Différents sens du mot chair chez Paul et chez Jean ; Jn 3, 6 ; Rm 1, 1-4 ; Jn 1, 13-14
Voici quelques repères donnés par Jean-Marie Martin concernant l'emploi du mot chair chez nous, dans les cultures sémitiques, et chez Paul et Jean. Il parle en particulier de l'opposition chair-pneuma qui se trouve chez Paul et parfois chez Jean, ainsi que du double sens du mot de chair chez Jean. La deuxième partie comporte la lecture de textes de Paul et de Jean. Trois autres messages figurent sur ce thème : Jn 1, 13-14, le retournement du mot de chair. Quid de l'incarnation et de la création ? et L'opposition chair-pneuma. La crucifixion/résurrection du langage ; Les distinctions "corps / âme / esprit" ou "chair / psychê / pneuma" ; la distinction psychique et pneumatique (spirituel).
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Différents sens du mot chair chez Paul et chez Jean
Jn 3, 6 ; Rm 1, 1-4 ; Jn 1, 13-14
I) Le mot chair chez Paul et Jean
Voici quelques repères concernant l'emploi du mot chair chez nous, dans les cultures sémitiques, et chez Paul et Jean. Nous verrons en particulier l'opposition chair-pneuma qui se trouve chez Paul et parfois chez Jean, ainsi que le double sens du mot de chair chez Jean[1]. Dans une deuxième partie nous lirons des textes de Paul et de Jean.
1) Le mot de chair chez nous.
Chez nous le mot de chair peut désigner un élément du composé humain : la chair (ou le corps) et l'âme, la chair (ou le corps) et l'esprit. On peut dire le corps ou la chair d'une part et on peut dire l'âme ou l'esprit d'autre part, mais c'est toujours cette même division binaire d'éléments qui composent. Et la décomposition de ces éléments c'est la mort. Ceci c'est notre héritage occidental.
Par ailleurs, inutile de dire que dans la Bible le mot chair n'a jamais la connotation sexuelle qu'il peut avoir dans une formule comme "les péchés de la chair" ou quelque chose de ce genre. Je le dis parce que nous injectons aussi parfois cela dans notre lecture. Or dans la Bible il ne s'agit pas de cela, nous allons le voir.
2) Comment désigne-t-on l'homme dans les cultures de type sémitique ?
Voyons d'abord la façon de dire "je" (ou l'homme) sous un terme, puis la façon de dire l'homme sous deux termes.
a) Les façons de dire "je" sous un terme.
Pour se désigner lui-même, pour dire je, la totalité de je, l'homme peut dire « ma chair » : « ma chair » signifie « moi ». L'homme peut aussi dire « mon âme » « mon esprit » : ça signifie aussi « moi ».
Par exemple dans le Magnificat : « Mon âme glorifie le Seigneur, mon esprit (mon pneuma) exulte de joie en Dieu mon sauveur. »
Dans ce cas chair, âme, esprit (pneuma) ne sont pas des parties composantes, ce sont des aspects, des modalités pour dire moi. C'est à chaque fois la reprise de la totalité de l'homme sous un aspect, pas sous une partie. Cela est même plus général : l'expression "toute chair" désigne toute l'humanité.
En particulier « ma chair » c'est moi-même dans mon aspect de faiblesse.
Et ce que je viens de dire est reconnu par n'importe quel exégète, ce n'est pas une invention. Le malheur c'est qu'ensuite on n'en tient pas compte pour poursuivre.
b) Les expressions doubles.
Par exemple "la chair et l'os". Ainsi quand Adam découvre Êve : « Voici l'os de mes os, la chair de ma chair. » (Gn 2, 23). L'os est une façon de dire l'homme qui est différente de la chair car la connotation est différente. En effet l'os ça dit l'aspect solide de la vie d'abord parce que l'os est solide, et en plus parce que c'est plus ou moins réputé garder l'élément ressuscitable alors que la chair se corrompt : « Vos os refleuriront comme le gazon » (Isaïe 66, 14).
Une autre façon duelle de dire l'homme c'est « la chair et le sang ».
Tout ça rentre dans un certain nombre d'expressions qui disent la totalité sous une bipolarité, mais pas comme une dualité d'éléments. Vous avez par exemple : « le cœur et les reins » ; « le cœur et la bouche » c'est-à-dire l'intériorité et l'expression. Et aucun de ces mots ne désigne ce que nous appelons des organes qui seraient soient des parties intégrantes soient des parties composantes au sens ontologique du terme.
3) Chair et pneuma comme principes opposés chez Paul.
Voyons maintenant l'usage du mot de chair dans l'opposition chair et pneuma chez Paul (et parfois chez Jean).
Nous venons de voir que, dans la Bible, il y a des expressions doubles, mais il y a aussi des emplois de deux termes qui disent des principes opposés. Ainsi « chair et esprit (sarx et pneuma) » est l'exemple dominant chez saint Paul, et on le trouve aussi quelquefois chez saint Jean (par exemple en Jn 3, 6) :
– la chair désigne le mode "faible" de vivre soumis à la mort et au meurtre,
– le pneuma désigne un autre mode de vie qui est justement libéré et de la mort et du meurtre.
Donc chez Paul chair et pneuma ne sont pas deux parties composantes mais deux régions antagonistes, surtout quand chair et pneuma sont pris avec la préposition "selon (kata)" (kata sarx, kata pneuma), ou encore quand ils sont pris adjectivement (sarkikos, pneumatikos).
C'est pourquoi on distingue : « vivre selon la chair » ou « vivre selon le pneuma » :
– chair désigne le mode de vie de maintenant, ou l'espace dans lequel je vis maintenant,
– pneuma désigne l'espace de Résurrection qui est l'espace ouvert par l'accueil du monde qui vient.
Les mots chair et faiblesse sont synonymes. La faiblesse (asthénéia) de l'homme de ce monde-ci consiste en deux choses qui se tiennent : avoir à mourir et avoir à être meurtrier (ou excluant, ce qui est la même chose). Nous sommes dans un monde qui est régi par le prince de ce monde, le Satan, qui est lui-même le meurtre, qui est l'arkhê du meurtre et de la mort. Mort, péché et meurtre sont des dénominations du prince de ce monde. C'est ce qui règne, c'est ce qui régit. Nous sommes asservis à mourir.
4) Chez Jean le mot chair désigne parfois la nouveauté christique.
Chez Paul le mot de chair désigne la condition corruptible de l'homme. Et le mot de corps est plutôt sauvé par Paul puisqu'il désigne l'accomplissement : il peut être pris en mauvaise part dans l'expression "corps de péché" et en bonne part quand il s'agit du "corps christique". Le mot chair est toujours pris en négatif chez Paul alors que chez Jean il peut aussi avoir un sens positif (c'est assez rare).
Chez Jean le mot chair est très souvent synonyme de la faiblesse dont nous avons parlée, le mode faible de vivre en étant soumis à la mort et au meurtre, mais parfois il est assumé dans la perspective même de la nouveauté christique.
Une petite difficulté peut surgir ici car le Christ en tant que tel n'est pas assujetti à la mort de ce monde-ci. Mais chez Jean les mots monde, chair, psuchêsont susceptibles d'être retournés de façon christique (pas chez Paul) les mots de Jean sont susceptibles d'être "baptisés", oints, susceptibles d'être trempés de christité.
Par exemple le mot psuchê a un sens faible, négatif, mais chez jean, ce mot a la capacité de signifier le christique dans la faiblesse, c'est pourquoi ce qui est troublé dans le Christ c'est sa psuchê : « Maintenant ma psuchê est troublée » (Jn 12, 27). De même cosmos (monde) a presque toujours un sens négatif chez Jean, cependant il peut désigner les siens qui sont "dans" le monde (mais qui ne sont pas "du" monde). Ainsi "ma psuchê" désigne le Christ en tant que dans ce monde.
Et nous verrons que le mot chair change de sens entre les versets 13 et 14 du Prologue de l'évangile de Jean.
5) "Ceci est mon corps, ceci est mon sang".
Le « Ceci est mon corps… ceci est mon sang » (Mt 26, 26-28), à l'origine devait être « Ceci est ma chair, ceci est mon sang » que garde Jean dans l'expression : « Qui mange ma chair et boit mon sang » (Jn 6, 56) parce que « chair et sang » est une expression sémitique qui désigne l'homme, nous l'avons vu précédemment, alors que l'expression « corps et sang » n'existe pas dans l'Ancien Testament, et d'ailleurs le mot corps est peu important en hébreu.
L'expression « la chair et le sang » ne fait que redoubler la faiblesse qu'il y a dans le mot chair parce que ça marque la séparabilité. L'expression "les sangs" désigne le meurtre, c'est le sang répandu. On pourrait dire que s'opère dans le Christ le dénouement ou le dénouage, le déliement des mal noués, des mal attachés : l'homme christique est corps et sang, cependant ce sang qui coule est le pneuma, c'est-à-dire non plus la psuchê (l'âme) fragile mais le solide. Je fais allusion ici à l'écoulement d'eau et sang qui a lieu à partir du Christ sur la croix, avec aussi la remise du pneuma (Jn 19, 30 et 34). Au fond l'Eucharistie mime et accomplit quelque chose comme une mort qui est la mort christique mais qui est la mort saisie dans la vie de résurrection.
Prenons maintenant des textes chez Jean et chez Paul.
II) Trois textes très courts
1) Le verset 6 du chapitre 3 de l'évangile de Jean.
« Ce qui est né de la chair est chair; ce qui est né du pneuma est pneuma » (Jn 3, 6),
Cela signifie qu'on ne passe pas de la chair au pneuma (ou du pneuma à la chair), ce qui ouvre la coexistence pour maintenant des deux choses. C'est le principe de la semence qui a été énoncé par Jésus par exemple dans « un bon arbre porte de bons fruits et un mauvais arbre de mauvais fruits » (Mt 7, 17) et qui a pour sens : le fruit est déterminé par la semence. En effet, si je sème des petits pois je ne m'attends pas à recueillir des lentilles. Cela désigne une sorte d'identité.
2) L'incipit de l'épître aux Romains de saint Paul.
« 1Paul, serviteur du Christ Jésus, apôtre par appel et mis à part pour l'Évangile de Dieu, (…) 3au sujet de son Fils, celui qui est devenu (tou génoménou) de la semence (ek spermatos) de David selon la chair,4et déterminé Fils de Dieu avec puissance selon un pneuma sacré (l'Esprit Saint), à partir de la résurrection d'entre les morts, Jésus Christ Notre Seigneur. »
Paul se dit serviteur du Christ pour l'Évangile de Dieu, et cet Évangile est « au sujet de son Fils ». De ce Fils il est dit deux choses : il est de la semence de David selon la chair, et il est Fils de Dieu selon le pneuma. Nous comprenons en général que selon son humanité il est fils de David et que son l'Esprit divin, il est Fils de Dieu, qu'il y a en lui la chair et l'esprit. Or ce n'est pas du tout ce que dit le texte car chez Paul, nous l'avons vu, chair et pneuma ne sont pas deux parties composantes mais deux régions antagonistes.
« De la semence de David selon la chair. »
Mais alors, de quelle faiblesse s'agit-il à propos du Christ ? Non pas de la sienne mais de celle de ceux qui le regardent : c'est d'un point de vue charnel qu'il est de la semence de David alors que du point de vue du pneuma il est Fils de Dieu. Donc selon la chair et selon le pneuma disent non pas deux parties composantes mais deux regards portés sur lui.
L'expression "fils de David" ici est donc considérée "selon la chair" c'est-à-dire selon la lecture juive qui entend l'expression simplement dans le sens d'une descendance. Mais attention, cette expression peut être assumée aussi en plénitude de sens, au sens de Messie, par exemple quand on relate la célébration des Rameaux où on crie "Hosannah au fils de David". Quand nous reprenons cette acclamation, nous la prenons dans une signification pleine.
Il faut travailler sur ces expressions qui viennent de l'Ancien Testament. Par exemple, à propos de la manne, un passage de Paul dira que c'était la nourriture pneumatique (spirituelle), et puis Jean au chapitre 6, dira que le pain qu'ont mangé vos pères dans le dessert n'était pas le pain du ciel.
Il faut bien voir que l'écriture du Nouveau Testament est un travail sur les Écritures c'est-à-dire sur le texte que nous appelons l'Ancien Testament et que, à chaque fois, c'est un travail difficile, car il y a une référence aux Écritures puisque tout est "selon les Écritures " mais d'autre part l'Évangile est la dénonciation de la lecture des Écritures comme loi. Donc il faut être très attentif à l'attitude, rien n'est fait d'avance. Lire ce n'est pas appliquer des recettes, lire c'est être à l'opportunité du texte, à son écriture, à son mouvement, à sa saison.
« Déterminé (établi) Fils de Dieu en puissance selon un pneuma de consécration (Pneuma Hagion), à partir de (par) la résurrection d'entre les morts. » Ceci est constant : tout se pense à partir de la résurrection des morts. Aussi quand vous parlez de spiritualité, quand je ne sais pas ce dont vous parlez, je fais recours à moi-même : pour moi je sais que je n'emploie pas le mot spiritualité autrement qu'en référence à « l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts. Autrement dit, toute donation de vie nouvelle est extension de la résurrection du Christ, de la christité.
3) Les versets 13 et 14 du Prologue de l'évangile de Jean.
Je vous rappelle qu'il y a des différences entre
– notre usage du mot de chair,
– l'usage d'un point de vue culturel sémitique du mot de chair,
– et enfin l'assumation du mot de chair dans la perspective même de la nouveauté christique.
Il faut bien mesurer ces différences.
a) Le mot de chair dans le verset 14.
« Et le Logos fut chair et il a habité en nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire comme du Monogénês (Fils un) d'auprès du Père, plein de grâce et vérité. »
On pourrait voir que le sens de tous les mots de ce verset 14 est suspendu à l'expérience de résurrection, au terme de "gloire". Évidemment le mot de chair est lui-même suspendu ici au mot de gloire, c'est-à-dire qu'il est à mettre en rapport. Mais il ne faut surtout pas le faire dans un rapport hâtif qui serait une simple opposition (il y a la chair, il y a la gloire) car au contraire, ces mots-là (la chair et la gloire) sont dans le verset 14 des mots synonymes.
Ce que nous pouvons dire dans l'usage qui en est fait ici (« Et le Verbe s'est fait chair ») c'est que la chair continue à désigner la totalité du Christ et non pas une partie composante, mais la totalité du Christ sous son aspect de faiblesse. Or l'aspect de faiblesse du Christ est le lieu où se joue le mystère de toute force c'est-à-dire que le Christ assume librement la faiblesse et n'est donc pas dans la servitude de l'avoir à mourir ni dans la servitude d'être meurtrier : « Entrant librement dans sa passion (dans son pâtir) » comme nous disons dans la liturgie.
Alors lorsque le mot chair est employé à propos du Christ, la chair désigne l'être christique dans sa totalité en tant qu'acquiesçant librement à la mort. C'est, nous le savons, ce qui retourne la signification de la mort qui, par définition même, perd son aspect de servitude, d'avoir nécessairement à mourir, assume dans la liberté la mort, et en fait donc une mort pour la vie, c'est-à-dire une mort dans laquelle la résurrection est inscrite. C'est pourquoi la résurrection du Christ peut être célébrée à la croix : son mode de mourir comporte en lui la résurrection.
Et c'est pourquoi saint Jean place la diffusion de l'Esprit (du Pneuma) aussi bien à la croix (« Il livra le pneuma » 19, 30) qu'ensuite lorsqu'il rencontre ses disciples et les insuffle (20, 22).
En effet la remise du pneuma est le ruissellement des deux fluides qui signifient le pneuma à savoir l'eau et le sang, à la croix, c'est le ruissellement de la vie dans le lieu même de la croix. Ceci se trouve dans le texte nous avons étudié l'an dernier[2] : « Car il y en a trois qui rendent témoignage : l'eau, le sang et le pneuma, et ces trois sont pour dire un seul. » (1 Jn 5, 8). Ici je ne peux faire qu'allusion à cela.
b) Un couteau traverse le mot de chair entre les versets 13 et 14 du Prologue.
Mais ici se joue quelque chose d'essentiel parce que le mot de chair vient d'être prononcé de façon négative au verset 13 tandis qu'il est assumé au verset 14 : « 13Ceux qui ne sont pas nés des sangs ni de la volonté de la chair ni de la volonté du mâle mais qui sont nés de Dieu. 14Et le Logos fut chair… »
Une première remarque très importante ici pour la lecture de Jean à propos de « ceux qui ». Quand nous lisons « ceux qui… ceux qui… » (ou « si quelqu'un… ne pas… ») comme ici « ceux qui sont nés de la chair et du sang » et « ceux qui sont nés de Dieu », il ne s'agit pas d'un partitif entre des individus, comme s'il y avait des individus qui seraient nés de la chair et du sang et d'autres individus qui seraient nés du pneuma. Chaque individu a l'aspect sous lequel il est né de la chair et du sang, et il a aussi l'aspect sous lequel il est né du pneuma. Ce n'est pas une opposition entre des individus mais une répartition entre des modes d'être homme.
Il s'agit dans ce verset 13 de commémorer la naissance première de nous tous qui sommes « nés des sangs, de la volonté de la chair et de la volonté du mâle », et de mettre cela en rapport avec le fait de « naître à partir du pneuma de résurrection » qui est « naître de Dieu ». « Ceux qui sont nés des sangs… » désigne la naissance qui est première dans l'apparition par rapport à nous, mais qui en fait est seconde par rapport à la semence initiale qui est la semence de résurrection. Nous sommes créés pas du tout d'avoir été fabriqués, nous sommes créés d'être de toute éternité "voulus", et ce vouloir de Dieu est notre première semence[3].
Il y a donc un rapport subtil entre les versets 13 et 14, et c'est sans doute à l'intérieur de ce mot même de chair que se joue tout le mystère pascal.
Ici nous avons une énigme majeure : quel geste sacrificiel, quel couteau traverse ce mot chair pour que, de la signification absolument négative qu'il a au verset 13, il surgisse comme disant l'égal de la résurrection au verset 14 ? Et cela se joue entre les versets 13 et 14.
[1] Ce textes provient de plusieurs sessions, en particulier de la session "Plus on est deux, plus on est un" au Forum 104 (tag PLUS 2 PLUS 1)et de la session sur le Prologue à Saint-Jean de Sixt. Ici l'étude met l'accent plus sur le mot chair que sur le mot pneuma, un autre message présentera le mot pneuma.
[2] C'était la session qui avait pour thème "La symbolique des éléments : eau, sang et pneuma".
[3] Voir le message Caché/dévoilé, semence/fruit, sperma/corps, volonté/œuvre....