre qu'il appelle royale (et qui, pour nous, est l'œuvre de fructification), Cette activité royale est, comme toujours chez les anciens, une activité judiciaire, donc une activité qui gère la mort et la vie : il est question de la croissance et de l'accomplissement de ce qui a été semé mais aussi de tri, de jugement. Chez saint Jean cette œuvre ne sera pas appelée royale mais judiciaire. Autrement dit c'est à propos du jugement, du discernement du mort et du vif, que cette question de la croissance et du périssement est à traiter. Nous le trouvons quelques versets plus loin : « 22Car le Père ne juge personne, il a remis tout jugement au Fils ».

 

4) Jn 5, 18-21 : le rapport Père/Fils ; le jugement.

C'est « le Père œuvre et moi aussi » qui va relancer l'affaire, cette espèce d'unité du Christ et du Père qui prend de l'importance dans la suite du chapitre.

« 18Pour cette raison supplémentaire les Juifs cherchaient à le mettre à mort, non seulement parce qu'il détruisait le shabbat, mais aussi parce qu'il disait Dieu son Père propre et qu'il se faisait égal à Dieu ». En effet, se faire égal à Dieu est la folie, la sottise et le péché. Or il appelle Dieu “mon Père”.

Jésus répond successivement à ces deux griefs. Du verset 19 au verset 30 il explique que le Père lui a remis l'œuvre de faire croître les semences. Et à partir du verset 30 il répond à l'autre grief de se faire égal à Dieu. L'essentiel de sa réponse est : je ne me fais pas égal à Dieu, c'est Dieu qui m'égale à lui. Il l'égale à lui par le beau témoignage « Tu es mon fils » ou, ce qui est la même chose, en le ressuscitant d'entre les morts. C'est le beau témoignage que le Père lui a rendu en le ressuscitant d'entre les morts qui se trouve dans les Actes des apôtres (Ac 13, 30-34). Nous en retrouvons l'équivalent ici.

 « 19Le Fils ne peut rien faire qu'il ne voit faire au Père, car ce que celui-ci fait, de même semblablement le Fils le fait. 20Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait et il montrera des œuvres plus grandes en sorte que vous serez étonnés. 21Comme le Père ressuscite les morts et les vivifie, ainsi le Fils vivifie qui il veut – c'est-à-dire selon la semence, selon la volonté. »

C'est le grand souci de l'évangile de Jean par rapport à ses interlocuteurs juifs que celui qui n'a pas le Fils n'a pas non plus le Père, ce qui est d'ailleurs une sorte de tautologie si on veut, puisqu'il n'y a pas de père sans fils : pour avoir le père comme père, il faut qu'il y ait un fils.

Ce qui nous intéresse d'abord, c'est cette petite phrase : « Le Fils ne peut rien faire qu'il ne voit faire au Père ». En effet il œuvre dans le septième jour, donc son œuvre est en même temps l'œuvre du Père. C'est une phrase qui m'a fait difficulté un jour. Il y a 40 ans dans une classe de quatrième où on lisait cette phrase, une élève a réagi ainsi : « conformiste, le mec ». Cela m'a donné beaucoup à penser. Comme toujours, les réflexions apparemment les plus sottes sont souvent les plus fructueuses. Il y a plusieurs réponses à cela : il faut resituer la signification de ce mot dans son contexte.

L'expression "choses plus grandes" qu'on a au verset 20 désigne la résurrection. Jésus parle des œuvres (erga) qu'accomplit sa parole et il annonce par là (par ce fait que le Christ est un parmi les hommes dans sa vie terrestre), l'œuvre plus grande qui est sa mort-résurrection. Le grand paradoxe est que la mort-résurrection du Christ est simultanément le salut de toute l'humanité, ce qui est concentré dans « Il est mort pour nos péchés », c'est-à-dire que sa mort a à voir avec la totalité de l'humanité : « Christos est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été enseveli et il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » (1 Cor 15, 3-4). Ceci est le cœur du Credo. Le foyer de tout l'Évangile réside là. Pour entendre l'Évangile il faut essayer d'entendre cela, rien avant et rien après, tout l'Évangile n'est que le déploiement de cela. Il en résulte que les choses multiples que je peux lire (qui ont l'apparence d'anecdotes, par exemple) n'ont de sens que comme le déploiement de ce qui est contenu dans cette annonce, dans ce kérygme.

« Car le Père aime le Fils ». Ceci dit une qualité de relation, c'est-à-dire l'unité de deux. Je rappelle que l'unité la plus haute se trouve dans le bon rapport de la dualité et non pas dans la solitude. Cette unité se dit sur le mode de phileïn ou agapan, les deux verbes grecs pour dire aimer, mais ça peut être aussi le verbe connaître car la distinction entre le cognitif et l'affectif ne fonctionne pas dans notre Nouveau Testament. Le verbe connaître dit quelque chose de profondément affectif, ce qu'on appelle couramment « connaître au sens biblique ». Les articulations spontanées de notre langue et de notre structure de pensée occidentale doivent être mises de côté pour entendre bien cela.

Ceci illustre la dernière chose que je disais à propos de la phrase de Paul : « Le Dieu lui donne le corps selon qu'il a voulu ». Nous avons ici une correspondance.

« 22Car le Père ne juge personne, il a remis tout jugement au Fils 23afin que tous vénèrent le Fils comme ils vénèrent le Père ».

Pourquoi y a-t-il le jugement dernier ? Est-ce que le jugement dernier distingue toi et moi ? Il passe plutôt au milieu de moi, c'est-à-dire qu'il discerne deux choses : ce qu'il y a de meurtrier dans ma vie pour le mettre à gauche, c'est-à-dire dehors (le lieu de la ténèbre extérieure car en Dieu il n'y a pas de ténèbre, il est lumière) ; et la part lumineuse qui est de moi. Est-ce que cela n'est pas conjecturable comme étant souhaitable à l'heure où cela est donné, mais conjecturable également comme étant donné à quiconque ? Vous voyez ce déplacement ? Je pense que l'Évangile nous pousse à entendre cela.

 


[1] Ceci est un extrait de la session Plus on est deux Plus on est un avec quelques ajouts, en particulier la distinction volonté / œuvre (2°).

[4] « Nous percevons le vêtement selon ce qui est dit par Jésus en saint Matthieu : « La vie est plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement » (Mt 6, 25). Or on lit par exemple dans l'Évangile de Philippe, ceci: « Dans le monde d'ici-bas, le corps est plus important que le vêtement, dans le monde à venir (dans le monde qui vient) le vêtement est plus important que le corps. » Par exemple Paul parle de “revêtir le Christ”, évidemment le Christ est plus important que ce qui est revêtu du Christ. Autrement dit, vous avez là une symbolique dans laquelle, pour le moins, le vêtement est un autre nom du corps mais dit le corps pleinement accompli. C'est ainsi qu'on lit dans l'évangile de Philippe (sentence 23) qu'un certain nombre de chrétiens sont effrayés, ayant peur de “ressusciter nus”. Ça paraît bizarre, oui, mais “nus” signifie restés à l'état de semence inerte – puisque la semence inerte est appelée ici nue – et non pas re-suscités avec le déploiement de la semence de christité qui est en eux. » (J-M Martin, retraite sur le Signe de croix, juillet 2010 à Nevers).

[5] « Dans « selon qu'il l'a voulu » le verbe est à l'aoriste ; cela renvoie à la délibération « Faisons l'homme à notre image » (Gn 1, 27) qui signifie pour les premiers chrétiens « Faisons le Christ qui est image du Dieu invisible » avec cette précision « mâle et femelle il les fit » car il s'agit du couple Christos / Ekklêsia comme le dit Paul en Ép 5. Donc vous avez cette parole initiale qui pose « l'homme en semence », c'est-à-dire à la fois l'Homme qui est Christos et l'Ekklêsia qui est la multitude des hommes. Les hommes sont convoqués à une communion, à un être ensemble, et ils sont appelés chacun simultanément de leur nom propre : tout cela est contenu dans la femelle qui est l'Ekklêsia. » (J-M Martin).

[7] Voir les messages du tag christité.

[8] « Cette semence élue, nous l'appelons aussi : étincelle ranimée par le Logos[…] Le sauveur, étant donc venu, a réveillé l'âme et enflammé l'étincelle […] Et après sa Résurrection, insufflant son esprit dans les Apôtres, de son souffle il chassait le limon comme cendre et le séparait, tandis qu'il enflammait l'étincelle et la vivifiait. » (Section A : 2, 3 et 3, 1-2 ; traduction F. Sagnard, Sources chrétiennes p. 55 et 58-59).                                     

[9] « Le septième jour est le jour dans lequel nous sommes. Toute la réalité de l'histoire humaine est dans le septième jour. Si bien que l'expression qui est fréquente chez Jean « je le ressusciterai au dernier jour » signifie « je commence à le ressusciter dans ce dernier jour dans lequel nous sommes ». (J-M Martin).

 

Commentaires